Santé : Offrir un service médical de haut niveau grâce à la technologie

Le dernier exercice budgétaire annonce des investissements significatifs dans le secteur de la santé. Ce dernier sera amélioré à travers une dotation budgétaire de Rs 2,2 milliards pour la modernisation des infrastructures. Par ailleurs, l’e-Health, qui sera bientôt une réalité, permettra à chaque citoyen mauricien de bénéficier d’un dossier unique (One Patient – One Record).

Le secteur de la santé à Maurice joue un rôle crucial dans l’économie du pays, avec une contribution de 5 % au PIB et une croissance sectorielle de 5,6 %. Les investissements directs étrangers dans le secteur de la santé ont atteint Rs 646 millions. L’investissement privé s’élève, lui, à Rs 1,4 milliard et les exportations à Rs 4 milliards. En outre, le secteur de la santé mobilise 9 500 emplois directs. Ce secteur est en pleine évolution à Maurice; de 6 cliniques en 1987 il en compte presque 30 en 2023, ce qui va considérablement étendre et diversifier l’offre. On note une spécialisation de certains établissements dans la cancérologie, la gériatrie ou encore les soins palliatifs. Il est attendu que cette nouvelle approche du secteur saura faire monter le pays en expertise.

Maurice est confronté à des besoins grandissants en matière de soins de santé, avec une augmentation des maladies non transmissibles, une population vieillissante ayant des besoins gériatriques et une population plus soucieuse de sa santé. Celleci a des attentes plus élevées en termes de normes sanitaires, d’un plus large éventail de traitements cliniques et de qualité de vie. Les prestataires de soins de santé, tant publics que privés, ont réalisé des progrès louables au cours de la dernière décennie, en termes de compétences et d’équipements.

Le Dr Yaarthi Devi Soopal- Lutchmun, directrice de l’Unité Médicale au sein du ministère de la Sécurité sociale et Chairman du Medical Council, est d’avis que les mesures budgétaires ouvrent de nouvelles perspectives pour le secteur de la santé, en mettant l’accent sur la modernisation des infrastructures, l’amélioration du dépistage et de la détection précoce du cancer, le renforcement des effectifs et une meilleure prise en charge financière pour les patients et leurs familles. Elle estime que le gouvernement accorde une grande importance à la santé de la population et souhaite réellement améliorer la qualité de vie grâce à la numérisation et à la réforme de ce secteur. Cette approche améliorera la prestation des services à tous les niveaux. «Les investissements dans les infrastructures et les nouvelles technologies permettent d’offrir les meilleurs traitements, conformément aux normes internationales. Le recrutement de personnel supplémentaire créera de nombreux emplois dans le secteur de la santé. Grâce à l’utilisation des nouvelles technologies, moins de personnes auront besoin de se rendre à l’étranger pour des soins médicaux. Les parents d’enfants atteints de cancer bénéficieront de la prise en charge intégrale des coûts liés au traitement, ce qui soulagera considérablement les familles. La détection précoce et le traitement du cancer permettront d’améliorer l’espérance de vie des patients », indique le Dr Yaarthi Devi Soopal-Lutchmun. Elle estime que le gouvernement a pris une bonne initiative en allouant un budget important aux technologies de diagnostic et de prévention du cancer

À noter que Rs 20 millions serviront à renforcer le dépistage des risques de cancer et la détection précoce. L’année dernière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé la vaccination des enfants âgés de 9 à 15 ans contre le papillomavirus humain. Ce vaccin protège les filles et les garçons contre certains types de cancers. Le gouvernement s’engage dans la vaccination de quelque 80 000 enfants. En outre, Rs 210 millions sont prévues pour équiper le nouveau centre de cancérologie en matériel de haute technologie. S’agissant des enfants atteints d’un cancer, une nouvelle politique sera mise en place pour leur traitement à l’étranger ; chaque enfant diagnostiqué avec un cancer sera entièrement pris en charge par le gouvernement depuis le diagnostic jusqu’à la fin des soins.

Gros investissements

Le budget de Rs 2,2 milliards comprend, entre autres, Rs 950 millions pour l’achèvement des travaux de l’hôpital universitaire de Flacq d’ici février 2024 ; Rs 375 millions pour les travaux de construction en cours du New Eye Hospital et de la New Renal Transplant Unit à l’hôpital Jawaharlal Nehru ; Rs 104 millions pour la construction de centres de santé régionaux à Cap Malheureux, New Grove, Wooton, Curepipe et Bambous, et la modernisation des centres de santé régionaux à Tamarin et Case Noyale ; Rs 50 millions pour la construction de centres de santé communautaires , y compris les travaux d’achèvement à St François Xavier, Roche Bois, Trou d’Eau Douce et Camp de Masque ; Rs 91 millions pour achever l’aménagement des cliniques médicales de Stanley, Bel Air, Quartier Militaire, Grand Bois et la construction de nouvelles cliniques médicales à La Tour Koenig et Rivière du Rempart et Rs 114 millions pour des travaux de rénovation aux hôpitaux A.G. Jeetoo, Jawaharlal Nehru, SSR National, Dr. Bruno Cheong, Victoria, Souillac, Mahébourg, Long Mountain, Brown-Séquard et Subramania Bharati Eye. De plus, Rs 180 millions sont prévues pour la mise en oeuvre du projet e-Health à l’hôpital Jawaharlal Nehru. Un montant de Rs 300 millions est également prévu pour l’acquisition d’équipements médicaux modernes pour les hôpitaux.

Ram Nowzadick, président de la Nursing Association, accueille favorablement ces futurs investissements. «Il faut décongestionner les hôpitaux régionaux et le fait d’investir dans les autres infrastructures de santé soulagera les employés de la santé. Il faut certainement encourager les personnes à utiliser les centres communautaires de santé.»

S’agissant du manque de main-d’oeuvre dans ce secteur, le Budget prévoit le recrutement de 1 400 personnes supplémentaires cette année. Une récente étude conjointe de l’Economic Development Board (EDB) et de Maurice Stratégie a révélé une pénurie de main-d’œuvre aiguë et répandue dans tous les secteurs de l’économie à Maurice. Cette pénurie varie de 11,6 % dans le secteur du tourisme à 1,7 % dans celui de la santé. Avec une telle pénurie, il est crucial de prendre des mesures pour attirer et retenir les professionnels qualifiés de la santé.

«Avec l’ouverture du New Cancer Hospital et d’autres infrastructures de santé, cette mesure de recrutement sera un soulagement pour le secteur afin de pallier le manque de maind’œuvre », souligne Ram Nowzadick. Il ajoute que grâce à cette mesure de recrutement, le secteur de la santé pourra faire face aux défis actuels et offrir des soins de qualité à la population. Cela contribuera également à réduire le stress lié à la pénurie de personnel et renforcera la capacité des hôpitaux à répondre aux besoins croissants de la population mauricienne.