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Pour un assainissement des relations industrielles

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Pour un assainissement des relations industrielles | business-magazine.mu

La plus grande richesse de notre pays, c’est la force de production des vrais producteurs. Le producteur étant défini comme celui qui produit un bien matériel dans les secteurs agricole, industriel ou des services. Le secteur agricole peut être catégorisé comme suit : l’agriculture d’exportation (cash crops), l’agro-industrie et l’autosuffisance alimentaire.

Dans le secteur industriel, il existe deux grandes catégories : l’industrie de substitution à l’importation et celle de substitution à l’exportation. Cette dernière s’adapte aux besoins du commerce international. C’est ainsi qu’il est apparu profitable pour la filière sucrière de produire de l’éthanol et c’est aussi pour cela que nous avons diversifié nos activités avec le textile dans les années 70.

Il importe également de considérer le secteur tertiaire avec notamment ses différentes perspectives.

À la FPU (Federation of Progressive Unions), c’est dans cette globalité qu’il faut voir le marché de l’emploi à Maurice pour agir dans les différents secteurs. Cette vision globale est nécessaire pour que nos décisions ne portent pas préjudice aux employés dans d’autres secteurs même si ce ne sont pas des secteurs que nous représentons. Assurer que les salaires des travailleurs leur assurent un niveau de vie convenable et que les travailleurs aient une sécurité d’emploi sont les piliers fondamentaux de notre lutte.

Lorsque la FPU évoque les conditions de travail, elle pense aussi au temps de travail. Dans les secteurs que nous représentons, le modèle que nous poursuivons est la réduction du temps de travail parce que les avancées technologiques doivent servir l’homme. Nous n’acceptons pas l’idée que la machine puisse remplacer l’homme. Il faut bien comprendre que cette approche découle d’une vision globale. Il ne faut pas avancer la question des avantages pour l’industrie de la mécanisation sans parler de l’absolue nécessité d’entretien des machines et des services qui doivent impérativement accompagner la distribution. La production n’a qu’un objectif : satisfaire une demande émanant d’un marché composé d’individus qui veulent être reconnus dans leur individualité. C’est pour cela que l’industrie de l’ameublement se tourne de plus en plus vers le sur-mesure. C’est pour cela qu’IKEA, le plus grand fournisseur de meubles européen, accompagne sa distribution d’une campagne de marketing axée sur la façon de customiser ses meubles pour les rendre uniques. On ne met pas au rancart l’économie de l’offre, mais pendant longtemps encore l’économie de la demande va primer.

À ce stade, on peut se demander quel est le lien entre une stratégie marketing et l’approche de la FPU. La FPU était auparavant connue sous le nom de FPBU (Federation of Parastatal Bodies Unions). Elle représente depuis ses origines des secteurs quasi étatiques. Le CEB, la MPA, la MSP et Air Mauritius sont des secteurs où les salaires sont souvent trois fois supérieurs au secteur privé. Ce sont des secteurs qui sont au service de la population. C’est pour cela que nous menons un combat pour que le syndicalisme soit à la hauteur d’une culture qui prône le respect pour le travailleur et l’assurance que ce dernier ait un niveau de vie respectable. Le syndicalisme pour nous, ne peut pas être populiste et démagogique. Nous faisons très rarement appel à la grève. Nous préconisons la négociation collective et nous obtenons le respect des employeurs en exigeant une gestion saine dans le respect des salariés, des femmes et des minorités. Pour cela, il faut se détacher de l’instant et de l’actualité. Il faut voir les choses sur le long terme. Nous insistons sur l’instauration d’un Procedural agreement. Cet outil permet l’instauration d’un climat propice au dialogue et à l’échange de propositions. Ce n’est pas un «one-sided process». Le syndicat ne doit pas être le seul à avoir des propositions. Le patronat doit aussi en faire. Ce dialogue a pour base de départ d’opposer le Re-instatement du purchasing power à l’inflation. Et lorsqu’il existe des Residual disputes où aucun accord n’a été trouvé, nous nous tournons alors vers l’arbitrage. Ce sont des procédés qui prennent du temps et qui requièrent une bonne dose de patience de la part des salariés et des dirigeants. Mais le résultat ne peut qu’être bénéfique pour l’un comme pour l’autre. Car au final, il y va de la bonne marche de l’entreprise.