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Édito

La déprime

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À quelques semaines de la période festive, l’ambiance n’est toujours pas à la fête. Pire, selon les sondages, industriels et consommateurs sont en train de ronger leur frein. Mais que l’on se rassure: les raisons de la déprime ne sont pas les mêmes des deux côtés.

Voyons le cas des entrepreneurs d’abord. L’enquête trimestrielle de conjoncture effectuée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) démontre, en effet, que l’indicateur de confiance s’est une nouvelle fois dégradé au troisième trimestre pour atteindre 77,5 points, son plus bas niveau depuis le lancement de cet outil en juin 2010. Cette troisième baisse d’affilée de l’indice vient, selon les analystes de la Chambre, refroidir un peu plus les espoirs d’un « rebond conséquent de l’économie mauricienne » cette année.

Comment pouvait-il en être autrement alors que la politique a systématiquement relégué au second plan l’économie depuis le début de l’année ? D’ailleurs, les points avancés par la communauté des affaires, qui ne sait plus à quel saint se vouer dans le présent climat d’incertitude, caractérisent une économie en pilotage automatique.

Outre la fébrilité de la demande domestique, plusieurs facteurs sont pointés du doigt par les capitaines d’industries pour expliquer la morosité ambiante. L’un d’entre eux est la concurrence « déloyale intense » de la part du secteur informel. Voilà un domaine où le gouvernement et les collectivités locales ont lamentablement failli dans leur tâche.

Année après année, le problème revient sur le tapis. Malheureusement, toutes les tentatives pour rectifier le tir se sont révélées vaines jusqu’ici. Ce n’est pas à l’approche des fêtes de fin d’année et en pleine campagne électorale que les autorités vont agir sur la question. Il faudra donc repasser pour une solution durable.

Le manque de main-d’œuvre qualifiée et l’imprévisibilité quant aux coûts relatifs à la conduite des affaires n’ont pas, non plus, manqué d’impacter sur le moral des chefs d’entreprises. Difficile donc de s’attendre, du moins dans le court terme, à un revirement de la tendance, même pas à l’approche de la High spending season. D’autant plus que comme les entrepreneurs, les consommateurs ont également le moral en berne. C’est ce que révèle une étude de TNS Analysis. La firme attribue la dégradation significative de l’indice de confiance des consommateurs au deuxième trimestre à une forte perception de pessimisme s’agissant de l’économie. Il ressort qu’une large majorité des consommateurs interrogés, soit 61,8 %, estiment que le pays n’a pas pris la bonne direction en matière économique.

L’exercice de TNS Analysis relève aussi que bon nombre de consommateurs appréhendent une baisse des revenus d’ici au prochain semestre. Ce qui n’augure rien de bon pour la relance de la consommation, dont la croissance est passée de 6,5 % en moyenne entre 2004 et 2008 à seulement 2,5 % en moyenne entre 2009 et 2013.

Face à de telles anticipations négatives, il n’est pas étonnant que l’indice des perspectives d’achat de biens de consommation durable soit en chute libre. À en croire le sondage, la frilosité n’épargne aucune classe sociale.

Cette image que nous renvoient les deux sondages couplée aux dernières estimations des comptes nationaux nous donnent à penser que le retour à un Feel good factor n’est pas pour demain, surtout pas dans la conjoncture politique actuelle.

Gageons que le pays retrouvera sa sérénité une fois les élections générales terminées, avec l’installation d’un nouveau gouvernement au pouvoir.

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