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Affaire BAI : le rapport accablant de nTan

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Affaire BAI : le rapport accablant de nTan | business-magazine.mu

Faut-il voir en l’affaire BAI une faillite des institutions financières ? C’est en tout cas la conclusion vers laquelle tend le cabinet singapourien nTan qui ne manque pas d’égratigner les firmes qui ont agi comme auditeurs pour le compte des filiales du groupe.

Le rapport nTan, commandité par la Banque de Maurice sur le groupe BAI et les circonstances qui ont entraîné son écroulement, a suscité beaucoup d’intérêt depuis qu’il a été rendu public, vendredi dernier.

Retour sur les faits : la BA Insurance et le Bramer Property Fund, filiales du groupe BAI, sont soupçonnés d’être engagés dans un vaste Ponzi d’environ Rs 25 milliards. Du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2013, elles ont accumulé des pertes de Rs 14,7 milliards. Dawood Rawat, Chairman Emeritus du groupe BAI, et des membres de son entourage sont également soupçonnés d’avoir été les bénéficiaires de plusieurs détournements de fonds avoisinant Rs 1 milliard.

Toutefois, faute de temps et d’information, le cabinet singapourien n’a pas été en mesure de déterminer si une partie des fonds d’au moins Rs 17,3 milliards ayant transité par la BA Insurance, le Bramer Property Fund et la Bramer Bank a, au final, été payée à  Dawood Rawat ou à ses proches.

Les réactions n’ont pas tardé. Ainsi, le cabinet BDO, auditeur de Bramer Property Fund, estime qu’on ne peut considérer le fonds comme faisant partie du groupe.

De son côté, le ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, est monté au créneau pour annoncer que des réformes ont été enclenchées au niveau de la Financial Services Commission (FSC), qui a été égratignée par nTan. Le cabinet considère que le régulateur était au courant de la situation financière du groupe BAI dès 2007. «Could this be due to the fact that the FSC placed undue reliance on the “BAI” name and the assurances given in that name?» se demande nTan.

Silence radio du côté de KPMG, l’auditeur du groupe BAI depuis 2004. La firme comptable est également mise à l’index par nTan pour avoir aidé à la non-publication des bilans du groupe BAI. Alors que les bilans de KLAD, qui détenait Seaton Investment, actionnaire majoritaire du groupe BAI, ont été préparés en 2010, 2011 et 2012, ce n’est que le 17 septembre 2014 que KPMG a procédé à leur signature, relève nTan.

Renforcer le secteur financier

Lors de la présentation du rapport préliminaire de nTan, vendredi dernier, le Gouverneur de la Banque centrale, Ramesh Basant Roi, a déclaré que KMPG Afrique du Sud lui a une nouvelle fois donné l’assurance qu’elle procéderait à une restructuration de ses opérations à Maurice et qu’une nouvelle équipe dirigeante serait mise en place. Il estime que les conclusions du rapport nTan sont inestimables et qu’elles pourraient servir à améliorer le secteur financier mauricien. Selon lui, dans l’affaire BAI, il faut blâmer aussi bien les «Chief Executive Officers who misbehaved» que les auditeurs. La Banque de Maurice a pleinement joué son rôle de régulateur lors de la gestion de l’affaire BAI, insiste le Gouverneur Basant Roi. N’empêche, relève-t-il, il y a eu des écarts au niveau de la plus haute hiérarchie de la Banque centrale s’agissant du traitement des transactions des filiales de la BAI.

Selon lui, il est essentiel de renforcer le cadre législatif régissant le secteur financier afin d’éviter d’autres cas de fraude financière d’envergure à l’avenir.

Le rapport nTan ne vient pas dire qui est à blâmer si le groupe BAI a pu continuer ses opérations bien que sa situation financière soit précaire. Dans la première page du rapport, le cabinet singapourien souligne : «Even the best capitalised corporate groups in Mauritius would stagger under such losses (and the BAI group was not one of the best capitalised corporate groups in Mauritius)».

Le groupe BAI s’est livré à plusieurs transactions douteuses qui ont attiré l’attention des autorités compétentes en 2008, puis celle de ses auditeurs en 2010. En tant qu’auditeurs de BA Insurance et de Bramer Property Fund, KPMG et BDO ont-ils rempli pleinement leurs obligations ? questionne nTan. Avant d’ajouter qu’une levée de fonds auprès du public aurait pu être évitée si ces deux cabinets avaient exprimé des réserves sur l’état financierdes deux filiales du groupe BAI.

Concernant la FSC, nTan se demande si elle a fait un suivi auprès du groupe BAI après qu’elle a donné des instructions pour qu’il cesse les «related party investments». Il questionne par ailleurs l’implication du personnel et le rôle joué par les directeurs indépendants des filiales du groupe BAI. Et de conclure que l’affaire BAI aura mis en exergue la faillite des institutions mauriciennes.

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