Ramalingum Maistry (président, Mauritius Ports Authority) – «Port-Louis ne concurrence pas les ports de l’océan Indien»
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Port-Louis a une longueur d’avance sur les autres ports de la région, insiste le président de la Mauritius Ports Authority. Selon lui, le potentiel est immense dans le bassin de l’océan Indien.
}BUSINESS MAGAZINE. Comment se porte la MPA sur le plan financier ?
Pour l’année financière du 1er janvier 2016 au 30 juin 2017, le trafic total de marchandises a atteint 11,1 millions de tonnes et le trafic de conteneurs s’est élevé à 567 850 Équivalent vingt pieds (EVP) au cours de la même période. La MPA a enregistré un excédent net de Rs 692,9 millions et ses recettes d’exploitation ont également connu une évolution positive pour atteindre Rs 1,96 milliard. Pour l’année écoulée, du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2017, le débit total de marchandises (Total cargo throughput) se chiffrait à 8 905 233 tonnes contre 8 462 871 tonnes de marchandises pour la même période en 2016, représentant une augmentation de 5,2 % (+ 442 362 tonnes).
BUSINESS MAGAZINE. Quel volume de conteneurs manipulés au terminal à conteneurs est destiné au transbordement ?
De janvier à décembre 2017, le débit total de conteneurs (Total container throughput) se chiffrait à 496 517 EVP alors que le débit de transbordement (Transshipment throughput) s’élevait à 235 853 EVP. Donc, le pourcentage de conteneurs destinés au transbordement, l’année dernière, était d’environ 47,5 %.
BUSINESS MAGAZINE. Avec l’aide de l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA), le port de Tamatave ambitionne de devenir le plus grand port d’Afrique de l’Ouest. De son côté, CMA CGM a fait du port de l’île sœur son hub maritime. Sommes-nous en mesure de concurrencer les ports de la région et ne gagnerons-nous pas à nous associer à un partenaire stratégique ?
Nous ne sommes en aucune manière en compétition directe avec les autorités portuaires des îles de l’océan Indien. Bien au contraire, nous créons avec elles une véritable synergie. Ainsi si, par exemple, le port de Réunion est engorgé, les armateurs peuvent toujours se tourner vers Port-Louis. Stratégiquement, nous voulons jouer à fond ce rôle et n’avons aucune appréhension par rapport à cette situation.
Pour gagner en compétitivité, il nous faut augmenter l’attractivité tout en capitalisant sur notre position géostratégique pour capter le trafic commercial dans la région où le potentiel est énorme. Il faut réaliser que là où nous sommes situés, transitent plus de 80 % des échanges maritimes mondiaux. Actuellement, nous captons 10 % des 35 000 navires qui passent par cette route maritime et 5 % de ces 10 % viennent pour le bunker. Nous ambitionnons de capter au moins 15 %.
Avec un tel trafic, tous les ports des îles de l’océan Indien peuvent vivre facilement. Il suffit que chaque port améliore son attractivité pour capter le maximum de trafic. Je le répète : nous ne sommes donc pas en compétition directe avec qui que ce soit.
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S’agissant des partenariats, nous avons un accord avec le grand port maritime de Marseille qui nous aide sur le plan de la formation. Nous avons un autre accord éventuel avec le port du Havre qui concerne encore une fois la formation. Mais encore, il faut voir vers quel type de partenariat nous voulons nous diriger afin d’améliorer notre service et notre productivité et aussi voir comment cela bénéficiera à la région de l’océan Indien. Par ailleurs, nous travaillons sur une stratégie pour faire venir d’autres armateurs à Maurice. Surtout au niveau du segment croisières.
Il y a également d’autres éléments à mettre en exergue pour accélérer le processus de commercialisation des activités du port de Port-louis. Pour cela, nous mettons l’accent sur cinq segments : le transbordement, les croisières, le bunkering, la pêche et les services. Ces cinq segments sont appelés à être développés de manière harmonieuse pour nous donner un avantage concurrentiel. Nous avons d’ailleurs le soutien de M. Aponte, le numéro un de MSC Shipping, et celui de Maersk qui va accélérer leur présence sur Port-Louis.
