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Interview Rencontre

Anne Robert: « La croissance n’est pas la solution à la pauvreté »

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Anne Robert: « La croissance n’est pas la solution à la pauvreté » | business-magazine.mu

Ancienne journaliste, Anne Robert s’est reconvertie dans la protection de l’environnement. Elle fait une sensibilisation sur la nécessité d’une décroissance pour freiner la détérioration de l’environnement.

BUSINESSMAG. On parle ces jours-ci de la décroissance comme alternative au désastre environnemental dans le monde. Qu’en est-il ?

Avant de parler de décroissance, il faut accepter l’idée qu’il peut y avoir des limites à la croissance. Si on prend un exemple de croissance de 2 % par an comme les organismes internationaux le suggèrent, en 35 ans, on aura doublé la taille de l’économie, la consommation de métaux, la consommation de pétrole, la consommation de ressources alimentaires et la population. Bref, on aura doublé tout ce qui est utilisation de ressources sur la planète qui sont limitées.

La croissance nous mène vers l’utilisation de ressour-ces exponentielles, alors qu’elle a des limites. Il faut peut-être sortir de sa tête l’idée qu’il faut de la croissance absolument et revenir à la réalité  sociale et matérielle des choses : l’économie est une activité où l’utilisation de ressources rares répond aux besoins illimités des gens. L’être humain a des besoins illimités alors que les ressources sont limitées. Il faut voir comment on va produire, consommer et puis recycler ce qui correspond aux besoins humains dans le cadre des limites de la planète.

BUSINESSMAG. Cette démarche n’est-elle pas un non-sens face aux impératifs du développement et aux objectifs d’une société de consommation ?

On est certainement dans une logique où on est en surconsommation dans les pays riches et il y a une très grande partie de la population qui est dans des modes de sous-consommation car elle n’arrive pas à subvenir à ses besoins les plus élémentaires. La logique économique qui est celle de subvenir à nos besoins passe par une réflexion relative à comment subvenir aux besoins des pays pauvres. Est-ce qu’on appelle cela croissance, est-ce qu’on appelle cela développement ? On va oublier les chiffres, on va oublier les modèles macro-économiques qui nous mènent dans une logique de toujours plus, on va réfléchir aux besoins et on peut se rendre compte, par exemple, dans un pays comme Madagascar qui a des ressources naturelles, que la question n’est pas de savoir si on va les utiliser plus, si on va les utiliser mieux, mais de réfléchir pour voir quels sont nos besoins et comment mieux les utiliser. Certainement, dans les pays riches, cela passerait par une réduction du mode de vie et dans les pays pauvres par un réaménagement des modes de vie, une répartition des richesses, un nouveau mode d’organisation sociale pour répondre aux besoins de la population. Mais cela passe en tout cas, peu importe le pays, par une logique démographique. L’être humain ne peut pas continuer à se développer. Le nombre d’êtres humains sur la planète doit connaître une limite.Il faut penser à faire moins d’enfants, en fait.
C’est une logique malthusienne qui revient à l’ordre du jour pour sauve-garder notre civilisation...

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