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Rajen Seetohul: « La MHC est assez mature pour une cotation en Bourse »

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Rajen Seetohul: « La MHC est assez mature pour une cotation en Bourse » | business-magazine.mu

Un peu plus de 50 ans après sa création, la Mauritius Housing Company compte une importante clientèle et continue à diversifier son offre. Le Managing Director de l’institution revient sur les raisons d’un succès qui l’amène à souhaiter son introduction prochaine à la Bourse de Maurice.

BUSINESSMAG. Quelle est la situation financière de la Mauritius Housing Company (MHC) à ce jour ?

Nous pouvons dire que la MHC se porte bien. Pour preuve, à mon arrivée au sein de la compagnie, il y a huit ans, les profits s’élevaient à environ Rs 100 millions alors qu’aujourd’hui, ils gravitent autour des Rs 300 millions. Quant à nos actifs, ils sont de Rs 7 milliards et les réserves à Rs 2,5 milliards. Bref, les chiffres parlent d’eux-mêmes et nous sommes sur la bonne voie. Cette performance résulte, bien sûr, de l’apport du conseil d’administration et de tous les employés. Par ailleurs, la MHC compte six succursales – cinq à Maurice et une à Rodrigues pour un total de 225 employés.

BUSINESSMAG. Dans quelle mesure la MHC est-elle affectée par la conjoncture économique morose à laquelle le pays est confronté ?

Heureusement, le contexte économique ne se reflète pas dans notre performance et le chiffre d’affaires de la MHC ne cesse de grimper. Par exemple, l’année dernière, notre activité « Loan Business » a connu une hausse de 17 %. En fait, si nous ne ressentons pas les effets de la mauvaise conjoncture économique, c’est parce que nous avons un marché niche – celui de la classe moyenne. Il faut toutefois souligner que nous souffrons grandement de la concurrence --– à notre ouverture en 1963, nous étions la seule compagnie sur le créneau des prêts immobiliers à Maurice.

Aujourd’hui, la compétition est bel et bien présente avec les banques et d’autres institutions financières. En conséquence, nous avons beaucoup amélioré la qualité de nos services. Ainsi, un client qui fait une demande d’emprunt à la MHC reçoit son argent au bout de trois semaines, sauf si le dossier n’est pas complet. De plus, la MHC s’est désormais positionnée comme une « one-stop shop » où nous offrons les services suivants : le « Loan Business », le « Deposit », le PEL (Plan Épargne Logement), la « Life Insurance » ainsi que le « Property Development ». Un autre de nos services est le « Corporate Lending » qui offre à des promoteurs immobiliers la possibilité de réaliser des projets tels que la construction d’appartements. L’avantage, c’est que le remboursement du financement accordé – à un taux très raisonnable – peut se faire après un moratoire de deux à trois ans, quand les appartements commencent à se vendre.

Notre clientèle – la MHC compte plus de 100 000 clients – est très hétérogène et nous essayons de l’augmenter en étant présents lors de manifestations comme le dernier Salon de la Maison et du Jardin. Nous avons, en sus, un site web où nous recevons beaucoup de demandes.

BUSINESSMAG. Le PEL (Plan Épargne Logement) est l’un de vos services les plus prisés…

Le PEL a été lancé en 1972 dans le but d’inculquer aux Mauriciens la culture de l’épargne. La particularité de ce « scheme », c’est qu’il permettait d’ouvrir un compte avec uniquement Rs 100 ou Rs 200 et de continuer à l’alimenter avec ce même montant. Aujourd’hui, ceux qui ont mis leur argent de côté grâce au PEL ont une forte somme sur leur compte, avec un taux d’intérêt qui ne cesse de grimper. Je pense que c’est cela qui a fait le succès de ce service tout en apprenant aux Mauriciens à économiser.

BUSINESSMAG. Quels sont les « schemes » récemment mis en place ?

Comme je l’ai mentionné plus tôt, la MHC a un marché niche : la classe moyenne. Celle-ci regroupe beaucoup de jeunes professionnels qui touchent entre Rs 30 000 et Rs 50 000 par mois. Or, s’ils veulent devenir propriétaires d’un appartement, aucune banque ne pourra financer leur projet à 100 % mais plutôt à hauteur de 25 à 30 %. En vue d’aider cette catégorie de personnes, la MHC a mis en place, avec la collaboration du gouvernement, le « Housing Empowerment Scheme » – une mesure annoncée dans le Budget 2014.

