Type to search

Laurent Gaboriau (Directeur, Technopole de la Réunion) – «La Réunion est une terre d’innovations avec des solutions durables»

Share
Laurent Gaboriau (Directeur


Sa mission : accompagner les porteurs de projets, encourager la recherche et le développement et favoriser l’éclosion de start-up. En poste depuis juillet 2017, le directeur de la Technopole de La Réunion évoque ses projets pour impulser une culture d’innovation dans les outre-mer.


}

BUSINESS MAGAZINE. Laurent Gaboriau, cela fait neuf mois que vous êtes le directeur de la Technopole de La Réunion. Quel a été votre parcours professionnel avant d’occuper ce poste ? 

Je suis issu du monde de l’entreprise. J’ai débuté mon expérience professionnelle au Congo où j’avais en charge le développement d’un pool économique au nord de Brazzaville dans les secteurs de la construction, l’agroalimentaire et de l’agro-ressource. Au moment de la guerre civile, j’ai quitté l’Afrique pour la France où j’ai eu en arrivant un poste de responsable Europe dans le prêt-à-porter nautique.

Ensuite, j’ai relevé le challenge en tant que directeur régional. Je gérais plus de 35 agences dans un grand groupe de travail temporaire. Arrivé à La Réunion en 2008, j’ai occupé une fonction similaire au sein de la division services RH du groupe Le Quotidien. Avant de prendre la direction de la Technopole de La Réunion, j’ai travaillé pendant trois ans en tant que responsable du réseau Innovation sur les projets spécifiques TechNor/ TechEst. 

TechEst est un projet en construction avec un partenariat envisagé avec Sophia Antipolis, la plus importante technopole de France et d’Europe. Ce projet apportera une dynamique internationale.

Je poursuis la mission de la Technopole de La Réunion qui, depuis 2001, accompagne les entreprises dans le secteur de l’innovation. La Technopole est un outil régional de développement économique par l’innovation de dimension nationale. Elle est affiliée à RETIS, le réseau français de l’innovation qui regroupe 43 technopoles, 27 incubateurs, 28 CEEI et 5 pôles de compétitivité. 


«Le choix de la ‘maritimité’est un regard vers l’avenir»

}


BUSINESS MAGAZINE. Quelles sont les complémentarités et les différences entre une technopole et un incubateur ? 

Si l’on devait positionner le fonctionnement technopole/ incubateur, on pourrait dire que l’outil incubateur vit au sein de la technopole mais a des missions bien fléchées et bien spécifiques. L’incubateur est en amont de la technopole, les projets sortis de l’incubateur s’inscrivent dans une dynamique technopolitaine. En résumé, l’incubateur est un nourricier d’une dynamique technopolitaine du territoire. 

Au même titre, nous avons aussi la question entre la technopole et les parcs. Les parcs technologiques sont des espaces géographiques dédiés à l’entrepreneuriat, à la formation supérieure et à la recherche. 

L’association technopole est, quant à elle, présente pour animer, accompagner, développer ce lieu dédié aux différents acteurs de l’économie. 


}

BUSINESS MAGAZINE. L’innovation est-elle au cœur du développement de La Réunion?

Depuis peu, le ministère de l’Enseignement de la Recherche supérieure a rajouté le « i » pour Innovation. C’est le signe que nous sommes dans une densité voulue par l’État de porter l’innovation au cœur de l’enseignement pour créer de nouvelles opportunités et de nouveaux marchés. 

La Réunion est une terre d’innovations avec des solutions durables. Nos structures d’accompagnement de l’entrepreneuriat sont solides : la Technopole de La Réunion avec ses parcs d’activité TechNor à SaintDenis et TechSud à Saint-Pierre et l’Incubateur Régional d’Entreprises Innovantes (Allègre), Nexa (l’Agence Régionale de développement des marchés internationaux et de l’innovation), un CRITT généraliste. On y trouve également les espaces de coworking l’Izine by CBO, Le Village By CA Réunion, des Fablabs dont l’un implanté sur Technor est animé par l’association Solidarnum ou encore l’Orange Hub Innovation hébergé au sein d’EPITECH. La liste est encore longue. 


BUSINESS MAGAZINE. Comment La Réunion se positionne-t-elle sur le plan de l’innovation ?

