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Interview Rencontre

David Anderson (CEO, Sun Limited): «Nous avons des difficultés à recruter de nouveaux talents»

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David Anderson (CEO

Depuis la mise en œuvre de son plan d’action, Sun Limited, qui était dans une fâcheuse position financière, redresse la barre graduellement, souligne son CEO. David Anderson estime que la stratégie commerciale du groupe ne devrait pas tarder à porter ses fruits.

BUSINESSMAG. Voilà quelques mois que vous occupez le poste de CEO de Sun Limited. Comment se positionne le groupe hôtelier ?

Depuis mon arrivée ici, j’ai rencontré des équipes fières de faire partie de cette grande famille qu’est Sun Limited. Nos employés ont un grand sens de l’hospitalité et du service et contribuent depuis plus de 40 ans à l’excellence de la destination.

Nos hôtels ont chacun leur propre identité : La Pirogue, Sugar Beach, Long Beach et Ambre. Ces hôtels ont de magnifiques emplacements sur les côtes ouest et est de Maurice. La restructuration de Sun Limited en quatre pôles distincts – Hotel Management, Centralised Services, Asset Management et Real Estate – permet d’élargir et de diversifier nos activités. Comme avec Wash Right, notre service de buanderie industrielle est de plus en plus sollicité par d’autres marques d’hôtels tout comme notre centrale d’achats.

BUSINESSMAG. Depuis 2011, Sun Limited rencontre de sérieuses difficultés financières. La situation s’améliore-t-elle ?

Sun Limited a connu une période difficile financièrement ces dernières années, mais avec le plan d’action à long terme mis en place depuis 2014, la situation s’améliore peu à peu. Nous avons enregistré une augmentation du chiffre d’affaires de 5 % comparé aux neuf mois de l’année dernière. Nous avons également enregistré une augmentation de 11 % au niveau des profits. Néanmoins, nous avons eu des «one-cost projects» assez conséquents sur cette période de neuf mois de l’année dernière. Par exemple, le rebranding de Sun, mais les rénovations de Kanuhura Island Resort & Spa aux Maldives, du Touessrok et de Four Seasons à Maurice ont coûté Rs 407 millions. Cela a évidemment eu un impact sur nos résultats financiers.

BUSINESSMAG. En 2014, votre prédécesseur, Philippe Cassis, avait mis en place toute une stratégie pour redresser la situation financière. Comptez-vous poursuivre cette stratégie ?

La politique que mon prédécesseur avait mise en place était celle d’une stratégie basée sur le volume. Dans la phase que traversait Sun Limited, cette stratégie était appropriée. Aujourd’hui, cette stratégie de volume doit évoluer. Et donc, nous concentrons tous nos efforts sur une politique de yield management, une politique de segmentation, de catégorisation de chambres, d’optimisation de saisons à Maurice, afin que le chiffre d’affaires de chaque hôtel augmente.

Cette stratégie qui a déjà été mise en place devrait générer des profits dans l’année financière se terminant en 2016-17. Nous estimons qu’à partir d’octobre 2016, nous serons en mesure de récolter les premiers fruits de cette nouvelle phase de notre politique commerciale.

Cette politique s’accompagne d’objectifs ambitieux. Ainsi, pour l’année financière 2016-2017, nous espérons enregistrer une augmentation de 27 % de notre chiffre d’affaires. Et nous avons aussi l’ouverture de Kanuhura Island Resort & Spa aux Maldives en décembre 2016 qui contribuera largement à la croissance des revenus de Sun Limited.

BUSINESSMAG. Le marché de l’hôtellerie est hautement compétitif. Comment le groupe compte-t-il se démarquer de ses compétiteurs ?

Nos investissements prévus pour 2016-2017 sont orientés sur des segments à fort potentiel tels que le digital avec, entre autres, le lancement de notre nouveau site web en fin d’année et d’une application mobile. Le digital est l’une de nos priorités pour cette période 2016-2017. Nos clients pourront ainsi avoir une expérience en ligne aboutie via le Sun App et avoir une relation privilégiée avec nos équipes.

