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Portrait Rencontre

Deepa Manrakhan – Vivre à fond l’aventure entrepreneuriale

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Deepa Manrakhan - Vivre à fond l’aventure entrepreneuriale | business-magazine.mu

Un portrait qui parlerait d’elle ?

Deepa Manrakhan, la cofondatrice d’Earth’s Joys, refuse d’abord gentiment notre requête. Ce n’est pas encore l’heure, mais surtout, les projecteurs seront braqués sur elle. Or, l’ancienne Marketing Manager de Grays, pourtant habituée aux coulisses des campagnes de marketing les plus fastueuses pour promouvoir les produits de son ancienne compagnie, reste une grande timide et confie n’avoir que rarement parlé d’ellemême en 14 ans de carrière. Et, c’est souvent abandonnant tout strass et paillettes, et revêtant simplement une élégante chemise noire, et une veste noire qu’elle a toujours officié, laissant le soin à son équipe d’aller au-devant des projecteurs.

Ce qui finira par convaincre Deepa Manrakhan de s’ouvrir sur son parcours personnel, c’est de partager son vécu en tant qu’entrepreneure ayant fait de l’innovation son cheval de bataille. D’ailleurs, Earth’s Joys est la première société mauricienne à distribuer le Konjac, un produit alimentaire à basse calorie prisé par les adeptes du Ketogenic Diet et qui rencontre déjà un vif succès.

Tout naturellement, c’est dans un cadre ouvert sur la nature, à la terrasse de la French Guinguette, petit établissement convivial situé à Pointe-aux-Canonniers, que la rencontre a lieu. Darlene Lam, la cofondatrice d’Earth’s Joys’, est aussi présente. «En ce moment, je dors trois heures par jour et il n’y a plus de week-end. En tant qu’entrepreneure, les journées se remplissent toutes seules; il y a mille choses à faire et nombre d’imprévus. Et, dans cette aventure, Darlene, la cofondatrice est mon alliée en qui j’ai une totale confiance», confie Deepa Manrakhan, qui est connue pour ses qualités d’oratrice. D’ailleurs, elle est championne du Toastmasters Club de Port-Louis. Elle poursuit : «Darlene, c’est mon opposée ; elle est toujours calme et fait scrupuleusement attention aux finances. Elle est également une spécialiste en marketing et on se complète sans efforts car on partage les mêmes valeurs». Et la discrète Darlene Lam de confirmer : «Avec Deepa, on est dans une phase ‘Busy happy’. Il n’y a pas de repos avec le lancement de l’entreprise, mais il y a une joie profonde et la certitude d’être engagées dans une démarche éthique et bénéfique autant à nous-mêmes qu’aux clients et partenaires».

Deepa Manrakhan a su s’entourer de personnes sincères et à l’écoute, sans s’attacher au titre ou au statut extérieur de la personne. En travaillant dans le domaine des spiritueux pour l’un des plus grands groupes de distribution de Maurice, elle explique avoir eu l’occasion de côtoyer des personnes très influentes, célèbres et fortunées.

«Je n’ai jamais cherché à tirer avantage de ces rencontres ou à adopter une attitude opportuniste pour nouer des relations. C’est ce qui est à l’intérieur de la personne qui m’attire. Et d’ailleurs, même dans le recrutement, c’est au potentiel et à l’engagement sincère de la personne que je fais confiance», soutient-elle.

L’entrepreneure dit avoir été profondément marquée par le livre de Simon Sinek : Leaders Eat Last. Cette lecture modifiera son approche du management et la poussera à faire preuve d’empathie et à se mettre à la place de ses employés. «En tant que Manager, je sais que chaque membre de mon équipe vient d’une famille qui place en moi la confiance de bien m’occuper de leurs enfants, de leurs frères, de leurs sœurs, de leurs parents. Et, quand il y a des situations complexes, j’arrive à trancher en me posant la question : «Comment voudrais-je qu’on traite mon frère ou ma sœur? Je me place au même niveau que mes employés. J’ai rendu le tablier quand j’ai eu le déclic pour l’entrepreneuriat, et quand j’ai senti la passion et l’envie de me donner à 101% me gagner. Je ne pourrai travailler pour moi-même ni pour quelqu’un d’autre sans offrir cette qualité d’engagement», observe-t-elle.

Pour Deepa Manrakhan, l’entrepreneuriat est avant tout une belle leçon de vie. Devenir son propre patron lui a permis de revoir sa façon d’aborder la vie. «J’ai fait de grandes études et je me réserve le temps de faire un doctorat plus tard. J’ai acquis une maison. Et je rêvais vraiment de posséder une BMW Z4 et j’en ai acheté une avant mes quarante ans. Je m’étais habituée à ce que les gens se retournent au passage de ma voiture de sport et que des conducteurs me fassent la course sur l’autoroute. Or, j’ai changé de regard sur les priorités de la vie et ce qui me rend réellement heureuse. Aujourd’hui, c’est tout un symbole : j’ai vendu ma BMW Z4 pour acheter deux petits camions réfrigérés. J’aurais pu continuer à vivre une vie confortable et assurée, mais je me serais sûrement réveillée à 65 ans avec le regret de ne jamais avoir tenté l’aventure de l’entrepreneuriat», observe-t-elle. A-t-elle le sentiment d’avoir fait le bon choix ? Oui, répond-elle. «En ce moment, je ne cesse d’apprendre et de grandir», lancet-elle.

Deepa Manrakhan affirme avoir le plus grand respect pour les entreprises qui ont pu assurer leur pérennité et leur développement dans le temps. «Le monde d’aujourd’hui est rude pour les affaires et le commerce. Les entreprises qui arrivent à durer au-delà de plusieurs générations méritent tout notre respect car elles bravent bien des tempêtes et arrivent quand même à rester debout et offrir de l’emploi et des produits et services qui sont bien utiles aux consommateurs», ajoute-t-elle.

Pourquoi avoir fait le choix de produits alimentaires à basse calorie avec Earth’s Joys. À cette question, Darlene Lama intervient sans fausse pudeur : «‘I’m a breast cancer survivor’. Et Deepa m’a accordé son soutien indéfectible au moment de l’opération et pendant les trois années qu’ont duré le traitement. Pour faire un Pet scan, on injecte un produit qui contient des glucides qui font réagir les cellules cancéreuses. Cela m’a fait comprendre à quel point le sucre a envahi notre alimentation. Et, lors d’un voyage en Asie, j’ai découvert les propriétés du Konjac, qui est une farine obtenue à partir d’un tubercule qui ressemble au surin qu’on connaît à Maurice. Cette farine est produite de manière très simple et sans additifs. Elle est entièrement constituée de fibres alimentaires. Ainsi, elle est idéale pour les personnes diabétiques ou qui suivent des régimes». Et Deepa Manrakhan de faire ressortir : «Même si on a tout l’or du monde, face à la maladie, on est rien. Et j’ai réalisé que c’est pour la société que nous cherchons à atteindre des buts dans la vie, parce qu’on est conditionné ainsi. Mais on peut dépasser ce conditionnement et revenir aux vraies valeurs, ce qui nous donne vraiment du sens à notre existence et tout ce que nous pouvons faire pour passer le relais et soutenir ceux qui sont dans des démarches authentiques».