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Interview Rencontre

(MADAGASCAR) – Andriatsira Rakotoarisoa – «Les pierres synthétiques inondent le marché malgache»

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(MADAGASCAR) - Andriatsira Rakotoarisoa - «Les pierres synthétiques inondent le marché malgache» | business-magazine.mu

Madagascar fait partie des principaux pays producteurs et exportateurs de pierres précieuses à l’échelle de l’Afrique, observe le président du Comité national des mines. Il a récemment dirigé une délégation à l’India Rough Gemstones Show à Jaipur.

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BUSINESS MAGAZINE. Quel bilan faites-vous du Salon des mines de Jaipur qui a vu la participation d’opérateurs malgaches ?

La tenue du salon dédié spécialement aux gemmes de Madagascar à Jaipur en Inde avec des professionnels malagasy, et qui s’intitulait India Rough Gemstonesshow, est le résultat des correspondances et de contacts entre les représentants du ministère chargé des Mines, le ministère de l’Industrie et du Commerce du gouvernement indien, l’organisme de promotion commerciale des gemmes en Inde Gem & Jewellery Promotion Council, et l’ambassade de l’Inde à Madagascar. 

Madagascar jouit d’une reconnaissance mondiale, car elle possède un énorme potentiel en pierres précieuses et pierres fines. Actuellement, il fait partie des principaux pays producteurs et exportateurs des gemmes dans la région africaine. On peut pratiquement y trouver tous les matériaux gemmes existants dans le monde, à l’exception du diamant. Ce qui nous amène à confirmer que la disponibilité en qualité et en variétés sur le marché mondial en matière de gemmes en provenance de Madagascar pourrait satisfaire en partie la demande en matériaux précieux. Il nous reste à mettre en place une organisation pour ne pas décevoir les clients déjà acquis, que ce soit en termes de quantité et de prix. Dorénavant, les intermédiaires seront écartés au fur et à mesure que les opérateurs des petites mines participeront à des salons d’une telle envergure. En effet, l’attention des importateurs internationaux se tournera de plus en plus vers notre pays.  


«Madagascar possède un énorme potentiel en pierres précieuses et pierres fines»

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BUSINESS MAGAZINE. Des exposants malgaches ont-ils pu obtenir des commandes fermes ?

Lors du Salon, 16 des 27 stands étaient occupés par Madagascar. Nous avons mis en avant ces pierres qui intéressent les opérateurs miniers importateurs internationaux, comme le cristal de roche, la cornaline et le quartz rose. 

Connue comme la capitale des pierres précieuses colorées du monde, Jaipur pourrait bien importer directement ou indirectement de Madagascar d’importantes quantités pour la fabrication de bijoux pour le marché mondial. Il serait donc facile pour Madagascar de profiter des opportunités en vue de devenir un exportateur direct à destination de Jaipur. Mais, au préalable, il est nécessaire d’avoir une gestion rationnelle sur l’exploitation et l’exportation des matériaux précieux et des substances minières de moyenne valeur.  


BUSINESS MAGAZINE. Au départ, il y avait eu quelques grincements de dents. Comment s’est passée l’organisation de ce déplacement ?

J’admets qu’il y avait eu une faille dans la communication. Parmi les opérateurs de petites mines, certains prenaient l’avion pour la première fois. Cela dit, l’objectif du Salon était de créer un lien commercial direct entre les deux pays. Le Salon a été une opportunité pour faciliter les relations commerciales directes entre les petits et moyens opérateurs exploitants miniers dans le secteur des gemmes malagasy et les importateurs fabricants indiens, afin de réduire les intermédiaires étrangers, dans l’intérêt des deux parties. Le but étant de tirer profit du Salon avec des possibilités de relations commerciales directes et continues issues des contacts BtoB. 

Au sein de la délégation, l’on comptait des opérateurs et exploitants de petites mines ayant bénéficié d’une formation administrative et technique sur le secteur minier à travers le projet Lanja miakatra du Comité national des mines. Ce sont des professionnels qui méritent d’être soutenus.

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BUSINESS MAGAZINE. Madagascar dispose d’un institut de formation de classe internationale en gemmologie accrédité par Londres. A-t-il apporté sa contribution au salon de Jaipur ?

L’Institut de Gemmologie de Madagascar est un centre d’excellence qui se concentre sur la professionnalisation de la filière gemme en Afrique. C’est le seul institut de formation de classe internationale accrédité par Gemmological Association of Great Britain (Gem-A de Londres) en Afrique et dans l’océan Indien à former des spécialistes en gemmologie. 

L’institut dispense des formations diplômantes et qualifiantes en pierres précieuses et semiprécieuses. Il possède l’expertise pour garantir la qualité des pierres précieuses et pierres fines grâce à son laboratoire répondant aux normes internationales. Il délivre, par ailleurs, le seul certificat d’identification reconnu au niveau mondial à Madagascar. 

