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Portrait Rencontre

Allan Dorasamy, l’artiste de la finance

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Allan Dorasamy

Allan Dorasamy est Chief Financial Officer/Chief Operating Officer de Delta Trust (Suisse), une banque spécialisée dans la gestion de fortune. Établi en Suisse depuis 27 ans, il rêve de revenir à Maurice pour y ouvrir une ferme.

Né en 1967, Allan Dorasamy grandit dans une famille aisée. Son père est inspecteur de police et sa mère fait du bénévolat au sein de l’Action Familiale. Il effectue sa scolarité primaire à Montagne-Blanche et sa scolarité secondaire au collège St-Mary’s. Il passe la majeure partie de son adolescence aux quartersde la Special Mobile Force (SMF) de Vacoas et c’est non sans une certaine nostalgie dans le regard qu’il évoque ce qu’il appelle « des périodes très sympathiques».

« Je suis atypique car même si aujourd’hui, je dirige une banque à Genève, je n’avais pas le profil pour ce type de métier», confie Allan Dorasamy. En effet, au collège, il avait la fibre artistique très prononcée, allant même jusqu’à créer un groupe musical. Celui-ci se produit alors dans un hôtel, à Grand-Baie. « En 1984 ou 1985, nous avons eu la possibilité de nous produire au Chaland, aujourd’hui Shandrani. A ce moment-là, c’était pour moi définitivement ce que je voulais faire comme carrière. Mais à l’époque, l’hôtellerie n’était pas ce qu’elle est maintenant ; les Mauriciens avaient une mauvaise image de ce secteur. Le fait que j’étais chanteur à l’hôtel était plutôt mal vu dans mon entourage.»

Allan Dorasamy demeure tout de même dans ce domaine et au Chaland, il est rapidement nommé responsable de l’animation, poste qu’il occupera pendant deux ans. Puis, il prend de l’emploi au Méridien mais est déçu par l’atmosphère plus tempérée des lieux. C’est donc pour le Club Med qu’il optera par la suite. Entre-temps, il aura rencontré celle qui allait devenir son épouse.  « Elle a voulu que je vienne en Suisse pour connaître sa famille. J’y suis allé avec l’intention d’y passer trois mois et de poursuivre ensuite mon travail de chanteur/animateur car je gagnais plus d’argent que mon père qui était inspecteur de police. Mais elle m’a proposé de rester en Suisse et comme je me laisse toujours porter par la vague, j’ai tenté l’aventure et cela fait 27 ans que j’y suis.»

A Zurich, Allan Dorasamy doit faire preuve de débrouillardise et commence par faire du nettoyage. Toutefois, il ne se laisse pas décourager vu qu’il n’a jamais rechigné à travailler. Puis, un jour, il tombe sur un journal français et y lit que l’on recrute des vendeurs pour le premier magasin Esprit qui va s’ouvrir à Lausanne, autre ville de Suisse. Il postule et sa candidature est retenue. C’est ainsi qu’il quitte Zurich pour Lausanne.

Lorsque sa première fille naît, une année après son arrivée en Suisse, le salaire de vendeur que perçoit Allan Dorasamy ne suffit plus. Aussi, doit-il envisager d’entreprendre des études :
« Je me suis renseigné pour des études en expertise comptable et contrôle de gestion. C’était des études très longues qui allaient durer sept ans. De 1990 à 1992, j’ai fait l’apprentissage de base, qui est le certificat fédéral de capacité, en cours du soir. Ensuite, j’ai fait un break en 1993 car ma deuxième fille était née. J’ai repris les études fin 93 et là, j’ai commencé le cursus du brevet fédéral de comptable, qui a nécessité cinq ans en cours du soir. Après, j’ai fait encore deux ans de contrôle de gestion pour acquérir, finalement, un brevet fédéral de comptable et contrôleur de gestion. » 

