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Interview Rencontre

Eric Dorchies: « Aquarelle vise une croissance de 20 % en 2013»

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Eric Dorchies: « Aquarelle vise une croissance de 20 % en 2013» | business-magazine.mu

Le groupe célèbre ses 20 ans ce mois-ci. Aquarelle, déjà présent à Maurice, à Madagascar, en Inde et au Bangladesh, projette d’implanter ses opérations dans un pays proche de la Chine.

BUSINESSMAG. Quelle est la vision du groupe pour les prochaines années ?

Nous envisageons, à long terme, de nous développer en différentes zones géographiques pour accompagner le processus de globalisation de nos clients. L’économie, en Europe, est en berne et risque de le rester pendant longtemps. Le marché américain est relativement saturé du côté de la distribution. Les grandes marques internationales avec lesquelles nous travaillons se tournent désormais vers les nouvelles zones de développement, comme la Chine, l’Asie du Sud-Est, l’Inde – même si ce n’est pas facile de développer ce marché – l’Amérique latine et l’Afrique. Notre vision est d’accompagner nos clients au cours de ce processus.

Depuis cinq ans déjà, nous avons développé un positionnement stratégique international avec des investissements à Maurice, à Madagascar, en Inde et au Bangladesh. L’idée était de développer un axe centré sur le sous-continent indien qui se présente comme une alternative à la Chine. Tous nos clients achètent en Chine depuis de nombreuses années. Avec les coûts de production chinois qui sont en hausse, nos clients sont à la recherche d’une vraie alternative. Nous nous sommes positionnés dans le sous-continent indien, ce qui représente une offre très attractive et complète.

Dans les cinq ans à venir, nous allons poursuivre dans cette voie, car il y a un gros potentiel de croissance sur cet axe. De plus, les marchés émergents représentent une nouvelle opportunité avec de grandes perspectives. En étant présent en Inde, nous avons fait une excellente pénétration sur le marché indien et nous nous sommes rendu compte du besoin de nos clients en termes d’accompagnement dans leur processus de globalisation. Par exemple, pour Levi’s,  nous confectionnons 700 000 chemises par an qui sont vendues uniquement sur le marché indien, sans compter notre production pour le marché international.

Les marchés émergents commencent à devenir conséquents. L’avantage, c’est qu’ils ont une croissance économique régulière, avec d’excellentes perspectives sur les vingt à trente prochaines années, contrairement à l’Europe et les Etats-Unis qui sont maintenant des marchés stagnants.

BUSINESSMAG. Comment se répartit actuellement votre production ?

Nous produisons environ 25 % à Maurice, 25 % à Madagascar, 40 % en Inde et 10 % au Bangladesh.

BUSINESSMAG. Et comment évolue la répartition des marchés dans le contexte de la montée en puissance des marchés émergents ?

Notre production est vendue à 45 % en Europe, 30 % aux Etats-Unis, 13 % en Inde et 12 % en Afrique du Sud. Cette répartition a beaucoup évolué puisqu’il y a cinq ans, le marché européen représentait 70 % de notre production et les Etats-Unis 30 %. Nous avons développé les marchés sud-africain et indien, qui sont des marchés d’avenir. L’Inde, avec ses quelque 1 milliard d’habitants, représente un énorme potentiel. Le pays se développe et la consommation augmente. La situation actuelle de l’Inde me fait penser à l’Europe après-guerre, avec l’émergence d’une classe moyenne, mais sur une base de population autrement plus importante. Nous avons commencé à fournir le marché indien il y a cinq ans, avec succès, et finalement, on ne fait qu’accompagner la croissance dans ce pays.

BUSINESSMAG. Financièrement, comment se porte le groupe Aquarelle ?

Il a réalisé un chiffre d’affaires de Rs 4,3 milliards pour l’exercice 2012/2013, ce qui représente plus de 50 % du chiffre d’affaires de Ciel Textile. Nous envisageons une croissance de 20 % sur les douze mois à venir et nous devrions franchir la barre de Rs 5 milliards de chiffre d’affaires.

BUSINESSMAG. Une croissance de 20 %, n’est-ce pas un rêve par les temps qui courent ?

Il faut être ambitieux pour avancer ! Pour Aquarelle, c’est possible, parce que depuis cinq - six ans, nous avons beaucoup investi. Nous avons développé notre production en Inde et au Bangladesh. Nous avons transformé New Island Clothing en Laguna Mauritius. Nous avons mis en place la production de chemises pour femmes sous la division Pastel Bleu et nous comptons également développer ce produit en Inde dans trois ans.

