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Interview Rencontre

Paul Jones (CEO de Lux Island Resorts) « Nous ne voulons pas participer à la guerre des prix »

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Paul Jones (CEO de Lux Island Resorts) « Nous ne voulons pas participer à la guerre des prix » | business-magazine.mu

BUSINESSMAG. Qu’est-ce qui vous satisfait le plus dans vos derniers résultats annuels ?

Nous avons pu dégager des bénéfices malgré le contexte difficile au niveau local et international, et après avoir absorbé le coût du rebranding qui est non récurrent et s’élève à environ Rs 80 millons. Une autre source de satisfaction est le lancement de notre nouveau brand en décembre et déjà nous voyons des retombées positives. Le feedback que nous avons reçu de nos partenaires tour-opérateurs et nos clients sont très encourageants. À cet égard, nous avons reçu, la semaine dernière, de TTG – l’une des plus prestigieuses agences en Angleterre –, la très haute distinction Luxury Travel Supplier pour l’année 2012.

BUSINESSMAG. Quels ont été les faits qui ont marqué cet exercice ?

Comme je l’ai mentionné, l’année écoulée a été marquée par le lancement de notre brand. Au niveau de notre performance, plusieurs facteurs ont contribué à ce que les chiffres de cette année financière ne soient pas aussi bons que ceux auxquels nous nous attendions. Les arrivées touristiques à l’île Maurice pour l’année financière 2012 ont stagné par rapport à l’année dernière, avec une baisse des arrivées de l’Europe, qui est notre marché principal, de 6 % alors que le nombre des chambres d’hôtels a augmenté.

L’accès aérien continue à être un problème. Nous pensons que sans ouverture sur des marchés comme la Chine, la Russie ou le Moyen-Orient, il sera difficile pour le secteur de s’en sortir. La roupie forte continue à influer négativement sur nos résultats.

BUSINESSMAG. Quel a été l’environnement pour vos activités aux Maldives?

Les arrivées aux Maldives ont augmenté de 10 % par rapport à l’exercice précédent, malgré un ralentissement pour la période de février à juin, à la suite de la crise politique qu’a connue ce pays en février dernier.

Les Maldives sont très populaires en Chine. Ce marché représente aujourd’hui 22 % des arrivées. L’augmentation des arrivées de la Chine aux Maldives est le fruit de la politique d’accès aérien de ce pays. Le chiffre d’affaires de Lux Maldives a dépassé la barre de Rs 1 milliard. Son profit opérationnel a doublé par rapport à l’exercice précédent.

« Nous voudrions convertir au moins 70 % de nos dettes, qui sont actuellement en roupies, en devises. Cette conversion éventuelle nous permettra de nous protéger contre le risque de change, car plus de 90 % de nos recettes sont en devises. »

BUSINESSMAG. Quel a été l’environnement à la Réunion ?

Nos hôtels à l’île de la Réunion ont atteint une occupation de 70 % pour l’année financière 2012, soit 5 % de plus que la moyenne de l’industrie. Cependant, l’industrie a été affectée par la tenue des élections présidentielles et législatives en France, et l’aggravation de la crise économique en Europe.

BUSINESSMAG. Où en êtes-vous de votre endettement?

L’endettement du groupe s’élevait au, 30 juin 2012, à Rs 5,3 Mds contre Rs 5,7 Mds à la même date l’année dernière. Le gearing du groupe, incluant les obligations convertibles, s’élevait à 59 % à la fin de l’année financière et si on exclut les obligations convertibles, le gearing descend à 54 %. Ce qui est au-dessous des normes de l’industrie

BUSINESSMAG. Comptez-vous utiliser les lignes de crédit en devises mises en place par la Bank of Mauritius ?

Nous avons déjà fait la demande auprès des banques commerciales et nous voudrions convertir au moins 70 % de nos dettes, qui sont actuellement en roupies, en devises. Cette conversion éventuelle nous permettra de nous protéger contre le risque de change étant donné que plus de 90 % de nos recettes sont en devises, et réduira aussi nos frais financiers substantiellement.

