Type to search

Parole d'experts Rencontre

Maurice devient acteur de la robotique de services

Share
Maurice devient acteur de la robotique de services | business-magazine.mu

Les nations leaders de la planète ont compris que les technologies qui sous-tendent l’économie numérique et plus précisément les technologies cognitives (par exemple, l’intelligence artificielle (IA), la robotique) étaient en train de façonner à grands pas l’avenir de l’humanité et des industries. Ces dernières se diffusent de façon arythmique à l’ensemble des champs de recherche, d’innovations, et des secteurs économiques. Elles sont les prochaines sources de création de connaissances, d’emplois et de richesse des pays. Le défi de l’île Maurice est de rattraper les wagons, car aussi incroyable que cela puisse paraître, le destin l’a dotée d’atouts uniques dans ces domaines. Il est temps que les forces vives du pays actent ce virage technologique, relèvent le défi, et se mobilisent autour de vrais projets porteurs.

Il n’y a pas une journée qui passe sans qu’un pays développé n’investisse dans la robotique et l’IA. Le dernier programme européen faisait état de €2,8 milliards avec des ambitions de création massive d’emplois et d’opportunités collatérales. Ces investissements visent des secteurs qui vont de la santé au bien-être, en passant par la surveillance, l’accueil, la Silver economy ou encore le divertissement. Plus personne ne se pose la question de le faire ou pas, les pays agissent. La question est de savoir comment préparer l’île Maurice, c’est-à-dire, au niveau des entreprises, institutions, de la formation, la recherche, des gens, bref progressivement le pays, à tous ces changements. Il est donc temps pour l’île Maurice de se mettre en action et de se construire un avenir économique pérenne dans les technologies cognitives. Cela est possible et doit se faire dans le cadre d’un plan raisonné, en optimisant l’investissement.

Comment l’île Maurice réussirait-elle à créer une nouvelle industrie technologique de pointe sans consentir à de lourds investissements ? Notre vision repose sur six piliers majeurs qu’il convient d’articuler progressivement afin de rattraper les retards pris : une technologie de pointe reconnue mondialement, un rayonnement international, la capacité de formation, la diffusion à l’écosystème, le développement de projets de recherche spécifiques, la mobilisation des institutions et acteurs économiques.

La situation économique de l’île Maurice ne permet pas d’investir des centaines de millions d’euros, puis d’espérer un retour hypothétique sur l’investissement. Il y a donc intérêt à être pragmatique et miser sur les personnes, projets et plateformes déjà capitalisées. Soyons clairs : Diya One est unique au monde dans cette catégorie robotique de services et IA. Il s’agit d’une plateforme qui dispose, par ailleurs, d’une reconnaissance et d’une visibilité internationales.

L’île Maurice a besoin de rayonner, de voir, de ressentir et de partager le souffle du progrès, aussi bien avec l’Afrique que l’Inde. Ayant une entité mauricienne, Diya One va alors devenir un symbole technologique. Toutefois, avoir une proposition de valeur technologique ne suffit plus dans un jeu global. Il est impératif de la coupler à un leadership de projet capable de porter une vision novatrice, aussi bien acceptée dans les milieux de la recherche académique, institutionnels et industriels.

L’autre aspect des choses est la capacité de former les jeunes et toutes les personnes intéressées à l’IA sur une plateforme ouverte. Cela signifie que l’écosystème peut s’approprier cette plateforme pour innover et développer de nouveaux services par type de marché, mais aussi développer des projets de recherche en robotique, en Internet des objets ou sur le Big Data. Imaginez le potentiel pour l’île Maurice, les bâtiments, les administrations, les gens, etc. Diya One est finalement une «méta technologie» apprenante sur laquelle des créations de valeur peuvent s’articuler, sans parler des opportunités de lignée de produits à venir. Toutefois, pour accélérer le développement de l’IA et de la robotique de services, qui va bien au-delà de Diya One, il faut évidemment une fusée qui trace la voie, crée les conditions, mais la mobilisation des acteurs du pays est souhaitable.

Il ne vous aura pas échappé que chaque nouvelle opportunité se fait malheureusement prendre en otage par des «forces dominantes», mais il est temps pour les Mauriciens de changer de «logiciel mental», de penser à l’avenir du pays et des prochaines générations, de rester raisonnables pour l’avenir. Les projets technologiques sérieux ont besoin d’expertises, d’expériences réussies, de leaders éclairés et aguerris, pas «d’hommes qui ont vu l’homme qui imite l’homme qui a vu l’homme qui a fait le feu !» ou d’hommes qui tentent des greffes de modèles non reproductibles et non adaptables au contexte mauricien. Ma conviction est qu’il faut se réinventer et «partager pour réussir». Je l’ai montré en recherche et exprimé depuis le début de ce siècle. Chacun a un rôle à jouer dans la réussite de l’île Maurice. Soyons humbles ! Respectons la production de connaissances ! Apprenons! Nous sommes capables de cela à l’île Maurice. Il est temps de changer de posture et d’être autant dans la coproduction de valeur que dans le partage des possibilités de développement.