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2023-2024

Capital Humain : un pas de plus vers l’émancipation économique des femmes

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En reconnaissant l’importance de leur contribution économique, le gouvernement a pris des mesures concrètes, notamment dans le budget de cette année, pour encourager l’égalité des chances, et la progression professionnelle des femmes. ce changement de cap reflète la volonté de promouvoir une société plus inclusive et de permettre aux femmes de jouer un rôle central dans le développement économique du pays.

Lillka Cuttaree, directrice du Kip Center for Leadership et administratrice non exécutive de Trampoline au sein du groupe Currimjee, souligne avec conviction que les femmes ont été particulièrement touchées par le chômage, et il est ainsi crucial de tenir compte des normes socio-économiques qui entravent leur intégration active sur le marché du travail. Elle met en évidence l’importance d’identifier et de surmonter les obstacles structurels qui limitent leurs opportunités professionnelles. Elle insiste sur la nécessité de mettre en place des politiques et des initiatives concrètes pour promouvoir l’égalité des sexes et créer un environnement favorable à l’épanouissement professionnel des femmes à Maurice. Elle accueille ainsi favorablement la décision du gouvernement de donner aux femmes les moyens d’intégrer la main-d’oeuvre de façon inclusive.

«La mise en place de crèches d’entreprise est une bonne initiative, car de nombreuses mères professionnelles ne peuvent plus compter sur le soutien familial et ne trouvent pas les ressources nécessaires pour s’occuper de leurs enfants. La diversité d’une force de travail est nécessaire. Et souvent, il ne s’agit pas autant de compétences, car nous comptons davantage de femmes ayant un niveau d’éducation tertiaire que d’hommes, mais plutôt du coût d’assumer les responsabilités domestiques.»

Et quid des femmes occupant des postes à responsabilités plus élevées, notamment au niveau des conseils d’administration ? Cela change-t-il la donne ? «En principe non, car les femmes au niveau des conseils d’administration sont souvent plus matures et moins concernées par les défis du day care. Celles concernées sont surtout les femmes à potentiel qui vont entrer dans une phase de middle management avec des enfants en bas âge. À titre d’exemple, au sein du secteur financier, grand pourvoyeur d’emplois pour les femmes, cela représente au moins 30 % de l’emploi total du secteur ».

Conseil d’administration :  Le quota finalement introduit

N’empêche, poursuit-elle, l’intégration des quotas au niveau des conseils d’administration est une mesure nécessaire et longtemps attendue. Les recherches mondiales recommandent d’ailleurs la présence de trois femmes au sein des conseils d’administration pour favoriser la diversité et l’innovation. Ces mêmes recherches démontrent que les boards comptant davantage de femmes contribuent à réduire le niveau de corruption.

«J’espère que cette loi s’accompagne d’une plus grande diversification des profils au niveau des conseils. Un grand exercice de sensibilisation est tout autant nécessaire. Le Board of Good regroupe 350 femmes disposées à intégrer un board, mais les recrutements souvent se heurtent à un même type de profil recherché, financier, audit ou légal. Parfois, il est plus facile de siéger sur un board à l’étranger qu’à Maurice. Dans un contexte d’ESG, un changement de mindset est nécessaire», admet-elle. Le Mauritius Institute of Directors (MIoD) salue également l’annonce budgétaire pour une meilleure représentation des femmes sur les conseils d’administration.

En effet, les sociétés cotées en Bourse devront inclure un minimum de 25 % de femmes sur leurs conseils d’administration. «Cette décision représente une étape importante dans la promotion de la diversité et de la bonne gouvernance d’entreprise. Elle constitue une avancée significative vers une représentation plus équilibrée, propice à une prise de décision plus éclairée et à de meilleures performances financières pour les entreprises mauriciennes », estime Sheila Ujoodha, CEO du MIoD. «Le MIoD soutient pleinement cette mesure et s’engage à accompagner ces sociétés dans la mise en place de cette nouvelle norme de bonne gouvernance d’entreprise.»

