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Interculturalité, un atout économique

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Interculturalité

Au lieu de se battre comme des chiffonniers sous le regard impassible, pour ne pas dire approbateur, des politiques afin d’essayer de s’offrir la plus grosse part du gâteau national, l’on gagnerait à déployer le même effort pour le faire grossir et aussi pour mieux le répartir. Malheureusement, ce n’est pas avec les arguments entendus durant la semaine écoulée que nous y parviendrons. Pourtant, notre vivreensemble, que nous essayons tant bien que mal de promouvoir aux yeux du monde, pourrait représenter un atout majeur dans le cadre d’une stratégie visant à ajouter de la valeur à notre économie ou encore pour développer de nouveaux piliers. La culture apporte très souvent des réponses à des problématiques socio-économiques. Toutefois, c’est un outil à double tranchant. Son maniement demande donc de la dextérité. À moins qu’on décide de limiter son usage à des fins purement politiciennes, comme cela a été le cas en 50 ans d’indépendance. Bien que l’on se présente comme une «nation arc-en-ciel», le fait est que la peur de l’autre continue d’être un facteur de division. C’est également cette peur qui explique les réflexes et les revendications communautaires. La lutte pour la préservation des prés carrés, qui est menée tambour battant surtout en période électorale par les chantres du noubanisme, constitue un obstacle à la capacité de notre société à se réinventer. Dans un contexte mondial où la confrontation des idées et l’esprit critique deviennent des avantages comparatifs, ici, l’on préfère s’enfermer dans un système qui ne mène nulle part sauf vers une explosion sociale si l’on persiste sur la voie des amalgames. Deux experts de l’Unesco ont essayé, dans un récent passé, de nous ouvrir les yeux sur le vrai potentiel de la culture mais de toute évidence l’on n’en a cure. Jusqu’ici, aucune suite n’a été donnée aux propositions pour développer les industries créatives et culturelles. Justin O’Connor, l’un des officiels de l’Unesco dépêché dans l’île à la demande du gouvernement en 2012, relevait avec raison que le pays se trouve à la croisée des chemins avec plusieurs piliers économiques montrant des signes d’essoufflement. Aux autorités, il disait à l’époque que l’industrie créative et de la culture était une des clés pour déverrouiller le développement futur. Mais rien n’y fut. Car, comme il l’avait constaté, «le ministère de la Culture n’est pas capable de comprendre ce potentiel». Difficile de s’attendre à mieux. D’autant plus qu’une approche traditionnaliste et une certaine conception de la culture poussent certains à croire que leurs rôles se résument uniquement à la distribution de fonds publics. Tandis que s’ils daignaient lever les yeux, ils verront qu’il y a moyen d’en faire une filière économique à part entière.