Nous avons beaucoup semé et aujourd’hui, nous commençons à récolter les fruits de nos efforts. Ces dernières années, le groupe Aquarelle s’est recentré sur la chemise casual. Les entreprises Laguna Mauritius et Laguna India sont orientées vers la chemise de ville et Pastel Bleu vers des chemises pour femmes. Nous avons développé trois équipes spécialisées dans leur famille de produits respective et, parallèlement, nous nous sommes internationalisés. Nous allons renforcer ces deux axes de développement à l’avenir et nous prévoyons une croissance soutenue sur les prochaines années.

BUSINESSMAG. Vous aviez déjà évoqué la possibilité d’investir au Myanmar. Ce projet est-il toujours d’actualité ?

Le prochain gros investissement envisagé est d’installer une usine près de la Chine dans l’objectif de fournir nos clients qui se développent sur le marché chinois et les pays du Sud-Est asiatique. Nous n’irons pas en Chine parce que les coûts de production sont en hausse. Nous explorons actuellement différents pays proches de la Chine, à l’exemple du Myanmar, du Cambodge, du Vietnam, de l’Indonésie ou des Philippines, dans l’optique de démarrer la production dans environ trois ans. Dans un premier temps, nous envisageons de lancer une ligne de production de chemises casual et ensuite, nous déclinerons nos autres produits.

BUSINESSMAG. Quel est l’avenir d’Aquarelle à Maurice, où vous produisez désormais plus de 25 % de votre production totale ?

À Maurice, nous avons notre usine de tissu, Consolidated Fabrics Ltd, et des opérations de production avec trois usines à Rose-Hill (Laguna Mauritius), Grand-Bois et Surinam. Nos trois unités de production à Maurice sont orientées à 95 % vers le marché américain. L’expansion des opérations basées localement dépendra avant tout de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) qui doit être renouvelée dans deux ans. Si l’AGOA est renouvelée, nous avons déjà établi un plan de développement pour Laguna Mauritius, Maurice étant une très bonne base pour le marché américain.

BUSINESSMAG. Pour le textile local en général, la croissance future se trouvera-t-elle plutôt dans les marchés émergents ou la zone euro va-t-elle montrer des signes de reprise ?

Je ne pense pas que le marché européen va connaître une reprise pour le textile. Nous pensons que la zone euro, dans les dix ans à venir, sera, au mieux, stable. Le marché américain reste une priorité pour nous à travers nos opérations basées à Maurice. Celui de l’Afrique du Sud joue également, depuis peu, un rôle critique pour nous, mais aussi pour tous les autres opérateurs textiles mauriciens. Il y a d’ailleurs des entreprises mauriciennes qui travaillent à présent à 100 % avec le marché sud-africain.

BUSINESSMAG. Vous avez développé les chemises « Non Iron »? Quelles sont les opportunités pour ce type de produit ?

Sur le marché américain, 70 % des chemises de ville sont Non Iron. Le marché du Non Iron est compliqué sur le plan technologique, et il n’y a d’ailleurs que trois gros fournisseurs au monde, tous basés en Chine. Le groupe Aquarelle a réussi à mettre en place cette technologie, à travers sa division Laguna Mauritius, et à prendre ses premières commandes d’essai avec des clients américains. Par conséquent, nous redéployons Laguna Mauritius et nous emploierons 200 à 300 personnes de plus pour accroître la capacité de production de 2 000 à 4 000 pièces par jour d’ici à la fin de l’année. À terme, nous devrions être capables de produire beaucoup plus, dépendant du renouvellement ou non de l’AGOA. Depuis début 2013, on a fourni plusieurs commandes de chemises Non Iron et les clients sont satisfaits.

Nous prévoyons d’ailleurs de transférer cette technologie en Inde, pour fournir le marché européen à partir de ce pays, mais aussi afin de fournir le marché indien lui-même. On peut également envisager de fournir le Japon à partir de l’Inde. Confiner toutes les opérations à Maurice, c’est rester contraint à l’éloignement. Par contre, une fois que nous sommes présents sur le marché international, des perspectives énormes s’ouvrent à nous.

BUSINESSMAG. Quelle est la tendance actuelle sur le marché du textile ?

Il y a deux éléments importants sur le marché du textile aujourd’hui: la compétitivité et le prix, puis la rapidité, puisque les consommateurs ont moins d’argent et que la demande reste volatile. Les distributeurs de marques doivent se réapprovisionner rapidement en cours de saison et ont besoin de réactivité pour les accompagner.

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