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Laurence Janssens : agent de transformation numérique

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Laurence Janssens : agent de transformation numérique | business-magazine.mu

La nouvelle Country Manager de Microsoft pour les îles de l’océan Indien et du Pacifique francophone a pris ses fonctions en avril. Basée à Maurice, elle confie sa volonté de participer activement à l’évolution digitale du pays.

Laurence Janssens, 44 ans, a succédé en avril à Paul Bunting au poste de Country Manager de Microsoft pour les îles de l’océan Indien et du Pacifique francophone (IOI et PF). La professionnelle, qui s’est installée à Maurice, compte de nombreuses années d’expérience dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (Tic). Un riche parcours qui lui permet d’assumer pleinement aujourd’hui les nouvelles responsabilités qui lui sont confiées. La multinationale américaine compte, en effet, sur elle dans la mise en place de sa stratégie de croissance continue et le renforcement de sa position de leader sur le marché des solutions et services Cloud à Maurice et dans la région des IOI et du PF.

Détentrice d’une maîtrise en administration des affaires de la Chicago Booth School of Business, aux États-Unis, Laurence Janssens, qui est d’origine belge et suisse, est également titulaire d’un Master en ingénierie commerciale de l’université catholique de Louvain, plus grande université francophone de Belgique. Elle y poursuit des études entre 1991 et 1996. Fraîchement diplômée, Laurence Janssens débute la même année chez Bain & Co., cabinet international de conseil en stratégie et management. Elle y restera deux ans puis, forte de son MBA, fait son entrée dans le secteur des Tic chez Dell, en tant que Sales Operations Manager. S’ensuivront plusieurs postes de responsabilité, notamment chez Belgacom (devenue Proximus), principal fournisseur de téléphonie, d’Internet et de télévision en Belgique.

C’est en 2015, toujours en Belgique, que Laurence Janssens intègre Microsoft. La société spécialisée en technologie informatique lui confie alors la responsabilité du secteur public pour ce pays, soit des institutions gouvernementales et internationales telles que l’Union européenne et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), basées à Bruxelles. Elle a, par ailleurs, siégé au sein des conseils d’administration des Microsoft Innovation Centres, des partenariats public-privé impliquant les régions de Bruxelles et de Wallonie, Microsoft ainsi que d’autres partenaires privés.

Si la professionnelle a choisi de se joindre à Microsoft et d’y poursuivre sa carrière, c’est, dit-elle, afin d’«être au cœur de la transformation numérique des entreprises et d’être acteur de cette transformation». Elle ajoute que de nos jours, la technologie a un impact indéniable sur la vie économique et la vie en général et elle trouve cela «absolument passionnant d’être partie prenante du changement d’un pays ou d’un secteur». Une perception qui s’accorde parfaitement avec ses fonctions de Country Manager pour la région IOI et PF.

Comme nous l’explique Laurence Janssens, «la mission de Microsoft est de donner à chaque individu et chaque organisation les moyens de réaliser ses ambitions». En tant que Country Manager, elle s’assure donc que les ressources mises à sa disposition par Microsoft sont en adéquation avec les besoins du pays. Plus encore, elle veille à ce que les bonnes pratiques mises en place à Maurice puissent rayonner en Afrique également. «C’est un échange fondé sur la mission que s’est fixée Microsoft dans le monde», précise-t-elle.

L’année prochaine, Microsoft fêtera ses 20 ans de présence à Maurice. Pour Laurence Janssens, l’entreprise a joué un rôle important dans le développement d’un écosystème des technologies de l’information fort avec des partenaires qui s’étendent aujourd’hui au-delà de nos côtes. De plus, depuis quelques années, Microsoft contribue à l’émergence de nouvelles entreprises qui capitalisent sur le Cloud et grandissent rapidement. «Ces partenaires représentent un millier d’emplois indirects», fait-elle ressortir. La participation de l’entreprise au développement du pays prend aussi une dimension sociale avec «des dons de logiciels pour un montant de plus de Rs 31 millions» aux organisations non gouvernementales sur ces deux décennies. Puis Microsoft s’engage directement sur le plan de la formation : «Nous avons formé plus de 1 500 étudiants du secondaire à la programmation, au développement d’applications et à l’entrepreneuriat et près de 3 000 enfants ont bénéficié de cours sur l’utilisation d’Internet en toute sécurité

L’objectif de Microsoft pour les années à venir, poursuit la Country Manager, est d’aller au-delà du rôle d’interlocuteur technique en privilégiant le dialogue sur la transformation numérique, ce qui relève, dit-elle, de la stratégie organisationnelle. «Nous continuons aussi à accompagner nos partenaires qui misent sur le Cloud pour apporter de nouveaux services et, en ce faisant, avoir un impact positif sur le développement économique et la modernisation du gouvernement.»

À la question de savoir quelles sont les lacunes qui doivent être comblées dans le domaine des Tic sur le plan local, Laurence Janssens tient tout d’abord à souligner que Maurice possède déjà une infrastructure de connectivité et continue d’évoluer. Elle accueille aussi favorablement la mesure annoncée dans le Budget 2017-2018 concernant la mise sur pied d’un Open Data Portal qui facilitera l’accès aux données des institutions publiques. «C’est un pas important qui contribuera au développement de nouveaux services numériques». Toutefois, avance la Country Manager, il faut que le pays favorise l’émergence de compétences à haute valeur ajoutée correspondant aux besoins du marché mondial. Un processus qui doit aller de pair, pense-t-elle, avec l’évolution du cadre régulateur. «Le Data Protection Office a fait du bon travail pour que les entreprises mauriciennes puissent bénéficier des avantages du Cloud. Mais les régulateurs des ‘highly regulated sectors’ comme la santé et les services financiers doivent accompagner leurs acteurs dans la transformation numérique», insiste-t-elle. Microsoft souhaite collaborer avec la Financial Services Commission et la Banque de Maurice à cet effet.

Le numérique, commente Laurence Janssens, ouvre des opportunités en effaçant certains obstacles comme l’éloignement des marchés étrangers. Cependant, pour que Maurice réalise son ambition de devenir une économie numérique à part entière, selon les termes du Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, lors de la présentation du dernier Budget, tout le monde doit s’y mettre : secteur privé, gouvernement, société civile – jeunes et moins jeunes… «Il est essentiel que les entreprises comme les consommateurs, à Maurice, bénéficient pleinement des avancées technologiques telles que le Cloud.»

Le progrès dans le domaine des Tic est d’autant plus nécessaire aujourd’hui, selon Laurence Janssens, dans la mesure où Maurice, bien qu’étant en avance sur de nombreux États africains, n’est pas à l’abri de la concurrence de pays comme le Kenya qui rattrapent rapidement leur retard. «On voit l’émergence de petites et moyennes entreprises, dont des start-up, en Afrique. Elles offrent des services et des produits innovants grâce à la technologie et apportent ainsi des changements dans la vie des populations», observe la Country Manager. Et de conclure que Maurice ne doit pas dormir sur ses lauriers : «Nous devons encourager l’innovation locale et le développement de compétences. Maurice a un tissu de PME robustes qui ambitionnent de faire du business à l’étranger ; il ne faut pas qu’elles ratent le virage numérique.»