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Portrait Rencontre

Shamin Sookia (Directeur de Perigeum) – Capital Un financier pétri d’humanisme

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Shamin Sookia (Directeur de Perigeum) - Capital Un financier pétri d’humanisme | business-magazine.mu

Personnalité connue dans le domaine du Global Finance et de l’investissement boursier, Shamin Sookia, directeur de Perigeum Capital, est de ces grands hommes qui frappent par leur humilité et leur approche toujours amicale envers les autres. Amoureux des lettres et de la philosophie œcuménique, il reste tout aussi intéressé par l’innovation et les nouvelles technologies.

À son approche, on est frappé par son attitude amicale et son sourire empreint de gentillesse qui désarme tout un chacun. Et Shamin Sookia, qui paraît à peine sorti de la cinquantaine, dirige Perigeum Capital, société qui accompagne des sociétés dont le chiffre d’affaires atteint des milliards. Pourtant, c’est homme à étendre son amitié avec grâce et humanité autant aux CEO et VVIP qu’il côtoie qu’aux jeunes anonymes et néophytes qui traversent son chemin.

Père de trois enfants, dont un expertcomptable et deux autres engagés dans des études en Banques et finances, il avoue en riant : «Mon épouse est femme au foyer, mais c’est elle qui dirige les finances à la maison». Shamin Sookia ne le cache pas : sa force et son plus grand bonheur, il le construit sur la base d’une grande famille soudée. Fils d’instituteur et aîné d’une fratrie de sept frères et sœurs, Shamin Sookia savoure son rôle d’aîné et, parmi ses plus grandes joies, il cite les grandes réunions de famille où, avec affection, les joutes verbales et les grands éclats de rire ne manquent pas, entourés de ses nombreux neveux et nièces.

Amoureux des belles lettres, Shamin Sookia confie qu’il n’avait pas eu pour vocation initiale de se lancer dans une carrière liée à la comptabilité. «Mon rêve était d’être scientifique ; cette envie de s’enquérir est toujours là, qu’il s’agisse d’innovations technologiques, de découvertes scientifiques, d’incursions en zones inexplorées comme l’océan…», avoue-t-il. Si son père avait veillé à ce qu’il excelle dans les langues, le jeune Shamin se passionnait, lui, pour les mathématiques et la physique. Cet élève du collège Sookdeo Bissoondoyal fréquentera le collège Royal de Curepipe où il réussira son Higher School Certificate en se spécialisant dans les matières scientifiques.

Le bac en poche, le chômage battant son fort à Maurice, ce n’est pas à l’étranger que Shamin Sookia déploiera ses ailes. Il rejoindra une petite entreprise comme Accounts Clerk, ensuite la firme De Chazal Du Mée comme auditeur. Il fréquentera aussi des firmes réputées comme Deloitte et Ernst and Young. Ces expériences professionnelles le pousseront à obtenir sa certification d’ACCA et de fil en aiguille, sa vie prendra ainsi un tournant vers une longue et prestigieuse carrière dans le secteur financier. Son appétence pour toute chose scientifique ne diminuera pas, combinée à une soif de connaissances. «Pendant ces années dans des cabinets d’audit, j’ai connu tous types d’entreprises, que ce soit le monde bancaire, le textile, l’industrie cannière et, bien sûr, les services financiers. J’ai ainsi pu voir tout l’éventail des entreprises existant à Maurice», confie-t-il.

Alliés à sa rigueur en comptabilité, cette curiosité naturelle et cet apprentissage continu feront de Shamin Sookia un auditeur, puis un directeur à la fois humain, pragmatique, innovant et déterminé. Il prendra aussi de l’emploi dans le secteur des boissons, notamment la production d’Eski dans un contexte extrêmement compétitif. «On importait en dollar et on exportait en euro. L’euro plafonnait. Et chaque année, les coûts augmentaient. Il fallait investir dans de grosses machines et il n’y avait pas assez de volume pour pallier ces coûts. L’exportation, notamment vers l’Afrique, n’était pas exempte de défis car on devait obtenir des licences et affronter la production locale. Même les grandes compagnies comme Coca-Cola et Pepsi devaient faire face à des problèmes similaires et les marges ne cessaient de rétrécir», se souvient-il.

Il rejoindra ensuite la Bourse de Maurice comme Head of Listing. Or, entre le bac et cette entrée à la Stock Exchange of Mauritius, Shamin Sookia n’aura pas chômé. «C’était un High Profile job et ce qui m’a permis de me démarquer à l’entretien d’embauche, c’est le fait que je lisais beaucoup de journaux et de revues. J’essayais de comprendre l’économie, je réfléchissais beaucoup sur son fonctionnement et j’y apportais ma propre dose de compréhension. De ce fait, j’avais une approche différente sur les questions qu’on pouvait me poser», explique-t-il.

Par ailleurs, tout ayant décroché l’ACCA et rejoint la CIMA, Shamin Sookia décrochera différents diplômes tout en travaillant. «L’IT me fascinait alors et j’avais entamé des études dans ce domaine», raconte-t-il. En dépit de ses autres responsabilités, Shamin Sookia décrochera également un MSc de Keel University en partenariat avec l’UTM de Maurice en Business Information Systems. Cela lui permettra d’allier passion des chiffres et passion pour les nouvelles technologies. «Cela m’a grandement aidé à parfaire mon profil. J’ai pu mettre en place des systèmes de contrôle et des réseaux», fera surface. «C’est la première société à avoir obtenu la licence de Corporate Finance de la FSC. Donc, outre le fait d’être market leader de listing des Global Business Companies pour la plateforme boursière, la société propose toute la gamme de services de Corporate Finance comme le Business Structuring, le Deal Brokering et la valorisation des entreprises.»

Par ailleurs, Shamin Sookia porte un regard philosophe sur le secteur financier : «On dit : ‘The only thing that does not change is change itself.’ Nous sommes une île éloignée dans l’océan Indien mais il y a eu des personnes avec une fibre entrepreneuriale qui ont permis au secteur du GBC de se développer, d’aller au-delà des frontières et d’attirer les investisseurs, des sociétés et essayer de trouver la formule gagnante en matière de fiscalité. Or, ‘There is no such thing as a free lunch.’ Dans un contexte que le BEPS et l’OCDE essaie d’harmoniser, chaque pays regarde ses intérêts. Il faut soi-même se mettre debout sur ses pieds et s’organiser. On l’a vu avec le sucre, le textile et leurs filets de protection qui sont tombés. Pour le GBC, c’est pareil, il faut se réinventer en rajoutant de la valeur, notamment en matière de services. Il y aura une consolidation du secteur avec les petites sociétés qui seront acquises et consolidées. Maurice doit désormais se positionner sur des Capital Markets. Et c’est important qu’il puisse attirer le capital vers l’Afrique et être le pionnier pour rediriger ce capital vers l’Afrique. Il faut attirer les Big Players à Maurice en créant du volume. Et leur présence crée en retour le volume. Donc, c’est dans les deux sens. Pour cela, les ‘local players’ ne doivent pas avoir d’appréhension et ne pas les percevoir comme une menace. Il faut un changement de mindset pour relever les défis.»