La gouvernance d’entreprise et la représentation féminine sur les conseils d’administration sont étroitement liées, continue Sheila Ujoodha. Une représentation équilibrée des femmes au sein de ces instances clés de décision, ditelle, contribuera à renforcer la gouvernance d’entreprise de manière significative. La mesure annoncée dans le Budget 2023-2024, révèle-t-elle, figure dans les propositions budgétaires soumises par l’institut, qui recommandait d’ailleurs un seuil de 30 %.

«La diversité et l’inclusion sont des valeurs essentielles pour nous. En 2016, nous avons créé le Women Directors Forum pour appuyer ce plaidoyer pour des boards plus inclusifs. Nous avons renforcé ce plaidoyer en lançant un ‘Path to boardroom’ pour préparer les femmes leaders à intégrer les équipes de cadres dirigeants et à siéger sur les conseils d’administration. Aujourd’hui, la Women Leadership Academy a formé 139 femmes leaders prêtes à apporter leur contribution dans les conseils d’administration.»

Cela dit, le MIoD estime que ce seuil de 25 % représente une étape décisive pour la diversité et l’égalité des genres dans la communauté des affaires. «Un signal fort est lancé en choisissant ce pourcentage significatif et en engageant principalement les sociétés cotées en Bourse dans cette démarche», précise la CEO. Il est bon de savoir que les sociétés cotées font l’objet d’un examen plus approfondi de la part des stakeholders, notamment les investisseurs, les actionnaires et le public.

Par ailleurs, comme la directrice du Kip Center, le MIoD souligne que plusieurs études ont démontré une corrélation positive entre la présence de femmes dans les conseils d’administration et les performances financières et opérationnelles des entreprises. «Une étude réalisée par McKinsey a révélé que les entreprises ayant une représentation plus élevée de femmes dans leurs conseils d’administration étaient plus susceptibles d’atteindre des résultats supérieurs en termes de rentabilité. La promotion de la représentation féminine sur les conseils d’administration va au-delà de la simple question d’équité. C’est une démarche qui renforce la gouvernance d’entreprise, stimule l’innovation et améliore les performances globales de l’entreprise», conclut Sheila Ujoodha.

Opportunités saisies et perspectives d’amélioration

À plus grande échelle, Ravish Pothegadoo, le directeur de Talent on Tap, remarque qu’outre les mesures habituelles – attirer les investissements, de la main-d’œuvre étrangère, favoriser la production locale, le secteur manufacturier et soutenir la distribution notamment à travers la baisse de l’essence, le freight rebate scheme, etc. –, on peut y trouver plus de mesures sociales. Il pointe notamment vers la favorisation de l’égalité des genres, le rehaussement du niveau de la vie, incluant la flexibilité au sein des emplois, le soutien financier sur les prêts immobiliers, le revenu minimum garanti, la taxe progressive, etc.

Cependant, dit-il, dans une perspective à plus long terme, cela ne répond pas vraiment aux attentes. «Étant un pays de petite taille avec une population vieillissante, nous sommes tributaires de nos ressources humaines, que ce soit dans le secteur du tourisme ou des services financiers. Nous ne pouvons plus nous permettre d’être appauvris par une fuite de nos cerveaux et de nos ressources, en nous concentrant uniquement sur des ressources étrangères. Il est primordial de remédier à cette situation en mettant en place des mesures visant à retenir nos talents.»

Pour Adilla Diouman-Mosafeer, la directrice générale de Talent Lab, le Budget projette un fort signal social. Elle ajoute que l’ouverture à la maind’œuvre étrangère représente un véritable soulagement pour de nombreuses entreprises, en particulier les PME, qui se sentaient étouffées par la qualité et la disponibilité des compétences locales. «En ouvrant la concurrence à l’international, le ministre confirme sa compréhension du marché de l’emploi actuel et les difficultés des opérateurs locaux. Il créé ainsi un climat propice pour le développement. De ce fait, on peut anticiper que le marché du travail sera poussé vers une prise de conscience, et pourquoi pas une revalorisation de l’emploi en soi. Cela ne pourrait être que bénéfique.»

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