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Finance – Le secteur bancaire en ébullition

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Finance - Le secteur bancaire en ébullition | business-magazine.mu

Qui succèdera à Yandraduth Googoolye à la tête de la Banque de Maurice ? Les spéculations vont bon train. Selon toute vraisemblance, c’est l’actuel directeur exécutif de la Competition Commission, Deshmuk Kowlessur, qui deviendra le nouveau Gouverneur de la Banque de Maurice. Pour le poste de First Deputy Governor vacant depuis le départ de Renganaden Padayachy, le nom de Harvesh Seegoolam, le Chief Executive de la Financial Services Commission (FSC), est cité avec persistance. Mais, selon nos renseignements, il n’est guère disposé à quitter la FSC. Reste le poste de Second Deputy Governor. Celui-ci devrait être occupé par Hemlata Sewraj-Gopal, l’actuel Company secretary de la BoM.

Quoi qu’il en soit, on est encore au stade de spéculations. Mais les choses devraient se dénouer rapidement compte tenu du fait qu’à la BoM Tower, on accueillera lundi prochain les officiels du Fonds monétaire international dans le cadre des consultations sur l’Article IV.

Selon une source bien informée, la configuration qui a été présentée n’est pas nécessairement celle qui sera privilégiée. «Rien n’a encore été décidé. Les consultations sont en cours à un très haut niveau et la meilleure équipe sera constituée pour porter la Banque de Maurice vers de nouvelles étapes. Cela pour que l’institution soit en ligne avec les nouvelles technologies et les nouveaux développements qui ont lieu dans le secteur bancaire. Donc, c’est la meilleure équipe qui sera constituée pour permettre à la BoM de relever les défis qui se dressent à l’horizon. D’ailleurs, il y a un renouvellement des postes de responsabilité au niveau de plusieurs institutions du pays», laisse entendre cette source. Selon Jaya Patten, directeur de Jaya Advisory - Financial Markets Risks and Governance, les changements à la Banque centrale sont la norme lorsqu’il y a un nouveau gouvernement ; l’expiration du mandat des dirigeants est généralement le moment privilégié pour des changements. Il explique que le secteur bancaire a profondément changé au cours des trois dernières décennies. Le renforcement de la réglementation et des perturbations technologiques posent des défis importants aux banquiers.

LES PRIORITÉS DE LA NOUVELLE ÉQUIPE

L’une des priorités de la nouvelle équipe sera de mettre bon ordre dans les réserves. Actuellement, l’on se retrouve avec une accumulation des réserves.

«La débâcle de l’année dernière concernant le transfert du ‘Special Reserves Fund’ a mis en lumière l’incohérence de la politique actuelle d’accumulation des réserves. Ma suggestion c’est de créer un ‘Future Generation Funds’ et un ‘Debt Management Office’, qui seront distincts de la Banque centrale. Cela devrait contribuer à rationaliser le bilan de la BoM et l’aider à recentrer ses activités principales», observe-t-il.

Le départ annoncé de Yandraduth Googoolye relance, par ailleurs, le débat sur l’indépendance de la BoM. Pour Jaya Patten, il est primordial que la Banque centrale opère en toute indépendance. «Il y a 40 ans, lorsque j’ai commencé ma carrière à la BoM, il était admis par l’orthodoxie que la Banque centrale était une extension du Trésor. Cela s’applique également aux banques centrales du monde entier. Aujourd’hui, tout gouvernement démocratique veut introduire l’indépendance de la Banque centrale. Certes, au lendemain de la crise financière mondiale de 2008, la montée du populisme a remis en cause cette indépendance», argue-t-il.

De son côté, l’économiste Pierre Dinan se dit choqué que les deux chefs de la Banque de Maurice soient priés de partir avant même la fin de leur contrat. Il rappelle que la Banque centrale d’un pays est une véritable institution sur laquelle reposent aussi la confiance des investisseurs et la stabilité de l’économie. «L’économie et le business n’aiment pas l’incertitude. Or, quel message envoie-ton, ’far and wide’, quand une institution de cette envergure se sépare prématurément de ceux qui la dirigent ?» s’interroge-t-il.

Il rappelle qu’en 2004, Maurice avait emboîté le pas au Royaume-Uni, après que Gordon Brown, le Premier ministre des Finances sous le régime Blair, avait statué que la Banque d’Angleterre devait être indépendante. Ainsi, les lois avaient été changées pour garantir cette indépendance de fonctionnement entre la Banque de Maurice et le gouvernement.