La promotion de la filière gemme de Madagascar sur le marché mondial fait partie de la mission de l’Institut de Gemmologie de Madagascar. Celuici faisait d’ailleurs partie de la délégation ministérielle en partenariat avec le Mining Business Center et le Comité National des Mines pour organiser la participation des opérateurs en pierres précieuses et pierres fines au premier Rough Gem Show.

Nous tenons à attirer l’attention des acheteurs, consommateurs et collecteurs que depuis décembre 2017, la quantité de gemmes synthétiques et artificielles analysées au laboratoire de l’Institut de Gemmologie de Madagascar a connu une proportion inquiétante. Aujourd’hui, ces pierres synthétiques inondent le marché malgache. 

Brutes ou taillées, elles existent de couleurs et formes différentes, dans les marchés de la capitale et les puits des mines des localités les plus reculées. Les plus à craindre sont les saphirs et les rubis synthétiques, ainsi que la meilleure imitation la plus connue et la plus utilisée depuis les anciens temps, le verre fabriqué. Les amateurs de pierres gemmes sont ainsi vivement encouragés à tester les pierres qu’ils souhaitent acheter auprès du laboratoire de l’Institut ou tout autre laboratoire avant d’entamer une transaction, afin d’éviter les mauvaises surprises.


«Jaipur pourrait importer d’importantes quantités de pierres colorées pour la fabrication de bijoux»

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BUSINESS MAGAZINE. Existet-il des statistiques fiables sur le nombre d’exploitants miniers exerçant sur le territoire ?

Le Bureau de Cadastre Minier de Madagascar (BCMM) est l’organisme habilité à délivrer les permis miniers. Sa nouvelle mission est de promouvoir le secteur minier. D’où la création du Mining Business Center à Ivato. Celui-ci prône une nouvelle approche à l’égard des investisseurs miniers. 

Son but est de regrouper sur un même site tout le front-office de l’administration minière en relation avec les opérateurs miniers. 

Le Mining Business Center sera à la fois la porte d’entrée aux investissements miniers à Madagascar et une plateforme d’échanges avec les investisseurs nationaux ou étrangers. En guise de référence, à ce jour l’on enregistre 5 648 exploitants miniers au BCMM pour les trois types de permis confondus. Ils exploitent une superficie de 569 350 kilomètres carrés. 


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BUSINESS MAGAZINE. Quelles sont les démarches à suivre pour devenir un exploitant minier ?

Toute personne de nationalité malgache peut déposer une demande de permis minier à l’un des bureaux du BCMM. Il faut fournir les dossiers nécessaires pour chaque type de permis demandé et payer le frais d’instruction y afférent. 


BUSINESS MAGAZINE. L’exportation de l’or a été légalisée. Mais des tentatives de trafic persistent. Pourquoi cette insistance à suivre un circuit informel sinon illicite ?

La filière or a été confiée à l’Agence nationale de la filière or (ANOR). La commercialisation du métal jaune a été simplifiée. Ainsi, en ayant une carte pour les collecteurs ou un agrément pour le comptoir, les opérateurs peuvent exercer librement leurs activités. Un procédé qui n’a rien de compliqué car il s’agit de se renseigner auprès de l’ANOR, à Ampandrianombyou. 

Au sujet de l’exportation, l’appui de l’ANOR au Guichet Unique d’Exportation a facilité les actions et permet d’éviter les problèmes insignifiants comme le non-envoi de colis pour une raison négligeable, au détriment des activités des opérateurs de la filière or. Au sein de l’ANOR, des missions de sensibilisation et d’information au profit des Collectivités Territoriales Décentralisées, des programmes de formation à la formalisation et des mises en synergie d’actions par rapport aux autres entités se poursuivent en vue d’harmoniser la filière or.


BUSINESS MAGAZINE. Combien de tonnes d’or le pays a-t-il exporté l’année dernière ?

En 2017, l’on a exporté environ 2 800 tonnes d’or issues en grande partie de l’orpaillage dans différents sites aurifères malgaches. Le montant de la vente varie suivant les cours et le taux de parité de l’ariary au marché interbancaire de devises.


BUSINESS MAGAZINE. Vous recherchez également la collaboration de Maurice. Pouvez-vous nous donner plus de détails ?

Dans le cadre de la collaboration avec Maurice et dans le respect du Code Minier qui prévoit que Madagascar, dans le cadre de sa politique minière, doit primer l’exportation de pierres taillées, il a été prévu des sessions de vente et d’exposition de pierres précieuses et semi-précieuses malgaches dans les hôtels cinq-étoiles de l’île Maurice tous les week-ends. L’objectif est de mieux faire connaître les produits miniers malgaches tout en attirant les investisseurs.

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