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Interview Rencontre

Jean Michel Offe : «Maurice n’est pas le seul à se positionner sur le marché chinois»

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Jean Michel Offe : «Maurice n’est pas le seul à se positionner sur le marché chinois» | business-magazine.mu

Comprendre le comportement des touristes chinois est essentiel si l’on veut proposer des prestations adaptées à leurs attentes, insiste l’Executive Vice President de Shangri-La, qui était récemment de passage à Maurice.

BUSINESSMAG. Le marché touristique chinois est en pleine croissance. Comment devrait-il influencer l’industrie mondiale du tourisme ?

Le marché chinois connaît le même phénomène que le marché japonais il y a 25 ans. En 2024, il y aura des millions de passeports en Chine. Autrement dit, il y aura un nombre grandissant de Chinois qui partent en vacances. C’est la raison pour laquelle à travers le monde, on accorde une grande importance à ce marché. Or, pour capter cette clientèle touristique, il est essentiel de cerner ses attentes et son comportement. La langue demeure une grande barrière car très peu de Chinois maîtrisent l’anglais. Il faut former le personnel des hôtels pour accueillir les touristes chinois.

BUSINESSMAG. L’Asie est le terrain de chasse de Shangri-La. Comment vous positionnez-vous sur ce marché ?

Nous disposons d’un important portfolio en Asie. Notre performance est principalement tributaire de la Chine. Ces deux dernières années, la Chine a dû faire face à des mesures d’austérité, imposées par le gouvernement chinois, principalement sur les produits de luxe. Bien sûr, nous nous sommes retrouvés dans l’obligation de nous adapter à ce nouvel environnement des affaires. Il était nécessaire de venir avec de nouvelles stratégies, de nouveaux plans de marketing, entre autres. 2014 a été une année très difficile pour Shangri-La, voire pour l’industrie touristique chinoise, en général.

Aujourd’hui, l’environnement des affaires en Asie montre des signes encourageants. Shangri-La a réalisé une très bonne performance en Chine. En Asie du Sud-Est, notre deuxième plus grand marché, nous enregistrons de très belles performances. Hong Kong demeure le marché le plus difficile en raison du climat d’instabilité ayant prévalu au dernier trimestre de 2014. 2015 s’annonce une bien meilleure année que 2014.

BUSINESSMAG. Shangri-La compte-t-il étendre son influence en Asie ?

Nous limiterons notre expansion en Asie. Pour la simple raison que Shangri-La est présent dans presque toutes les villes d’Asie, à l’exception de la Corée et du Viêt Nam. Dans ces villes, Shangri-La possède un hôtel cinq-étoiles. En Malaisie et aux Philippines, nous possédons des hôtels de villégiature (resort hotels). Nous nous penchons sur la possibilité d’ouvrir des hôtels en Corée et au Viêt Nam. Nous avons récemment décroché un contrat de gestion au Cambodge. Nous couvrons donc entièrement l’Asie du Sud-Est.

BUSINESSMAG. Après avoir fait ses preuves en Asie, Shangri-La est à la conquête de nouveaux marchés hors de ce continent. Pouvez-vous nous donner plus de détails sur votre stratégie ?

Shangri-La a une stratégie bien précise : celle d’être présente sur tous les marchés prisés par les Chinois. Il est très important pour Shangri-La d’avoir au moins un hôtel dans ces destinations qu’affectionnent les Chinois. Nous comprenons très bien le profil du touriste chinois et quelles sont les villes qu’il prise pour le shopping.

Dans l’immédiat, nous essayons de positionner Shangri-La dans le Moyen-Orient. Avant la fin de cette année, nous projetons d’ouvrir un hôtel au Qatar. Nous sommes aussi sur le point de signer un contrat de gestion à Djeddah. Autre pays que nous ciblons : le Sri Lanka. Nous prévoyons d’ouvrir un hôtel à Hambantota en début d’année prochaine et un autre à Colombo, dans deux ans.

Sri Lanka s’inscrit également dans la stratégie d’expansion de Shangri-La. Le pays est très bien situé entre le Moyen-Orient, mais aussi entre Maurice et les Maldives. Nous ne sommes pas très présents en Amérique du Nord. Nous sommes à la recherche d’opportunités dans les villes américaines suivantes : New York, Chicago, Los Angeles et Miami. Concernant l’Europe, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne sont les marchés que nous prospectons. En Afrique, nous développons un hôtel au Ghana.

BUSINESSMAG. Quel est le potentiel réel du marché chinois pour Maurice?

Le marché chinois commence à s’ouvrir à Maurice. Pour preuve, il existe désormais des vols directs de Shanghai ou encore de Beijing à destination de Maurice. Cela indique clairement que les Chinois s’intéressent à la destination mauricienne.

Toutefois, il faut savoir que le concept de grandes vacances est tout nouveau pour les Chinois, qui sont connus comme étant des bourreaux du travail. Ils ne prennent des vacances que deux fois l’an, à savoir lors de la Golden Week en octobre et de la fête du Printemps en février. Chez la jeune génération – celle baptisée génération Y– ce concept de vacances commence à prendre forme.

Les Chinois ne sont, par ailleurs, pas friands du soleil. Ils aiment nager, mais détestent le soleil. Si Maurice désire attirer plus de touristes chinois, c’est un point sur lequel les autorités mauriciennes doivent sérieusement se pencher. Le concept des trois ‘S’ (Sun, Sea and Sand) ne suffira pas. Il faut réfléchir et développer des attractions susceptibles d’attirer les Chinois. Ces derniers aiment le shopping, les séances de photos et la haute gastronomie. Il est important que les hôtels mauriciens proposent des offres adaptées à ce type de touriste.

De même, il est essentiel que le gouvernement travaille avec les hôteliers sur la question. Maurice n’est pas le seul à faire des efforts pour attirer davantage les Chinois. Non loin de vous, il y a aussi les Maldives qui ciblent le marché chinois.

BUSINESSMAG. Les autorités veulent faire de Maurice une destination cinq-étoiles. Votre avis sur la question ?

Quelle est la définition d’un cinq-étoiles pour les autorités locales ? L’essentiel est de créer une expérience à la mauricienne. Il faut que les touristes viennent à Maurice pour vivre et goûter à l’expérience mauricienne. Les plages, la canne à sucre, les fruits de mer, la chaleur des gens, ce sont les atouts que vantent les tour-opérateurs pour vendre Maurice à l’étranger. Il doit y avoir une synchronisation, une coordination entre le gouvernement mauricien et les hôteliers pour s’assurer que cette image de Maurice, vendue à l’étranger, coïncide avec la réalité.

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