On peut dire que notre compatriote a été bien inspiré quant à son choix d’études vu que grâce à celles-ci, la réalité a dépassé de loin ses espérances. Tandis qu’il poursuit ses études, Allan Dorasamy obtient un poste chez Dreieck Leasing SA, une compagnie évoluant dans le domaine du leasing financier où il restera pendant sept ans. En dépit des contraintes qu’elle représente, la formule travail/études lui réussit à merveille étant donné qu’à chaque fois qu’il atteint une étape supérieure dans son parcours académique, la compagnie lui confie plus de responsabilités. Ainsi, se souvient-il, « J’ai débuté comme aide-comptable, après j’ai été comptable puis chef comptable. »Au bout de sept ans, Allan Dorasamy intègre cette fois Palmyra Management SA, une compagnie familiale d’armateurs grecs au sujet de laquelle il dit, « Cela ne m’a pas comblé. ». Il a alors 34 ans et une grande soif d'aventure. «Et surtout, je savais qu’à la quarantaine, j’allais devoir me stabiliser. »

A ce moment-là, Allan Dorasamy décide de travailler pour Nextrom SA, une division de Nokia qui n’a rien à voir avec la téléphonie. « J’étais dans l’industrie à 100 %. La compagnie employait 1 200 personnes et moi, j’étais l’assistant du directeur financier. A la tête d’une petite équipe de cinq personnes, j’ai fait de la comptabilité analytique et de la comptabilité financière. C’était intense ! » se remémore-t-il. Ce métier correspond à ses objectifs. Et qu’importe la pression, il sait s’imposer par son travail. L’arrivée de son fils l’incitera cependant à prendre du recul : «J’étais un peu fatigué ; je ne voulais surtout pas être un bourreau de travail et voir à peine mon fils comme cela avait été le cas avec mes filles. Il fallait lever un peu le pied, trouver un autre travail intéressant mais avec moins d’heures passées au bureau.»

Allan Dorasamy restera deux ans chez Nextrom SA puis il sera embauché par Christie’s International SA où il occupera le poste d’assistant directeur financier. Dans un premier temps, tout se passe bien pour lui, mais après, «les propositions que je faisais étaient entendues sans être mises en pratique. C’était frustrant. De plus, la comptabilité était simple et je m’ennuyais
un peu
. »

En se mettant à la recherche d’un autre emploi, il est engagé comme Chief Financial Officer (CFO)-Chief Operating Officer (COO) chez  bridport & cie s.a., une entreprise évoluant dans le domaine du courtage obligataire. La compagnie venait d’obtenir la licence du régulateur pour être en phase avec les normes bancaires. « Aujourd’hui encore, je me dis que j’ai été complètement fou de m’engager dans cette voie car je venais de l’industrie et ne connaissais absolument rien à la loi bancaire. J’ai passé des nuits entières à me documenter à ce sujet. » Après quatre ans, Allan Dorasamy choisit de s’orienter vers une autre entreprise « aux multiples produits et ne s’occupant pas seulement de courtage obligataire. Avendis Capital SA, unhedge fund, venait d’être créé. Il cherchait un CFO-COO et j’étais là au bon moment. C’était en 2005. J’y ai acquis beaucoup de connaissances. » Une année plus tard, Allan Dorasamy constate que le patron s’approprie l’argent de la compagnie illégalement. « En tant que directeur financier, j’ai dû aborder la question avec lui. Les explications qu’il me fournissait ne me satisfaisaient pas et la relation a commencé à être compliquée.»  

C’est ainsi qu’Allan Dorasamy prendra de l’emploi au sein de Delta Trust (Suisse) SA où il occupe jusqu’à ce jour les postes de CFO-COO, de Head of Administration & Accountinget de Deputy General Manager. Delta Trust (Suisse) - une banque privée engagée dans la gestion de fortune - est une branche du groupe brésilien Delta Bank. « La gestion de fortune est beaucoup plus discrète que le hedge fund. J’ai eu du mal à m’y faire au début mais j’adore ce que je fais. J’y suis, j’y reste.»

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