BUSINESS MAGAZINE. Les travaux portuaires ont nécessité de lourds investissements. Qu’en est-il de la productivité dans le port, surtout avec le mauvais temps qui prévaut depuis le début de l’année ?
Les travaux ont nécessité un investissement de Rs 6,5 milliards, sans compter les investissements que la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) a réalisés, soit un peu plus de Rs 1,2 milliard dans l’acquisition des grues Super PostPanamax.
Grâce à ces travaux, nous disposons d’un quai de 800 mètres pouvant accueillir simultanément deux gros porteurs de 300 mètres et de 325 mètres. Valeur du jour, nous sommes les seuls dans la région à pouvoir accueillir ces gros porteurs. Le chenal est passé à 16,5 mètres de profondeur, ce qui permet d’accueillir des navires nécessitant un tirant d’eau de 15,5 mètres. Le parc à conteneurs a été agrandi sur quatre arpents, permettant aujourd’hui au Mauritius Container Terminal de stocker 800 000 EVP. Les deux grues, des Super Post-Panamax installées en janvier 2018, augmenteront substantiellement la productivité.
La MPA prend très au sérieux la productivité dans le port, surtout au quai MCT. Actuellement, nous avons un unique opérateur de manutention de conteneurs, la CHCL. En tant qu’autorité régulatrice du port, nous travaillons en étroite collaboration pour mettre à la disposition de CHCL toutes les infrastructures nécessaires pour qu’elle puisse opérer dans les meilleures conditions possibles. Il est vrai que nous sommes à la merci de Dame Nature avec tous ses caprices. Cela dit, nous travaillons vers la vision de notre plan directeur pour mettre en place un briselames en face du quai MCT qui offrira un meilleur environnement pour les opérations de transbordement de conteneurs dans notre port.
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BUSINESS MAGAZINE. On entend parler de ce briselames depuis des années. Il est donc toujours d’actualité ?
Absolument ! La construction d’un brise-lames va définitivement aider Port-Louis à mieux se protéger des caprices de Dame Nature. Le mauvais temps qui a persisté ces dernières semaines a paralysé les activités portuaires à cause des grosses houles. Ainsi, une étude de faisabilité – TechnoEconomic Study – est en cours en ce moment et dès que nous aurons le rapport final, attendu avant la fin de cette année, la décision appropriée suivra. Le brise-lames, une fois construit, agira comme une barrière et atténuera les effets des houles. Il sera également doté d’une surface terrienne d’environ 50 hectares sur laquelle nous pourrons aménager un second terminal à conteneurs. Un pont d’environ un kilomètre reliera le premier terminal au second. Pour l’avenir du port, il faut absolument ce brise-lames et l’étude va déterminer le budget.
BUSINESS MAGAZINE. Transformer Port-Louis en un port de ravitaillement est une autre ambition affichée par les autorités. Est-ce que les tarifs pratiqués sur le bunkering sont compétitifs ?
D’abord, il faut bien comprendre que nos tarifs sur le bunkering sont compétitifs à l’échelle de la région, si l’on se compare aux tarifs en vigueur dans le sud-ouest de l’océan Indien. Bien sûr, au-delà de la région, les tarifs pratiqués peuvent bien être beaucoup plus compétitifs qu’à Port-Louis. Le bunkering est en pleine expansion, c’est un secteur clé pour l’avenir de Port-Louis. À titre d’exemple, de janvier à décembre 2016, le volume total de bunker fourni au port de Port-Louis était de 336 914 tonnes. Pour la même période en 2017, le volume total fourni était de 469 800 tonnes, représentant une hausse de 132 886 tonnes, soit environ 39,4 %. De 2015 à 2016, la hausse était d’environ 45 %. On s’attend à une performance similaire cette année. Et bientôt, nous aurons notre plateforme de bunkering et suffisamment de réserve pour fournir rapidement.
