Chute du cours de l’or : quel impact sur l’économie locale ?

Après une véritable ruée vers l’or dans le sillage de la crise, le cours du métal jaune a amorcé une courbe descendante.

Le 22 juillet, le prix de l’or à l’international chutait à son niveau le plus bas depuis cinq ans s’échangeant à $1 090 l’once, soit 74 % de moins qu’en septembre 2011 lorsqu’il atteignait un pic de $1 900 l’once.  Au 11 août, le cours était remonté à $1 107 l’once. Avec l’éclatement de la crise  en 2008, il y a eu une ruée vers l’or. Mais depuis, son cours a emprunté une courbe  descendante.

Rajiv Lutchmiah, Chief Executive Officer de LCF Securities, explique que l’or a toujours joui d’un statut de valeur refuge. C’est la raison pour laquelle il est en forte demande en temps de crise ou lors des périodes d’incertitudes géopolitiques.

Les raisons de la chute de l’or sont multiples. D’abord, il y a le retour de la croissance de l’économie américaine. De même, l’on a noté une réduction de l’aversion des investisseurs aux risques. Ce qui a entraîné une baisse de la demande pour l’or.

Cette tendance est reflétée par la baisse des Total gold holdingsdu SPDR Gold Trust – le plus gros fonds mondial indexé sur l’or (Exchange traded fund) coté en Bourse. Le volume des réserves du fonds a ainsi chuté de 1 291 tonnes en 2012 à 690 tonnes fin juillet 2015, argue Rajiv Lutchmiah. Avec la stabilisation de l’économie américaine, il y a eu un renchérissement du billet vert. Tout comme le pétrole, le prix de l’or est libellé en dollar. «Un dollar plus fort signifie une baisse du prix de l’or, cela afin de compenser l’acheteur pour toute sortie éventuelle de fonds. La valeur de l’or est inversement liée à celle du dollar», analyse Parvin Kumar Jain, Executive Director et Head of Treasury de BanyanTree Bank.

Quand la crise a éclaté, explique Parvin Kumar Jain, l’or s’est positionné comme une couverture face aux craintes d’une inflation élevée. Or, l’inflation est restée sous contrôle aux États-Unis, en Europe et au Japon. «Les investisseurs sont maintenant réticents à l’idée d’acheter de l’or car les prévisions font état d’une inflation faible à l’échelle de l’économie mondiale», souligne notre interlocuteur.

L’or, un investissement  à long terme

Valeur du jour, les Banques centrales restent les plus grosses acheteuses d’or. Rinsy Ansalam, Managing Director de Bourse Africa, soutient que le marché s’attendait que la Chine augmente ses réserves en or. Toutefois, Pékin a révélé récemment que ses réserves en or ont augmenté de 57 % depuis 2009. Ce qui est beaucoup moins de ce qu’avait estimé le marché, avance-t-il.

Cela dit, comment la chute de l’or affecte-t-elle le marché local ? Il faut savoir qu’une importante partie des réserves de la Banque de Maurice sont en or. Celles-ci ont augmenté systématiquement au fil des derniers mois, passant de Rs 5 milliards en juin 2014 à Rs 12,28 milliards en mars 2015, avant de chuter à Rs 12,18 milliards en avril, Rs 12 milliards en mai et  Rs 11,28 milliards en juin.

«La chute du prix de l’or à l’international indique simplement que la valeur des réserves a diminué», analyse Bernard Stern, directeur de la société de raffinage des métaux précieux Sterns Casting.  Et d’ajouter : «L’or est cependant un investissement à long terme. Cette période est propice pour l’achat. S’agissant de l’impact sur les prix des bijoux en or, il est bon de rappeler que la production est un long processus. La baisse des prix à l’international prendra donc un peu de temps avant de s’infiltrer sur le marché des bijoux», argue Bernard Stern.

De son côté, Parvin Kumar Jain explique que la décision de la Banque de Maurice de constituer des réserves d’or est le reflet d’une tendance internationale. En effet, les Banques centrales adoptent une telle stratégie pour se prémunir contre les risques inflationnistes. À la Banque de Maurice, les réserves en or ont augmenté de 1,91 tonne au dernier trimestre de 2008 à 8,90 tonnes au premier trimestre de 2015.