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Stratégie africaine Un goût d’inachevé

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Stratégie africaine Un goût d’inachevé | business-magazine.mu


L’Afrique occupe une place importante dans l’agenda du gouvernement. Or, présentée comme telle, la politique africaine fait sourciller.

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Le Premier ministre a annoncé des mesures qui visent à soutenir les investissements transfrontaliers en fonction de l’évolution de la stratégie africaine de Maurice. 

L’avancement des projets de Zones Économiques Spéciales (ZES) est l’une des priorités alors que Maurice a fait du continent africain un important espace économique. La SBM et le Mauritius Africa Fund (MAF) ont mis en place un Africa Infrastructure and Industrialisation Fund pour permettre aux investisseurs locaux de réaliser leur projet dans les ZES. Manisha Dookhony argue que «c’est peut-être un début mais cela pourrait s’étendre dans le long terme pour les projets d’ordre infrastructurel et d’industrialisation dans les pays africains».

Pour sa part Amédée Darga, Managing Director de Straconsult ABDS, pense que la Loan guarantee facility visant à soutenir les investissements transfrontaliers pourrait se révéler quelque chose de positif même si, dit-il, «pour l’instant, ce n’est que l’annonce de quelque chose qui est en négociation avec l’Union européenne». Dans cet ordre d’idées, le congé fiscal de 5 ans ne bénéficiera pas à toutes les entreprises qui veulent investir en Afrique. Clyde Vacher, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie mauricienne en Côte d’Ivoire, espère que l’EDB va communiquer sur cette mesure.

Les mesures ne s’appuient pas sur une vraie stratégie, selon les interlocuteurs. Clyde Vacher souligne que «le gouvernement lorgne vers l’Afrique et veut positionner le pays comme un tremplin pour des investisseurs ou des chercheurs d’opportunités. Le monde entier est dans le même cas de figure. Il ne faut pas oublier que Maurice est un pays africain. À nous d’assumer pleinement cet état de choses. La politique africaine mauricienne doit s’appuyer sur nos racines communes et permettre d’instaurer de vrais dialogues et de vrais échanges avec nos pays frères du continent».


MANQUE DE FOCUS

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Même son de cloche du côté d’Amédée Darga, qui estime que «ce Budget est la continuité dans le manque de focus, de cohérence et s’avère être confus. Depuis 2014, le Mauritius Africa Business Club a bien fait ressortir que la politique africaine de Maurice doit être focalisée sur une région où nous avons des avantages évidents et non être éparpillée. L’Afrique est immense, la partie subsaharienne compte 49 pays. Pourquoi allons-nous investir dans des ZES en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou au Ghana ? Maurice doit, au contraire, privilégier l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, deux régions qui comptent une population de presque 500 millions avec les taux de croissance le plus forts en Afrique», fait-il ressortir. Clyde Vacher argue dans le même sens : «Maurice doit envisager plus d’interaction avec des pays comme le Rwanda, l’Ouganda, l’Éthiopie et le Maroc. Il faut miser sur le Maroc en revisitant ses positions diplomatiques et stratégiques et en essayant d’avancer sur des dossiers ouverts depuis fort longtemps : ambassade, desserte aérienne, projets conjoints en Afrique continentale».

La mise en œuvre des mesures annoncées demeure complexe car, selon Manisha Dookhony, c’est difficile de développer des projets en Afrique. Pour Clyde Vacher, «les accords qui existent entre plusieurs pays africains et Maurice doivent d’abord être pleinement utilisés : une convention, un traité, des avantages fiscaux ne sont rien sans réelle mise en oeuvre et un suivi. Il faut aussi faire attention au fait que de plus en plus de pays africains commencent à remettre en cause les accords avec notre pays, les estimant ‘one sided’. Le vrai échange implique un mouvement d’interaction».

Amédée Darga souhaite plus de clarté sur ce qui jusqu’ici a été d’une grande opacité, à savoir les investissements effectués par le MAF à ce jour, combien le MAF a investi et s’est engagé à investir dans les projets du Twin Technology Towers de Grand Bassam et le Parc Industriel International au Sénégal, les retours sur investissement attendus de ces investissements, les bénéfices des investissements du MAF pour l’économie mauricienne. Et d’ajouter qu’il y avait un projet de SEZ pour Madagascar et «les gérants du Mauritius Africa Fund et les bureaucrates ont complètement raté le coche et se sont laissé mener dans un coin perdu dans la brousse».

Les observateurs sont unanimes sur le fait que les investissements en Afrique vont de pair avec une politique africaine. Manisha Dookhony est d’avis que la diplomatie doit être beaucoup plus africaine. Amédée Darga déplore, lui, l’absence de mesures de soutien à l’exportation des services, dans l’informatique ou les services professionnels, entre autres, sur le continent et d’un Market Research and Market Development Scheme pour aider les entreprises aujourd’hui Domestic Oriented à devenir Export Oriented.

Compte tenu de nos ambitions africaines, il faudrait réinventer la politique diplomatique mauricienne et penser à former de nouveaux maillons pour faire vivre les projets mauriciens sur le continent.  

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