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Interview Rencontre

DEV SUNNASY – «LA SURVIE DES PME PASSE PAR LA COLLABORATION»

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DEV SUNNASY(CEO D’ENTERPRISE DATA SERVICES)

Déjà lourdement impacté par le premier confinement, le secteur des Petites et Moyennes Entreprises (PME) est à nouveau plongé dans la tourmente. Ancien Président de la Mauritius Information & Technology Industry Association, CEO d’Entreprise Data Services et Expert d’Economie Digitale, Dev Sunnasy, effectue un tour d’horizon de ce secteur en difficulté.

Quel pourrait être l’impact de ce reconfinement sur les PME ?

Selon moi, il y a deux choses à prendre en considération. Premièrement, il faut souligner l’escalade des prix associés aux matières premières. En effet, les devises étrangères, notamment le dollar et l’euro, ne cessent de s’apprécier face à la roupie mauricienne, ce qui contribue à une hausse du coût de fret. De ce fait, la compétitivité des PME face aux grands groupes industriels se retrouve nettement à la baisse.

Par la suite, il faut savoir que le marché de la clientèle est également en train de se rétrécir. Quelques semaines de cela, j’ai fait une réunion avec des représentants de PME de Beau-Bassin/Rose-Hill et je dois dire que ces entrepreneurs souffrent déjà. La situation étant déjà alarmante avec les travaux de Metro Express, il y en a qui ont fermé boutique et plusieurs autres devraient également leur emboîter le pas dans les mois, voire les semaines à venir.

La priorité des PME est de vendre pour pouvoir payer les salaires des employés, mais si elles n’arrivent pas à vendre, comment voulez-vous qu’elles puissent survivre ? Pour ma part, il y a quelque temps, j’ai proposé une certaine forme de discrimination positive de la part du gouvernement envers les PME en ce qui concerne les achats de l’État. Cependant, jusqu’à présent, je n’ai vu aucune mesure de ce type se concrétiser.

Les PME contribuent à hauteur de 40 % du PIB et emploient environ 50 % de la main-d’œuvre. Pourtant, il y a un sentiment qu’elles sont négligées. Vos commentaires ?

Il faut savoir que ce chiffre de 40 % est un vieux chiffre qui n’a pas été actualisé.

Dans un rapport, la Chambre de commerce et d’industrie avait estimé ce chiffre à 35 % en 2008, mais je suis d’avis qu’il doit être à moins de 30 % aujourd’hui.

Au niveau de l’emploi, il y a beaucoup de fermetures de petites et moyennes entreprises, avec des licenciements massifs dans certains cas. Encore une fois, je pense que l’État ne prend pas ses responsabilités pour faire grandir ce secteur et ainsi absorber une partie du chômage. C’est une question de volonté politique aussi bien que d’expérience et de compétences, mais il y a définitivement un bug dans le système et je ne vois pas d’amélioration dans un proche avenir.

Les entrepreneurs sont montés au créneau ces derniers jours pour soutenir qu’il y a un traitement de deux poids, deux mesures sur l’octroi des Work Access Permits. Pourquoi la voix des PME semble être moins entendue ?

Tout dépend de ceux qui sont en train de négocier au nom des PME. À ma connaissance, il n’y a pas vraiment
de véritables organisations qui le font pour l’intérêt des petites et moyennes entreprises. Je n’ai rien contre Business

Mauritius, mais je ne pense pas que c’est cette organisation qui devrait négocier les Work Access Permits pour les PME. Avec un possible conflit d’intérêts, c’est forcément les plus grands qui vont être privilégiés. Est-ce que Business Mauritius serait contente que ce chiffre supposé de 40 % du PIB passe à 60 %, par exemple ? Beaucoup
se plaignent, mais ce sont toujours les mêmes qui sont privilégiés.

Pour surmonter leurs problèmes de trésorerie, les PME doivent avoir un accès plus facile au crédit. Quel message voulez-vous faire passer aux banques privées et autres établissements de crédit ?

Si je ne me trompe pas, il faut une garantie pour pouvoir prendre un crédit aujourd’hui. Puisque ce n’est pas donné à tous les entrepreneurs de pouvoir fournir une garantie, ne devrait-on pas trouver un moyen pour enlever ces barrières d’accès pour les petites et moyennes entreprises ? De l’autre côté, l’État a contribué au Wage
Assistance Scheme pendant plusieurs mois pour le secteur de l’hôtellerie. Cependant, ce sont essentiellement les grands groupes de l’hôtellerie qui ont bénéficié de cette aide financière. Tous les autres secteurs périphériques liés au domaine du tourisme n’ont pas vraiment reçu une aide financière conséquente, et c’est un souci majeur.

La suite dans Businessmag 1483 – du 24 au 30 mars 2021 

** En vente même durant le confinement dans les supermarchés !

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