Je dois ici saluer l’initiative du Gouverneur de la Banque de Maurice, mais il semblerait que les banques commerciales et la Banque centrale n’ont pas trouvé l’instrument financier approprié pour absorber le surplus de roupies résultant de la conversion. Nous sommes d’avis qu’étant donné que les institutions financières mondiales sont à la base de la crise économique, il est normal, quelque part, que les solutions viennent aussi des institutions financières elles-mêmes.

BUSINESSMAG. Quels sont vos axes stratégiques pour l’exercice en cours?

Nous avons mis en place plusieurs stratégies afin de pouvoir faire face à l’environnement difficile, mais également pour optimiser nos revenus par chambre et surtout ne pas participer à la guerre des prix.

En ce qui concerne cette guerre des prix, il est important de noter que quand un hôtel se vend à une ou même deux catégories plus basses, cela fait énormément de tort à nos marchés, avec les effets négatifs sur la perception des clients et éventuellement la qualité du produit et des services offerts. De plus, nous continuerons à investir dans les nouveaux marchés que nous croyons porteurs, comme la Chine, la Russie, l’Inde et le Moyen-Orient sans toutefois négliger nos marchés traditionnels.

BUSINESSMAG. Comment arrivez-vous à réduire vos coûts sans toucher à la qualité de vos services ?

La gestion des coûts ne signifie pas nécessairement supprimer des produits et des services. Une bonne gestion professionnelle repose avant tout sur un contrôle efficace des coûts et l’éradication totale de tout gaspillage.

Nous avons mis en place des tableaux de bord pour contrôler les dépenses au jour le jour. Nous portons aussi beaucoup d’attention à la formation. C’est la raison pour laquelle, pour l’année financière qui vient de prendre fin, nous avons augmenté le nombre d’heures de formation de plus de 30 %. Nos équipes ont été formées dans différents domaines, mais nous mettons toujours l’accent sur le service.

L’objectif étant d’être plus efficient et en même temps de rendre chaque moment inoubliable pour nos clients car chaque moment compte. Je saisis aussi cette occasion pour réaffirmer l’importance primordiale de la qualité de nos services et prestations hôtelières et touristiques qui font le succès et l’unicité de la destination île Maurice.

BUSINESSMAG. Attendez-vous des retombées du concept « Iles Vanille »?

C’est un concept que j’aime beaucoup. Il va sans dire encore une fois que l’accès aérien contribuera grandement à son succès. Quand on voit le prix du billet d’avion entre Maurice et la Réunion, on peut se poser des questions sur l’accessibilité des destinations.

Mais je pense qu’on est toujours plus fort ensemble que seul. Et que de ce fait, ce concept ne peut qu’aider la destination. Maurice et la Réunion sont très complémentaires. Avec d’un côté les plages et les magnifiques lagons pour Maurice, et les montagnes, les cirques et le volcan à la Réunion.

BUSINESSMAG. Qu’attendez-vous du prochain budget ?

On sait que le ministre est à l’écoute de notre industrie et comprend très bien la situation. Cela étant, si rien n’est fait, la situation de l’industrie touristique, qui est déjà en très mauvaise posture, va aller en s’empirant avec les nouvelles chambres qui seront opérationnelles à partir de ce mois-ci et dans les mois à venir.

Dans le prochain Budget, nous espérons que le ministre va prendre les mesures d’envergure afin de résoudre les problèmes de notre industrie, c’est-à-dire l’accès aérien et la diversification de nos marchés, la parité de la roupie par rapport aux principales devises, la promotion de nos marchés traditionnels et les marchés émergents comme la Russie, l’Inde, la Chine et le Moyen-Orient, et la mise en application de la conversion de nos dettes en roupies en devises en utilisant la ligne de crédit mise en place par la Banque de Maurice.

Pour assainir la situation, les mesures doivent être substantielles, efficaces et être mises en oeuvre rapidement.

 

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