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Portrait Rencontre

Michel Wong: Explorateur de l’infiniment petit

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À Maurice récemment dans le cadre d’une conférence sur son sujet de prédilection, la nanotechnologie, le directeur de recherche CNRS à l’Institut Montpellier Charles Gerhardt est revenu sur son parcours et son secteur d’activité.

La nanotechnologie avant tout. Telle semble être la devise de Michel Wong, directeur de recherche CNRS (Centre national de la recherche scientifique) à l’Institut Montpellier Charles Gerhardt en France, où s’est établi ce Mauricien originaire de Rivière-Noire.

C’est au collège du Saint-Esprit, à Quatre-Bornes, que Michel Wong fait sa scolarité secondaire avant de s’envoler pour la France où il étudiera la chimie à l’Université de Montpellier. Muni de sa thèse de doctorat en 1987, il met le cap sur l’Allemagne afin d’entreprendre des études postdoctorales à l’Université de Heidelberg. Il travaillera aussi pendant un an dans un laboratoire. Puis, retour à l’Université de Montpellier où Michel Wong est maître de conférences avant de se joindre, en 1990, au CNRS en tant que chargé de recherche. Par la suite, il gravira petit à petit les échelons pour devenir directeur de recherche de deuxième classe en 2003 et de première classe six ans plus tard.

La nanotechnologie (NdlR : domaine de la science dont la vocation est l’étude et la fabrication de structures – nano-objets – aux dimensions comprises entre 1 et 1 000 nanomètres*), explique Michel Wong, qui est à la base chimiste, s’est simplement retrouvée sur sa voie professionnelle et en fait aujourd’hui partie intégrante. « Je n’avais même pas songé à faire ma thèse quand j’ai commencé mes études universitaires. À un moment donné, nous travaillions sur le développement d’un certain nombre de choses, incluant la chimie du silicium – qui est l’élément le plus abondant sur la croûte terrestre. J’y ai pris goût et je me suis donc lancé dans ma thèse », confie-t-il. Ainsi débute son parcours dans le monde de la nanotechnologie. « Nous avons commencé à fonctionnaliser des types de matériaux naturels et sommes parvenus graduellement à fonctionnaliser la silice à travers la chimie », poursuit-il.

La nanotechnologie, quoique méconnue, est présente dans la vie quotidienne à plusieurs niveaux, affirme Michel Wong. Cette science, poursuit-il, est très vaste et est employée dans des champs d’activité tels que l’optique – où elle sert à l’élaboration de verres intelligents ou antireflets –, l’électronique et la médecine. « La nanotechnologie concerne la biologie, la chimie, la physique et même la géologie, je dirais. Les chercheurs en nanotechnologie sont d’ailleurs pluridisciplinaires car nous travaillons notamment avec des biologistes pour mettre au point, par exemple, des nanoparticules en nanomédecine », fait ressortir Michel Wong qui se dit surtout motivé par l’envie d’avancer dans les recherches menées avec ses pairs. 

Dans le but de promouvoir la nanotechnologie, le chercheur d’origine mauricienne a fondé l’Integrated Conference on Nanomaterials, dont il est président. La première édition s’est tenue à Maurice du 31 août au 5 septembre et a vu la participation de délégués de 16 pays. Le thème de la conférence était les nanomatériaux structurés pour l’énergie et l’environnement. Pourquoi avoir choisi l’île à cette occasion, l’avons-nous interrogé. Ce à quoi Michel Wong a répondu qu’il voulait ainsi mieux faire connaître ce créneau à Maurice étant donné qu’il n’existe actuellement qu’une seule entreprise au niveau local travaillant sur la nanotechnologie. Or, indique le chercheur, elle recèle un potentiel énorme pour le secteur de l’environnement en particulier. « La nanobiologie peut être employée afin d’améliorer la protection de nos barrières de corail alors que tout reste à être développé dans le domaine biomédical », souligne-t-il.

Si Michel Wong a déjà songé à rentrer au pays pour s’engager lui-même dans le développement de la nanotechnologie sur le sol natal, il déplore toutefois le manque d’équipement disponible qui ne ferait qu’accroître les investissements nécessaires. Il faut dire que le chercheur a aussi un emploi du temps chargé vu qu’il travaille sur plusieurs projets, comme celui des nanomatériaux photoluminescents.                        

L’univers de la nanotechnologie est pour Michel Wong bien plus qu’un métier car il lui permet d’assouvir une autre de ses passions : les voyages. Les conférences sur son domaine de recherche l’amènent de fait à être constamment en déplacement d’un bout à l’autre de la planète. « Voyager pour le travail m’offre la possibilité de rencontrer d’autres personnes qui évoluent dans la sphère de la nanotechnologie et de procéder à des échanges d’expériences afin de progresser. C’est aussi pour moi une chance inouïe de découvrir les différentes cultures et les édifices historiques à travers   le monde », lance-t-il, enthousiaste. À ce jour, le globe-trotter a déjà visité l’Australie, le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée, Singapour, les États-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine, le Mexique, la France, l’Angleterre et l’Allemagne…, pour ne citer que ceux-là !

Pour en revenir à la nanotechnologie, elle constitue, aux yeux du scientifique, un défi quotidien en vue de faire avancer les projets de recherche. En ce moment, il se consacre au développement de nanoparticules dotées de pores qui peuvent contenir des médicaments et servir, en ce faisant, à traiter le cancer. Ces pores sont ensuite bouchés au moyen de molécules organiques ; un travail qu’il entreprend en collaboration avec un institut de Los Angeles aux États-Unis. « Nous étudions la possibilité de faire entrer ces nanoparticules dans les cellules cancéreuses ou tumorales avec l’aide de nanomachines. Le médicament sera ainsi libéré directement à l’intérieur des cellules atteintes par la maladie », expose le chercheur. L’avantage de cette technique, ajoute-t-il, est qu’elle permet de cibler la cellule cancéreuse en évitant les effets secondaires qu’entraîne « le passage dans le sang de grosses quantités de médicaments ».

Hors de l’univers scientifique qui est le sien, Michel Wong est également marié à Christine et père de Johan, 23 ans et Thierry, 19 ans. Il passe son temps libre à faire du jardinage et un brin de sport. De devise personnelle, il n’en a point, son admiration allant plutôt aux lois de la gravitation universelle qu’aurait inspiré à Isaac Newton la désormais célèbre chute d’une pomme ! Pour terminer, le chercheur avoue qu’il ne saurait dire avec précision ce que représente la nanotechnologie pour lui, « simplement que c’est la diversité des secteurs auxquels elle peut être utile qui contribue à sa progression. »

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