La Réunion, c’est de l’intelligence et de l’innovation sur tout le territoire et dans toutes les entreprises. Ce secteur se structure et s’enrichit sous l’impulsion de La Technopole et de son Incubateur d’entreprises innovantes et celle grandissante de l’ensemble des acteurs de l’innovation. Aujourd’hui, tout acteur et créateur de valeur peut voir large depuis La Réunion. 


BUSINESS MAGAZINE. On dit de La Réunion qu’elle est un territoire Frenchtech. Pouvezvous nous en dire davantage ? 

Notre île est Frenchtech, portée par Digital Réunion et animée par tous les acteurs de l’économie et des start-up. De grands groupes sont également présents auprès de l’écosystème de l’innovation du territoire comme CBO Territoria, EDF, ORANGE, BNP WAI, Crédit Agricole et Total Réunion. Et ce n’est qu’un début ! Un effort reste à accomplir pour les jeunes entreprises innovantes dont l’accélération reste faible. Cependant, au vu de la dynamique engagée, j’espère que cette donnée sera bientôt conjuguée au passé. Nous accompagnons la dynamique Frenchtech engagée par La Cinor, OceanTech et Digital.

La Technopole accompagne et anime un écosystème Frenchtech autour de l’économie bleue. En effet, l’espace maritime océan Indien est source de richesse, d’emplois et de recherche. Le choix de la «maritimité» est un regard vers l’avenir, une porte ouverte à de nouveaux potentiels.

Je dois souligner que le premier concours Pitch OceanTech orchestré par la Cinor, OceanTech et Digital a été soutenu par La Technopole (11 pitchs). De ce premier concours, trois start-up réunionnaises ont pu bénéficier du programme d’accélération international haut de gamme voulu par cette dynamique. 

}


BUSINESS MAGAZINE. Le paysage entrepreneurial innovant est-il structuré à La Réunion comme dans toute région européenne ?

Comme je l’ai souligné précédemment, l’innovation sur notre territoire se densifie avec un enseignement supérieur à forte valeur ajoutée dominé par l’Université de La Réunion mais également des Écoles Supérieures du numérique come EPITECH, l’École Supérieure d’Ingénieurs Réunion Océan Indien (ESIROI) spécialisée en BTP, énergie, agroalimentaire et numérique.

Il faut savoir que notre tissu de recherche est multisectoriel avec divers organismes publics : le CIRAD, l’IRD, l’Ifremer, le BRGM, le CHU, l’INSERM et le CNRS qui comptent au total une quarantaine d’unités de recherche et de laboratoires (400 chercheurs) et divers instruments scientifiques, dont un cyclotron (CYROI) au service de la biomédecine et des biotechnologies.

Nos clusters et associations thématiques sur notre territoire sont diversifiés : TEMERGIE (énergies renouvelables et développement durable), le pôle de compétitivité QUALTITROPIC, le pôle de la bioéconomie tropicale, le cluster Maritime, le cluster GREEN et le CIRBAT (Centre d’Innovation et de la Recherche de Bâti Tropical) et enfin DIGITAL Réunion, qui représente la filière du numérique à La Réunion. 


BUSINESS MAGAZINE. L’Incubateur Régional de La Réunion a été créé en 2002. Quel est son bilan jusqu’ici ?

L’Incubateur est une structure à part entière dans son fonctionnement mais complémentaire à un territoire ou une dynamique technopolitaine. L’incubateur est né d’un constat du ministre Claude Allègre qui avait déclaré que nous avons un énorme savoir dans les laboratoires universitaires et de très beaux projets qui pourraient faire certainement de très belles entreprises. 

Mis en œuvre par la Technopole de La Réunion depuis 2002, l’Incubateur accompagne la structuration de projets innovants de manière personnalisée pour transformer leur idée en entreprise. Agréé et financé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, La Région Réunion et l’Europe, l’Incubateur a, depuis 2003, accompagné 83 projets, dont 71 sont déjà sortis de ce dispositif. De plus, 51 entreprises (210 emplois directs à forte valeur ajoutée) ont été créées dans les secteurs de l’environnement, de l’agroalimentaire, du numérique, de la santé et des biotechnologies. 


