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Lucette Botralahy – «L’émergence économique est un antidoteà la pauvreté»

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Lucette Botralahy - «L’émergence économique est un antidoteà la pauvreté» | business-magazine.mu

Femme de communication issue de la treizième promotion du Centre d’études diplomatiques et stratégiques d’où sont sortis plusieurs membres du gouvernement, Lucette Botralahy pose un regard dépassionné sur la Vision 2030, laquelle a été présentée récemment par le chef de l’État.

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BUSINESS MAGAZINE. Quelle est votre lecture de la Vision 2030 ?

Tout le mérite revient au président de la République, Hery Rajaonarimampianina, et à ses proches collaborateurs qui ont apporté des touches particulières à ce programme. Il est trop ambitieux pour être réaliste, disent les détracteurs. Moi, je suis convaincue que les objectifs sont en parfaite cohérence avec les moyens à mettre en œuvre. 2030 n’est pas une échéance aussi lointaine que cela. Voilà cinquante ans que nous avons tâtonné avec des projets de société aussi utopiques les uns que les autres. Maintenant, nous avons des lignes directrices à suivre. L’adhésion de tous est attendue avec un élan communautaire. Elle est à la base de tout développement social et économique. 


«Les subventions ruinent les caisses de l’État»

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BUSINESS MAGAZINE. Vous n’êtes pas sans savoir que l’impatience gagne aussi bien les opérateurs économiques que la population…

Ce manque de mise en perspective a conduit notre pays là où il est aujourd’hui. Par exemple, tout le monde savait que les demandes en énergie électrique allaient augmenter avec l’essor démographique, mais les centrales hydrauliques, les rares qui ont été construites, et les centrales thermiques ont été limitées dans leur production. Un déficit à l’origine du délestage. Ces problèmes sont en passe d’être résolus par la construction d’installations puissantes capables de fournir des quantités suffisantes, même pour les grosses firmes industrielles. On ne peut solliciter la venue des investisseurs, créateurs d’emplois et de richesse, sans leur offrir les conditions optimales de travail. À commencer par la disponibilité de l’énergie.


BUSINESS MAGAZINE. À ce propos, les réajustements tarifaires de la Jirama font grincer des dents. Vos commentaires ?

En accord avec les bailleurs de fonds, il a été décidé au niveau du gouvernement de mettre un terme, de façon graduelle, aux subventions accordées à la Jirama. Il a été convenu de la rentabiliser par des hausses de tarifs. Car les subventions ruinent les caisses de l’État. Il s’agit ainsi d’une mesure, certes impopulaire, mais salutaire pour cette société d’État en difficulté financière depuis des années. Je pense qu’il s’agit là d’une décision courageuse qui doit être accompagnée par une gestion saine de la Jirama. Afin qu’elle puisse améliorer ses prestations de services.

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BUSINESS MAGAZINE. En quoi Vision 2030 va-t-elle changer la vie des Malgaches ?

Tous les experts, les initiés et les spécialistes des questions macroéconomiques s’accordent sur un point de contraste. Madagascar possède d’immenses potentiels naturels, alors que la majorité de sa population vit dans l’extrême dénuement. Vision 2030, telle qu’elle a été présentée, va répondre à ces problématiques du développement socio-économique par l’exploitation rationnelle de ces ressources naturelles et la distribution équitable des fruits de la croissance économique à venir. De plus, par l’émergence économique, les plus démunis peuvent espérer sortir de la profondeur de la misère dans laquelle ils sont englués depuis trop longtemps.


BUSINESS MAGAZINE. De la belle théorie en somme…

Des changements positifs ont été néanmoins ressentis depuis le retour à l’ordre constitutionnel. Ne serait-ce que la reconquête de la confiance des bailleurs de fonds. Une entreprise difficile après les années transitoires où Madagascar a été frappée par des sanctions internationales. Des investisseurs commencent aussi à venir. Chaque jour combien d’offres d’emplois paraissent-ils dans les journaux ? Cela atteste un regain de vitalité de l’économie nationale. Tout n’est pas parfait, mais la situation globale s’améliore et se prête à l’optimisme. Elle est perfectible. Vision 2030 devrait être le prolongement logique de cette embellie qui s’amorce.


BUSINESS MAGAZINE. Prenons un exemple concret : celui du secteur minier. Beaucoup d’opportunités et peu de retombées pour la population…

Je suis d’avis que désormais, il nous faudra de vrais leaders pour mieux en tirer la quintessence. Le Salon international de Jaipur a aussi prouvé la réussite des trois «P». Une telle expérience devrait être renouvelée. Tous les dispositifs légaux sont en place pour gérer les exploitations. L’or a déjà apporté un léger mieux. De quelques kilos exportés de façon légale, nous avons enregistré 2,7 tonnes l’an passé. Sur un plan plus général, la présidence aura intérêt à former une équipe cohérente pour diriger les activités gravitant autour de la vision présidentielle. 


«On ne peut solliciter les investisseurs sans leur offrir les conditions optimales de travail»

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BUSINESS MAGAZINE. Un point sur lequel vous êtes restée sur votre faim ?

Je souligne qu’aucune mention n’a été faite sur l’eau. Pourtant, Madagascar regorge de nombreuses sources. Il s’agit d’une matière première qui va se tarir à l’horizon 2030. Il est temps de l’exploiter à bon escient. L’économie bleue est aujourd’hui en vogue. 


BUSINESS MAGAZINE. L’émergence économique sous-entend un effet de surprise. Peutelle être programmée ?

Les Dragons asiatiques, le Brésil, la Chine, l’Inde ou encore le Rwanda ont édifié les socles et les bases de leur décollage économique. Mais le monde entier a été plus ou moins surpris par leur avancée subite. Nous avons, avec Vision 2030, des repères, les premiers jalons d’un futur plus serein. Des projets sectoriels y sont énoncés et détaillés. La voie est tracée. Pourquoi chercher à emprunter des chemins de traverse ?

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