Avec ce « scheme », nous nous attendons à accueillir plus de clients. Nous nous penchons aussi, en ce moment, sur un projet intitulé « Consolidation ». Ce service concerne surtout ceux qui ont du mal à rembourser leurs emprunts. À travers ce service, la MHC reverra la durée et le montant du remboursement.

BUSINESSMAG. Outre la concurrence, à quels problèmes la MHC doit-elle faire face ?

Je mentionnerai ici le retard dans les remboursements, lorsque nos clients ont des difficultés financières. Nous opérons comme une société indépendante mais il ne faut pas oublier que notre « majority shareholder » est le gouvernement. Nous sommes régulés par la Banque de Maurice et devons prendre des dispositions pour limiter l’impact de ces retards qui ont aussi des répercussions sur notre marge de profit. Généralement, nous essayons d’étendre le temps de remboursement ; de revoir les intérêts. En dernier recours, nous nous dirigeons vers le « Sale by Levy » ou la « Borrowers’ Protection Commission ».

BUSINESSMAG. Votre point de vue concernant le secteur de l’immobilier à Maurice ?

À Maurice, 90 % de la population est propriétaire d’un logement. C’est un énorme pourcentage pour un marché confronté à divers problèmes liés à l’économie, dont l’appauvrissement et la baisse du pouvoir d’achat. Il est bon d’établir une comparaison avec l’Europe, où ce pourcentage est d’environ 70 %. La MHC fait en outre partie de l’African Union for Housing Finance, une association regroupant 14 pays et une quarantaine de membres au sein de laquelle nous échangeons des idées et essayons de présenter les « best practices ». L’année dernière, les autres membres étaient en visite à Maurice et ils ont été impressionnés par le nombre de développements en termes d’infrastructures et de projets immobiliers.

BUSINESSMAG. En tant que membre de l’African Union for Housing Finance, la MHC attire-t-elle des clients en Afrique ?

Nous avons eu plusieurs contacts mais jusqu’à présent, la MHC ne s’est jamais embarquée dans la grande aventure internationale. Au niveau de la région, un organisme semblable au nôtre, basé aux Seychelles, nous a approchés. Il souhaitait conclure un partenariat avec nous. Néanmoins, aujourd’hui, la priorité de la MHC reste l’île Maurice.

J’ajouterai qu’être membre de l’African Union for Housing Finance nous permet d’avoir accès aux meilleurs produits sur le marché.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il de votre présence sur le sol rodriguais ?

À Rodrigues, nous détenons 20 % de parts du marché, les différentes institutions bancaires se partageant le reste. Toutes les facilités offertes à Maurice le sont également là-bas. Vu les développements qui ont lieu actuellement à Rodrigues, notamment sur le plan informatique, nous, à la MHC, estimons qu’elle jouera un tout autre rôle d’un point de vue économique dans les années à venir. En nous implantant à Rodrigues, nous avons été avant-gardistes et y comptons une clientèle d’environ 12 000 personnes.

BUSINESSMAG. La MHC s’est également lancée dans le développement immobilier…

La MHC est parmi les pionniers dans la construction d’appartements à Maurice. Les premiers appartements que nous avons construits étaient Harbour View. Par la suite, nous nous sommes engagés dans des projets de la National Housing Development Company un peu partout à travers l’île. Notre plus grand projet à ce jour est le Cyber Village avec plus de 200 appartements et maisons alors que le dernier en date concerne des appartements à Vuillemin. Nous pensons nous lancer dans des projets d’appartements à Rose-Hill car nous y possédons des terrains. J’en profite pour rappeler que la MHC est aussi propriétaire de terrains à Terre-Rouge, La Tour Koenig et Flacq.

BUSINESSMAG. La MHC a-t-elle d’autres projets ?

Le « next reasonable step » pour la MHC est de faire une demande de licence bancaire mais c’est une question dont il faut débattre avec le gouvernement. Il est également grand temps pour la MHC d’être cotée en Bourse. Je pense que la compagnie a beaucoup évolué ; a suffisamment fait ses preuves. Et en termes de personnel, nous avons des employés qualifiés, nous offrons de bons services.

Avec son « track record », la MHC est assez mature pour être cotée en Bourse. Toutefois, comme nous sommes une compagnie appartenant à l’État à hauteur de 60 %, c’est au gouvernement de faire ce choix.

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