Le MICE (Meetings, Incentives, Conferences and Exhibitions) est également un autre segment dans lequel nous allons nous investir avec un renforcement des équipes et une nouvelle approche. C’est un secteur que je connais particulièrement car j’y opérais avant. Je souhaite pouvoir faire bénéficier de mon expertise.

BUSINESSMAG. Le partenariat avec Shangri-La figure dans ce plan de redressement. Comment est-il appelé à évoluer ?

Chez Sun Limited, nous croyons fortement dans ces partenariats établis avec les grandes marques internationales de l’hôtellerie cinq-étoiles. Ces partenariats apportent visibilité et notoriété non seulement pour Sun, mais aussi pour la destination Maurice et offrent l’opportunité d’être exposé à de nouvelles méthodes de formation et d’autres cultures. Par exemple, plusieurs employés de Touessrok ont eu le privilège d’être formés dans d’autres hôtels du groupe Shangri-La à l’étranger. À leur retour, leur expertise n’en sera que plus bénéfique pour la destination.

Vu que 50 % des hôtels de Shangri-La se trouvent en Asie, ce partenariat nous offre la possibilité d’avoir une belle ouverture sur ce continent. C’est également le même principe avec Four Seasons qui avec un des meilleurs prix moyens de l’île attire une clientèle à fort pouvoir d’achat. Ce qui est bénéfique – encore une fois – pas uniquement pour l’hôtel, mais aussi pour l’île Maurice.

BUSINESSMAG. Après quelques mois passés au pays, quel regard portez-vous sur l’industrie touristique mauricienne?

L’île est magnifique et l’hôtellerie mauricienne est à la hauteur de sa réputation. Les initiatives prises par le gouvernement, notamment le Mauritius 365, le couloir aérien et les différents partenariats avec les lignes aériennes sont très positifs pour la destination.

BUSINESSMAG. Le gouvernement mauricien mise beaucoup sur le marché chinois. Que pensez-vous de ce nouveau marché et d’autres marchés émergents ?

Chez Sun Limited, le marché chinois représente entre 8 et 10% de notre segmentation. Nous souhaitons renforcer notre image en Chine et peut-être même avoir une structure basée là-bas.

Quant à nos opérations dans nos hôtels, notre site web sera bientôt disponible en mandarin. Puis, nous avons des employés dans nos hôtels qui maîtrisent la langue chinoise. Car nous devons nous adapter à cette clientèle chinoise, qui est différente et exigeante. Notre offre «Food and beverage» est adaptée à la clientèle chinoise. Au niveau des opérations, nous faisons tout pour mieux répondre aux attentes de cette clientèle.

Par ailleurs, le gouvernement souhaite se défaire de la basse saison. Il faut savoir que ce marché asiatique pourrait répondre à cette problématique.

BUSINESSMAG. Récemment, Grégory de Clerck, ex-Chairman de l’Ahrim, avait avancé que le secteur hôtelier fait face à un manque de main-d’œuvre qualifiée. Partagez-vous cet avis ?

Effectivement, nous rencontrons des difficultés à recruter de nouveaux talents dans le secteur hôtelier. Nous devons nous réinventer pour montrer aux jeunes toutes les perspectives que peut offrir l’hôtellerie. S’ouvrir aux partenariats avec des marques internationales permet de belles opportunités. Par exemple, le nouveau directeur général de Four Seasons at Anahita a fait toute sa carrière à l’étranger, soit au George V à Paris. Il est revenu au pays pour diriger cet hôtel d’exception. C’est un exemple pour les jeunes Mauriciens.

BUSINESSMAG. Dans quelle mesure est-il important pour le pays de renforcer ses dispositifs de sécurité pour parer aux attaques terroristes et rassurer sa clientèle touristique ?

Effectivement, c’est extrêmement important que la sécurité soit maintenue. D’ailleurs, Maurice est connue dans le monde dans étant une destination sécurisée. Il est primordial que les autorités fassent tout pour garder et préserver cette situation stable.

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