Roshan Seetohul: «Consolider notre position de leader dans la région»

Le Chairman d’Airports of Mauritius Co. Ltd (AML), compagnie propriétaire et gestionnaire de l’aéroport international sir Seewoosagur Ramgoolam, se montre confiant quant à la capacité de celui-ci à conserver sa prééminence dans la région malgré la concurrence réunionnaise, par exemple. Il aborde, en ce sens, les développements en cours et à venir dans la zone aéroportuaire de Plaisance.

BUSINESSMAG.Parlez-nous de la situation financière d’Airports of Mauritius Co. Ltd (AML).

Pour l’année financière se terminant le 31 décembre 2014, le groupe AML a réalisé un chiffre d’affaires de plus de Rs 1,1 milliard et des profits avant taxe de l’ordre de Rs 290 millions. Globalement, nous pouvons dire que la performance d’AML a été bonne malgré une situation économique internationale morose qui a un impact direct sur le nombre de passagers que nous traitons.

BUSINESSMAG.Quelles sont vos priorités en tant que Chairman d’AML ?

En tant que propriétaire et opérateur de l’unique aéroport de l’île, AML a une grande responsabilité envers la population et le pays. Nous devons pouvoir répondre aux attentes des passagers, tant au niveau de la qualité des infrastructures que des services.

S’agissant des infrastructures, il nous faut en assurer la gestion et le développement continu, afin de soutenir les ambitions du pays en termes de connectivité et servir de moteur aux activités économiques telles que le tourisme et le cargo.

Il est important pour AML de favoriser l’émergence de nouveaux secteurs et activités économiques. Pour cela, nous accordons une place spéciale à l’innovation et adoptons les meilleures pratiques à tous les niveaux, aussi bien sur le plan de la gestion que dans l’élaboration de stratégies commerciales et de développement.

Je souhaite également valoriser davantage les hommes et les femmes qui travaillent à l’aéroport car ce sont eux le moteur de tout le système. Il faut pouvoir renforcer l’esprit d’équipe pour une meilleure synergie.

BUSINESSMAG.Qu’en est-il du positionnement de l’aéroport SSR ?

En matière de qualité de service, l’aéroport de Plaisance est premier en Afrique et dans l’océan Indien. Au niveau mondial, nous occupons la deuxième place du classement dans notre catégorie ; celle des aéroports traitant entre deux et cinq millions de passagers. Notre objectif est clair : consolider notre position de leader dans la région et passer à la première place sur le plan mondial dans notre catégorie.

BUSINESSMAG.L’ouverture du nouveau terminal, il y a deux ans, a-t-elle eu un impact sur le nombre de passagers ?

Les chiffres officiels révèlent que le nombre de passagers est passé de 2,78 millions en 2013 à 2,98 millions à fin 2014. Cette année, de janvier à juillet, nous avons eu 1,76 million de passagers, ce qui représente une augmentation de 8,2 % comparé à la même période en 2014. Rien que pour le mois de juillet, le nombre de passagers a connu une hausse de 14,9 % par rapport à la même période en 2014. Nous devrions d’ailleurs franchir le cap des 3 millions de passagers cette année. Nous mettons tout en place pour accompagner la progression de notre trafic passager.

BUSINESSMAG.Vous l’avez dit, l’aéroport SSR occupe la première place dans la région en termes de qualité de service. Comment AML peut-elle assurer la pérennité de ce positionnement ?

Nous misons sur deux éléments : la rigueur, en ce qu’il s’agit de la qualité de service et l’innovation, en mettant à contribution les compétences locales et les nouvelles technologies.

En ce moment, nous sommes en train de revoir l’image et l’ambiance du terminal. Nous rajoutons des plantes qui apportent plus de chaleur et de couleur au lieu. Sur le plan culturel, nous comptons mettre sur pied un petit musée de l’aviation mauricienne. Des emplacements destinés à la restauration rapide seront aussi créés dans les mois à venir. Autant de petits plus qui ajouteront certainement de la valeur à nos services.