BUSINESS MAGAZINE. Il semblerait que les parcs TechNor et TechSud soient en pleine mutation. Quels sont les projets à venir ?

Les parcs TechNor et TechSud sont de véritables communautés d’affaires centrées sur l’innovation et la création d’un milieu de vie instinctif.

TechSud rassemble à l’heure actuelle un réseau d’acteurs tels que l’IUT et ses laboratoires de recherche, le Centre de Recherche Médicale et en Santé et le pôle d’excellence en télédétection SEAS-OI. L’ouverture de l’espace ALPHA est prévue en juin 2018. ALPHA sera un lieu d’innovation et de partage d’idées. L’émulation collective et le changement seront encouragés par la communauté. Au sein de cette économie collaborative, chacun pourra étendre son réseau, enrichir son portefeuille clients et faire germer de nouveaux projets.

Un plan de recomposition du Parc TechNor est également en projet. Le CUBE aura comme objectif de positionner la technopole et le pôle entrepreneurial comme accélérateur de projets et de développement. Financé par l’Europe, La Région et la CINOR, le CUBE est un projet de plus de 4 000 m2 en deux phases. La première phase, qui s’étend sur plus de 2 000 m2 , a nécessité un budget de 3 millions d’euros.  


«Nous avons comme objectif de créer une Technopole sur Rodrigues»

},{index:7,type:Textarea,name:Text++


BUSINESS MAGAZINE. Quels sont les principaux enjeux de La Technopole en 2018 ?

De garder cette vision un peu jeune de notre territoire car la jeunesse engendre de la dynamique. De pouvoir densifier les actions et opérations de la Technopole à La Réunion. De poursuivre les partenariats avec les entreprises, d’accompagner les porteurs de projets afin de pouvoir continuer à gagner des parts de marché et de créer de l’emploi à forte valeur ajoutée. 

La Technopole a pour ambition de s’ouvrir davantage sur la région océan Indien au niveau des projets de collaboration ou d’échanges avec l’international. C’est un outil parmi d’autres ; nous n’allons pas nous substituer à la Maison de l’Export ou au Club Export mais nous pouvons être un vecteur de communication pour ces deux structures. 

La Technopole peut communiquer sur son île technologique vers l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud. Il est important de montrer notre savoir-faire au-delà de nos frontières. Nous avons des pôles de compétences sur le territoire qui ne sont pas exclusivement représentés sur les Parcs technologiques mais ces Parcs sont une vitrine d’excellence. 

Nous avons de nombreux atouts à La Réunion et il ne tient qu’à nous de mieux les faire exister. C’est un enjeu inhérent à la Technopole, mais également collectif. Que ce soit au niveau de la Cinor, de la Civis, du Département, de la Région, de la Maison de l’Export ou du Club Export, nous devons pouvoir dire que nous avons un territoire riche en formation initiale et secondaire, en universités, en laboratoires, en unités mixtes de recherche, en structures d’accompagnement, en dynamiques économiques. La technopole et ses parcs en sont un des outils.

Par ailleurs, dans le cadre des missions d’accompag n e m e n t , d’animation et de promotion de La Réunion innovante, la Technopole de La Réunion lance, en 2018, la sixième édition du concours de création d’entreprises innovantes. Celui-ci a été lancé en 2013 pour stimuler les initiatives de création d’activités innovantes à La Réunion, faire émerger des projets de start-up innovantes localement et développer un tremplin pour les porteurs de projets d’entreprises innovantes sur le territoire.


BUSINESS MAGAZINE. Quels sont les axes de collaboration et de développement technopolitains avec les îles de la zone océan Indien ? 

Nous avançons lentement mais sûrement dans la zone pour ouvrir une dynamique et des partenariats technopolitains transfrontaliers. Nous avons comme objectif de créer une Technopole sur Rodrigues afin de promouvoir le label «Rodrigues Naturellement» dans les processus de développement des entreprises. Notre but est d’accroître la croissance économique de l’île Rodrigues dans le secteur du numérique et de l’agro/agri. Nous voulons in fine stimuler et détecter des projets novateurs et soutenir leur transformation en sociétés innovantes. L’idée est de promouvoir l’esprit d’entreprise et de créer un développement durable pour se diriger vers «Rodrigues Ile Verte». 

}]
Tags:

You Might also Like