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Rencontre

Laurent Roussel : un modèle de gestion aux couleurs pérennes

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Laurent Roussel : un modèle de gestion aux couleurs pérennes | business-magazine.mu

C’est avec enthousiasme que le nouveau Chief Executive Officer de Mauvilac a pris ses fonctions en mai dernier. Sa mission, permettre au fabricant et distributeur de peinture de renforcer sa stabilité et d’assurer ainsi son avenir.

Chemisier blanc et veste bleu marine, Laurent Roussel cultive visiblement tant l’élégance vestimentaire que celle des manières. De fait, c’est en arborant un large sourire et animé d’un enthousiasme non feint que le nouveau Chief Executive Officer (CEO) de Mauvilac nous ouvre les portes de son bureau, à Pailles. «Je suis ravi de vous accueillir !» lance-t-il, authentique et bien que la formule soit consacrée, elle a le mérite de mettre à l’aise. Le ton est donc donné ; le reste de la rencontre ne nous décevra pas.

Cependant, avant d’aborder le cœur du sujet, soit le parcours professionnel qui l’a amené jusqu’à nos côtes et plus précisément à la tête d’une entreprise emblématique du Made in Moris, Laurent Roussel tient à nous confier son attachement envers notre île. C’est avec joie, dit-il, qu’il a saisi l’opportunité de venir travailler et vivre dans un pays qui l’a séduit il y a de cela trois décennies maintenant. Et pourtant, raconte-t-il, «il y a six mois, si on m’avait dit que j’allais bosser à Maurice, j’aurais pensé que c’était une blague !» Mais la possibilité d’occuper le poste de CEO de Mauvilac s’est bel et bien présentée à lui et même si la décision impliquait un choix, celui de quitter tout ce qui faisait son quotidien en France pour venir dans notre petite île de l’océan Indien, il n’a pas hésité longtemps. «J’ai tout lâché en France pour Maurice», dit-il.  Car Laurent Roussel est de ceux qui savent être attentifs aux signes que leur envoie la vie. «J’ai de la chance d’être à Maurice ; c’est un sacré clin d’œil que la vie m’a fait en m’expédiant sur le sol ensoleillé de cette île.»

Ce prologue clos, Laurent Roussel avoue également sa chance d’avoir eu une carrière intéressante dans l’industrie en Europe, durant laquelle il a été amené à côtoyer quelques-unes des plus importantes entreprises du continent. Il nous parle d’abord d’une société familiale où il a évolué pendant dix ans, précisant qu’elle était spécialisée en chimie fine pharmaceutique. Durant la décennie qu’il y consacre, Laurent Roussel participe pleinement au succès de l’entreprise en lui permettant de multiplier par trois son chiffre d’affaires et d’accroître sa rentabilité à un niveau qui frôle l’«insolence». Alors âgé de 30 ans, il nourrit des ambitions entrepreneuriales : «J’ai voulu investir dans cette entreprise, en d’autres mots, la racheter». Afin de mener à bien son projet, il se met à faire le tour des banques et des investisseurs. Mais il ne tarde pas à se rendre compte qu’à 30 ans, il est difficile d’être pris au sérieux par le système bancaire et décide de tourner la page.

Son premier contact avec le secteur de la peinture, Laurent Roussel le vit quand il rejoint la société Lefranc Bourgeois dont les produits sont destinés à l’art. L’entreprise fondée en 1720 jouit d’une réputation bien établie liée à son histoire et à la place qu’elle accorde à l’innovation. Notre interlocuteur y occupera le poste de contrôle de gestion trois ans durant. Puis, il rejoindra l’équipe d’AkzoNobel, leader, à ce moment-là, sur le marché mondial de la peinture. «Je m’occupais de la partie France/Europe pour tout ce qui est ‘coatings’, soit les peintures industrielles», précise-t-il.

Fort de ces années passées dans l’industrie, Laurent Roussel se met à rêver à de nouveaux horizons. D’un tempérament fonceur et ne craignant pas l’effort, il se lance dans une tout autre aventure en devenant directeur général d’une petite compagnie de mobilier urbain en plastique recyclé. Appelée Plas Eco, elle était associée à un fonds d’investissement. L’expérience ne se révèle toutefois pas concluante car «tout simplement, l’entreprise n’avait pas le potentiel de développement que nous avions souhaité.»

Laurent Roussel repart donc à la conquête de sociétés de plus grande envergure. Can Pack Capsules, tout d’abord, où, pendant deux ans, il occupera divers postes à responsabilité, puis Vallourec Oil&Gas France, entreprise qui le nomme directeur financier et contrôle de gestion – son dernier emploi en France.

Depuis la mi-mai, Laurent Roussel met son expertise au service de Mauvilac, tout heureux de retrouver les couleurs de Maurice et celles du fabricant de peinture local. Le nouveau CEO nous avoue que l’entreprise ne lui était, en fait, pas inconnue. À la demande d’Adenia Partners – une société de gestion de fonds de capital-investissement spécialisée dans l’accompagnement des entreprises prometteuses d’Afrique – dont Mauvilac fait partie du portefeuille d’investissement, il avait effectué un premier audit stratégique de la compagnie il y a trois ans. «Adenia Partners qui est donc propriétaire de Mauvilac, m’avait contacté pour entreprendre un audit post-acquisition», explique-t-il. Après cet exercice, en 2014, le futur CEO de Mauvilac a fait un certain nombre de recommandations et elles «ont été partiellement mises en application par [son] prédécesseur».

Or, une surprise de taille l’attend quand il revient faire un audit de Mauvilac en novembre de l’année dernière. L’exercice terminé, Adenia Partners lui propose de reprendre la direction de l’entreprise. Pour un ensemble de raisons, Laurent Roussel répond par l’affirmative. «Mauvilac est une société que j’affectionne énormément», énonce-t-il, ajoutant que le fondateur de l’entreprise, Roland Maurel, a réussi le pari d’en faire l’une des plus belles sociétés de l’île. «C’est un visionnaire. La preuve, aujourd’hui, Mauvilac est une marque extraordinaire. Elle est populaire à Maurice mais aussi hors de Maurice.» À savoir que Mauvilac fabrique et distribue peintures, revêtements et produits chimiques à Maurice et dans l’océan Indien. Ses peintures décoratives comprennent la gamme Go Green, premier label de peintures écologiques du pays. L’entreprise est également certifiée ISO 9001-2008.

Pour Laurent Roussel, Mauvilac fait définitivement partie du patrimoine mauricien.

Une perception qui le motive dans sa mission consistant à apporter à l’entreprise un nouveau dynamisme et la stabilité dont elle a besoin. «Je suis là pour un certain temps et mon rôle est de faire de sorte que Mauvilac ne subisse pas les soubresauts trop fréquents du management.» Et d’ajouter qu’il se penche sur une stratégie qui sera à terme «gagnante». Elle permettra à Mauvilac, développe-t-il, de gagner quelques parts de marché, d’accroître son chiffre d’affaires, de se développer à l’export, de moderniser ses outils de production, de créer des emplois et de renforcer son image en tant que patrimoine. Et de conclure: «Si nous réussissons, tout cela assurera notre avenir.»