BUSINESSMAG.Craignez-vous la concurrence de l’aéroport Roland Garros, à La Réunion, où un plan de développement et de modernisation est en cours et ce, jusqu’en 2020 ?

La concurrence nous pousse à nous remettre en question afin de nous améliorer. Je pense que l’infrastructure n’est pas tout et qu’un aéroport moderne n’est pas une garantie de réussite en ce qu’il s’agit des opérations, de l’accueil et de la qualité de service. Nous misons sur la formation et la compétence de notre équipe, sur la nouvelle image et l’ambiance de notre terminal passager. Je crois toujours que la touche humaine est primordiale pour faire la différence.

BUSINESSMAG.La zone aéroportuaire de Maurice est appelée, elle aussi, à connaître des améliorations. Quelles sont-elles ?

En effet, je mentionnerai ici le projet de zone cargo qui s’étendra sur 72 hectares. Les infrastructures de base pour la première phase de ce projet, d’une superficie de 7 hectares, ont déjà été aménagées. Puis, la construction d’une nouvelle tour de contrôle nous permettra de renforcer les conditions de sécurité côté piste.

BUSINESSMAG.Dans quelle mesure l’aéroport contribue-t-il au développement économique du pays ?

La connectivité est un facteur primordial pour le développement économique soutenu de Maurice. L’ouverture sur l’Afrique et la création d’une compagnie aérienne régionale qui offrira à l’aéroport de Maurice la possibilité de jouer un rôle capital en tant que hub régional représentent pour nous de grandes opportunités. Nous sommes prêts à fournir la logistique et les infrastructures nécessaires pour faciliter la concrétisation de ces projets.

Grâce aux innovations technologiques dans le secteur aéroportuaire, nous sommes désormais en mesure de rendre tous ces flux plus efficients. Par la même occasion, nous pouvons contribuer à la création de nouveaux secteurs d’activité et donc d’emplois. Une expansion du secteur cargo, par exemple, générerait des emplois additionnels. De même, si nous réussissons à mettre sur pied une mini-zone industrielle dans la zone cargo, cela apportera d’importants développements.

BUSINESSMAG.Comment comptez-vous améliorer la connectivité aérienne?

Notre responsabilité principale est de pouvoir offrir la meilleure qualité d’infrastructures aéroportuaires, tout en étant conforme aux standards internationaux en matière de sécurité afin d’accueillir toute compagnie qui desservirait notre île. Nous veillons également à ce que l’offre aéroportuaire, en termes de capacité d’accueil, de temps de traitement des passagers et de soutien logistique entre autres, soit la meilleure possible pour attirer de nouvelles compagnies aériennes.

BUSINESSMAG.Quelles sont les répercussions de la crise financière d’Air Mauritius sur AML?

Il ne faut pas oublier qu’Air Mauritius est notre porte-drapeau sur le plan international et qu’elle a contribué grandement à notre développement économique national dans des moments difficiles. Nous collaborons étroitement avec Air Mauritius, qui est aussi un de nos principaux clients en tant que compagnie d’aviation nationale. Jusqu’à présent, la situation reste tout à fait normale ; nous veillons à ce que les engagements mutuels soient respectés dans les meilleurs délais possibles.

BUSINESSMAG.La Russie, l’Inde ou encore la Chine sont les nouveaux marchés émetteurs de touristes fortunés. Comment donner l’envie à cette clientèle de choisir la destination mauricienne ?

Nous travaillons de concert avec les autorités concernées et nos autres partenaires pour développer des services qui répondent aux attentes de ces marchés. Nous avons, par exemple, un projet de services à valeur ajoutée pour les VVIP commerciaux. Il a trait à nos salons et aux magasins hors taxes, soit la gamme de produits qui y sont proposés. Ce projet devrait voir le jour d’ici début 2016.

Nous avons également mis sur pied un système qui permet des consultations régulières entre AML, Airport Terminal Operations Ltd, la Mauritius Duty Free Paradise, Air Mauritius et la Mauritius Tourism Promotion Authority, à un niveau stratégique. Notre objectif est de dégager une synergie et une approche cohérente pour offrir des services adaptés et de très haute facture aux passagers.