Herland Cerveaux, fervent défenseur de la coopération régionale

Le Réunionnais Herland Cerveaux chapeaute à Maurice le programme de renforcement des capacités commerciales pour le compte de l’Union des Chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien. Il porte, à ce titre, un regard affûté sur la nécessité d’un rapprochement entre les îles de la région.

Herland Cerveaux, directeur de programme auprès de l’Union des Chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI), n’a que 27 ans mais déjà un riche parcours sur les plans académique et professionnel. Le ton assuré qu’il adopte pour évoquer son cheminement et ses présentes responsabilités ne laisse aucun doute quant à sa détermination à favoriser le rapprochement entre les îles du sud-ouest de l’océan Indien dans une perspective de développement économique et commercial. «La coopération régionale, les échanges commerciaux, l’intégration et le développement économique sont des thématiques qui m’ont très vite attiré. J’ai effectué toutes mes études dans le but précis d’œuvrer dans ces secteurs d’activités en contribuant, en particulier, au renforcement des liens entre l’île de La Réunion et les îles voisines de l’océan Indien», fait-il ressortir d’emblée avant d’ajouter que le «grand continent africain» ne le laisse pas, non plus, indifférent.

Résidant à l’île Maurice depuis trois ans, Herland Cerveaux est né à La Réunion où il a passé les quatorze premières années de sa vie. Il met ensuite le cap sur la France et y vivra une dizaine d’années afin d’y poursuivre ses études. Son enfance insulaire nourrira certainement son penchant naturel pour la coopération régionale pendant cette période.

Passionné d’économie, Herland Cerveaux entame, en 2006, une licence en administration économique et sociale. Une année après l’obtention de ce diplôme, il entreprend des études en coopération et solidarité internationales à l’Université Evry-Val-d’Essonne, en Île-de-France, puis opte pour un cursus anglophone de développement économique et de gestion de projets internationaux à l’Université Paris-Est Créteil.

Ses domaines d’intérêt, sa formation et son engagement socio-humanitaire amènent le jeune homme à rejoindre le Réseau africain des affaires, à Paris. Il y participera à la conception et la mise en œuvre d’une stratégie partenariale ainsi qu’à l’organisation d’un colloque international portant sur les entreprises et le développement durable en Afrique. «La plus-value de la diaspora africaine installée en Europe pour le développement du continent africain est au centre des activités de ce réseau. Cette expérience a réellement contribué à renforcer mes aspirations de coopération régionale», souligne Herland Cerveaux.

En 2012, notre interlocuteur se retrouve dans la ville portuaire d’El Jebha, au Maroc, pour une étude de terrain dans le cadre d’un projet associatif visant à mettre en place un schéma de coopération entre les acteurs locaux pour favoriser une gestion commune des déchets. Un mois après l’achèvement de cette étude, en mars 2012, Herland Cerveaux atterrit à Maurice. Bénéficiaire du programme de Volontariat de solidarité internationale, il opère pendant trois ans à la Commission de l’océan Indien (COI), en tant qu’assistant chargé de missions économiques au sein du département Espace et infrastructures économiques régionales. «J’ai surtout travaillé sur des dossiers relatifs à la connectivité maritime, aérienne et numérique ; à l’intégration économique  régionale, à l’appui au secteur privé au niveau de la région. J’ai aussi été amené à traiter régulièrement avec les Chambres de commerce et d’industrie, notamment en vue des Forums économiques des îles de l’océan Indien», explique-t-il.

Une expérience professionnelle qu’il qualifie d’«enrichissante» et qui l’encourage à présenter sa candidature lorsque la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de La Réunion recherche un directeur de programme pour l’administration régionale de l’UCCIOI. Son passage à la COI, où Herland Cerveaux a eu l’occasion de traiter, entre autres, des dossiers de renforcement des capacités commerciales, facilite dès le départ son adaptation à ses nouvelles fonctions. «On ne peut pas dire que j’étais totalement dépaysé», remarque-t-il, dans un sourire.

L’UCCIOI, poursuit le directeur de programme, représente les intérêts des entreprises privées industrielles, commerciales et de services de La Réunion, de Maurice, des Comores, de Madagascar, de Mayotte et des Seychelles au niveau régional. C’est dans le sillage du premier Forum économique de l’océan Indien, qui s’est tenu dans la Grande île en 2005, rappelle-t-il, que l’idée d’une Union des Chambres de commerce et d’industrie des îles du sud-ouest de l’océan Indien a vu le jour. Il s’agissait alors de réunir les leviers d’action des CCI à travers la coopération régionale pour promouvoir le développement économique de cette partie du monde.

La mission d’Herland Cerveaux au sein de l’UCCIOI consiste à coordonner le programme de renforcement des capacités commerciales dans l’océan Indien. Un programme d’une durée de trois ans, financé par l’Agence française de développement à hauteur de 2,4 millions d’euros et administré par l’UCCIOI, dans une démarche d’encouragement des échanges économiques et commerciaux entre les îles de la région. Dans l’exercice des sous-rôles de son poste de directeur de programme, Herland Cerveaux collabore avec des partenaires sectoriels afin d’assurer une implication des acteurs de premier plan des secteurs que touche le projet. L’UCCIOI travaille ainsi en partenariat avec l’association des Iles Vanille en vue d’«un meilleur positionnement de la région» sur le segment écotouristique et l’Association des ports des îles de l’océan Indien, pour «la mise en place d’un plan de formations commun aux ports de la région visant à augmenter la productivité des métiers portuaires et ainsi la fluidification du transport de marchandises».

De son bureau au siège de la CCI de Maurice, à Port-Louis, Herland Cerveaux est régulièrement en communication avec les référents de l’UCCIOI, dispersés entre les îles de l’océan Indien mais qui constituent néanmoins une équipe œuvrant «pour un dialogue régional constant». Le rapprochement entre les îles de la région, estime-t-il, est une condition sine qua non de leur réussite économique. «Je crois, étant Réunionnais, qu’il n’y a plus à argumenter sur le fait qu’une appréhension régionale de l’économie serait plus viable que d’envisager le développement économique à une échelle insulaire et isolée. Le programme de renforcement des capacités commerciales a pour mission de dépasser l’argument pour se diriger vers la démonstration».

À l’échéance de son contrat, Herland Cerveaux verra où sa bonne étoile et ses compétences affûtées le mèneront. Pour l’heure, il n’y pense pas, mais il y a fort à parier que  «l’océan Indien [étant] une région qui [lui] tient à cœur», cela déterminera ses choix professionnels futurs.