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Paul-Loup Sulitzer : le monstre sacré n’a pas tiré sa révérence

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Paul-Loup Sulitzer : le monstre sacré n’a pas tiré sa révérence | business-magazine.mu

Affaibli par la maladie, il ne s’avoue pas vaincu pour autant. À 70 ans, Paul-Loup Sulitzer, CEO de Sulitzer Group, demeure un bourreau du travail. Lucide, à l’affût des opportunités d’affaires, il mène une vie calme entre Maurice, Dubaï, l’Inde et Paris.

Calé sur le canapé du Labourdonnais Waterfront Hotel, Paul-Loup Sulitzer, celui qu’on appelle le monstre sacré, arbore un visage doux et paisible. À 70 ans, le consultant financier et auteur à succès de thrillers financiers est physiquement affaibli, mais il garde un regard lucide sur le monde. Il vit à Maurice depuis plus de deux ans. Il y a créé son entreprise Sulitzer Group avec des partenaires mauriciens, engagés notamment dans des services de conseil. D’ailleurs, Paul-Loup Sulitzer a lancé à Maurice le 8 septembre la première édition d’une série de publications baptisées Le Guide de Sulitzer.

S’il est une «star» comme aime à le décrire son attachée de direction, Ansuya Devi Rathoar, il reste simple et accessible. Dans le Coffee Lounge de l’hôtel d’affaires cinq étoiles du groupe Indigo, Paul-Loup Sulitzer nous attend en compagnie de cette dernière et d’une chargée de relations publiques. La fenêtre donnant sur le port laisse entrer une douce lumière qui éclaire son visage détendu et les yeux bleus limpides de «l’homme aux mille vies», comme la légende qui le précède se plaît à le décrire.

Ressemblant à un gentil pacha avec son sherwani bleu sans manches à motifs, porté sur une chemise blanche en lin, Paul-Loup Sulitzer semble savoir tirer profit des médias.

La machine s’est mise en branle depuis la célébration de ses 70 ans, au restaurant Le Bois Chéri le 22 juillet dernier. Tout s’est enchaîné avec le lancement le 8 septembre du Guide de Sulitzer, dont le premier numéro est consacré aux aspects culturels et historiques de Maurice et Rodrigues et des opportunités d’affaires à l’intérieur de la République.

Dans le charmant décor du restaurant de Bois Chéri, le CEO de Sulitzer Group s’est entouré d’amis et de proches pour marquer ce bel âge en toute simplicité, comme l’est sa vie à Maurice, loin des fastes de Saint Tropez, villégiature très chère au cœur de Paul-Loup Sulitzer.

Blanchi dans l’Angolagate (affaire de ventes d’armes du bloc soviétique au gouvernement angolais en 1994 et pour lequel il avait fourni des services de conseil auprès de l’homme d’affaires Pierre Falcone) et rétabli de son arythmie cardiaque en 2015, après un coma diabétique en 2002 et un accident vasculaire cérébral en 2003, Paul-Loup Sulitzer aurait pu retourner vivre à Saint Tropez. Alors, pourquoi demeure-t-il à Maurice? «Parce que Saint Tropez est une ville du sud, dans le département du Var, qui vit à partir de juin et juillet», répond-il.

Vivant à Maurice qu’il «adore» à raison de quatre mois par an, il aime «aussi les grandes villes». C’est ainsi que le reste de l’année, il partage son temps entre Dubaï, Paris, et l’Inde, surtout pour les affaires.

Paul-Loup Sulitzer était venu à Maurice avec Jacques Chirac, des professionnels de la finance et des Russes. Deux ans après, il y reviendra cette fois-ci à l’invitation de Xavier-Luc Duval. À la demande de l’ancien ministre des Finances, il travaillera avec la Board of Investment pour assurer la promotion de l’île auprès de son réseau de contacts. Ce qu’il fera pendant un mois.

Ansuya Devi Rathoar le rencontre à cette époque et lui propose de rester un peu plus longtemps à Maurice en vue de saisir les opportunités d’affaires. Elle dit fièrement d’ailleurs qu’il a fêté ses trois derniers anniversaires à Maurice.

Convaincu, Paul-Loup Sulitzer s’installe dans le Nord et fonde en juillet 2014 Sulitzer Private World Consulting, une firme engagée dans les services de conseil. Avec des hommes d’affaires mauriciens dont Sendylen Soobrayen, directeur de PLS Images (actuellement directeur exécutif de Sulitzer Group), et Rouben Kistnen, directeur général d’Emboss, il fonde Sulitzer Group. Outre les services de conseil, Sulitzer Group est engagé dans la construction et l’immobilier. «Nous avons beaucoup de clients belges et français à Maurice», dira-t-il à ce propos.

Né à Boulogne-Billancourt en France, Paul-Loup Sulitzer a été marqué par la perte de son père Jules, homme d’affaires et immigré juif de Roumanie, alors qu’il n’avait que 10 ans. Tout au long de son parcours, il s’est inspiré de l’image paternelle.

Mettant fin à ses études à l’adolescence pour se lancer dans la vie active, il enchaîne les petits boulots. Le jeune loup crée à 18 ans un club de porte-clefs qui «rencontre un grand succès». Exploitant ce filon, en important divers gadgets de l’Asie, il devient le plus jeune PDG de France et signe son entrée dans le guide des records de Guinness.

Saisissant au bond chaque opportunité d’affaires qui se présente, Paul-Loup Sulitzer se lance ensuite dans l’immobilier. Puis, assimilant les lois de la finance, il se jette dans ce créneau et se construit un parcours d’expert et de consultant.

Dans les années 80, un autre chapitre s’ouvre dans son parcours professionnel. L’homme d’affaires commence une carrière des plus prolifiques dans le monde littéraire et fait paraître des fictions d’un nouveau genre, connu comme thriller financier ou western-économique. Depuis la parution de son premier roman, Money, il a écrit une trentaine d’autres ouvrages. Parmi ses romans à succès, on retrouve Le Roi vert, Hannah et Cash. Ceux-ci ont été traduits en une quarantaine de langues. Mais il y aura polémique. Certains critiques littéraires diront qu’il n’était pas l’auteur de ces romans. Ce à quoi, il rétorquera qu’il est un «metteur en livre».

Visiblement assagi, l’homme d’affaires continue toujours à travailler. Même à «travailler davantage» nous dit-il avec le sourire car «il faut bien gagner son pain». Il ne l’aurait pas pu sans l’assistance précieuse et indéfectible d’Ansuya Devi Rathoar.

«Seuls les résultats m’inté-ressent.Seuls comptent les actes, la créativité, les passions», ajoute-t-il. De son attachée de direction, il dira qu’«elle est fiable et réussit toutes les missions qui lui sont confiées».

Ansuya Devi Rathoar, admirative de ce qu’elle est en mesure d’apprendre en travaillant à ses côtés et reconnaissante de la chance qu’il lui a donné de faire ses preuves, dit de Sulitzer qu’il bouillonne d’idées tout le temps, qu’il a des contacts privilégiés en haut lieu, et qu’il est rigoureux. On n’y voit rien du personnage un temps honni par la presse française. En fait, nous nous attendions à rencontrer une star et découvrons un homme porté par un discours universaliste.

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