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2023-2024

Secteur Financier : Des mesures plutôt bien accueillies pour la consolidation des assises

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Le quatrième budget du ministre des Finances tend à un processus de relance de l’économie pour favoriser la croissance. Le ministre a, en ce sens, annoncé des mesures pour consolider le secteur financier et renforcer l’image du Centre financier international de Maurice afin de favoriser les investissements, créer plus d’emploi et tenter de retenir la main-d’œuvre.

Dans un discours budgétaire qui semble être plus porté sur le besoin d’une stabilité socio-économique, le ministre des Finances a rappelé l’importance du développement de l’environnement des affaires. À cet effet, le ministre a soutenu que les mesures annoncées permettront de générer une croissance additionnelle de 2 % du PIB et de créer 40 000 emplois supplémentaires. La croissance, dit-il, sera maintenue à 8 % pour l’année 2023/2024 avec des recettes totalisant Rs 179,16 milliards ainsi que des dépenses de Rs 200 milliards, soit un déficit budgétaire de 2,9 % du PIB. Le ministre a aussi fait part du besoin «d’enlever les obstacles à l’investissement» afin d’attirer plus d’investisseurs étrangers dans le pays. Maurice a d’ailleurs pu attirer de plus en plus d’investissements étrangers avec les changements continus apportés à l’Occupation Permit. Des dispositions légales bénéfiques, sachant que les Investissements directs étrangers ont atteint Rs 27,7 milliards en 2022, contre Rs 18,5 milliards en 2021.

À travers son quatrième budget, le ministre des Finances ambitionne d’améliorer le climat des affaires et de proposer une réforme fiscale pour faire face à la pénurie de talents. Les mesures en ce sens ont été bien accueillies par Mauritius Finance. L’institution financière s’est déjà réjouie du fait que plusieurs mesures phares proposées aient été incluses dans le discours budgétaire, démontrant que le dialogue entre les institutions représentatives du secteur privé et les autorités publiques porte ses fruits. Le CEO, Samade Jhummun, est confiant que les annonces budgétaires liées à l’emploi permettront d’attirer davantage de professionnels dans les services financiers. «En ramenant à Rs 30 000 le salaire minimum payable aux détenteurs de l’Occupation Permit, Maurice sera en mesure d’attirer davantage de professionnels étrangers. Ce qui permettra de pallier le manque de main-d’œuvre dans le secteur. En permettant aux jeunes diplômés étrangers de bénéficier d’un Young Professional Occupation Permit, Maurice sera également en mesure de compter de la main-d’oeuvre dans les secteurs qui font face à une pénurie de compétences», estime-t-il.

Mauritius Finance salue également la révision à la baisse du taux d’imposition sur les intérêts des fonds d’investissement, ce qui rendra la juridiction mauricienne plus compétitive et, par ricochet, attirer davantage de fonds, notamment dans les créneaux des Collective Investment Schemes et des Closed-End funds. Aussi, relève l’institution financière, les amendements à venir au fonctionnement des Variable Capital Companies donneront plus de possibilités aux Family Offices et Wealth Managers de faire affaire à travers notre centre financier. Fazeel Soyfoo, Partner International Tax chez Andersen Mauritius, partage le même avis : «Le ministre a écouté les besoins du secteur – qu’il s’agisse de l’introduction d’une exonération fiscale supplémentaire pour les intérêts perçus par les fonds d’investissements ou étendre le champ d’application des sociétés à capital variable afin de permettre leur utilisation pour les Family offices et la gestion de patrimoine. Toutes ces mesures sont les bienvenues et contribueront à stimuler le secteur des services financiers».

Instaurer un climat de confiance

Pour consolider le secteur des services financiers comme un moteur de croissance, le ministre des Finances s’est attardé sur les besoins d’être en conformité avec les mesures pour la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Maurice a pu sortir de la liste grise et devra dorénavant montrer sa capacité à se prémunir contre ces activités qui peuvent ternir l’image du pays. Pour Deva Marianen, Managing Director de Safyr Capital Partners, Maurice doit continuer sur cette lancée et instaurer un climat de confiance pour faire affaire dans le pays. «Les mesures prévues dans ce budget ne sont pas très nombreuses, tout simplement parce que celles qui ont été mises en place ces dernières années ont déjà eu un impact positif sur notre secteur financier. Le fait d’avoir surmonté l’épisode de la liste grise en l’espace d’un an est la preuve que Maurice a su être proactif dans son approche des recommandations du GAFI. La communauté internationale a applaudi nos efforts et notre succès dans l’initiative de sortir de la liste grise en si peu de temps. Le cadre AML/CFT que Maurice a adopté a été renforcé par ce budget, ce qui est un message positif à nos amis internationaux, à savoir que nous avons l’intention de rester en conformité avec la loi. Il est maintenant grand temps de renforcer notre secteur financier en attirant certains des principaux acteurs mondiaux à s’établir dans le pays et les mesures proposées par le ministre des Finances vont certainement dans ce sens. Les mesures positives concernant la Protected Cell Company (PCC) et la structure de Variable Capital company donnent une certitude quant à notre capacité à protéger les droits des investisseurs et, essentiellement, leur confiance dans le fait de domicilier leurs investissements à Maurice.»

Certaines mesures annoncées pour ce secteur vont ainsi permettre d’améliorer l’image et la visibilité du centre financier international (CFI) de Maurice. Fazeel Soyfoo évoque, par ailleurs, la nécessité d’accroître la compétitivité du CFI mauricien, et les nouveaux amendements qui seront apportés à l’arsenal légal pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme vont en ce sens. L’associé de chez Andersen Mauritius ne manque pas aussi de faire état de l’augmentation du budget promotionnel de l’Economic Development Board de Rs 100 M pour renforcer la visibilité de Maurice au niveau mondial.

Pour Shamima Mallam Hassam, présidente de Mauritius Finance, la mise en place d’un système d’imposition progressif et l’abolition du Solidarity Levy auront des effets positifs sur l’économie. «Ces annonces sont importantes car elles aideront à attirer des professionnels et des investisseurs étrangers tout en nous permettant de retenir les professionnels à Maurice», explique-t-elle.

L’économiste Takesh Luckho a, quant à lui, un avis mitigé sur les mesures annoncées pour consolider le secteur des services financiers. L’économiste évoque les nombreuses mesures sociales qui privilégieront la consommation mais peu de prises de position pour le développement du secteur économique. «Par exemple, notre main-d’oeuvre qualifiée préfère quitter le pays pour l’étranger. Il n’y a pas assez de certitudes sur les emplois à pourvoir dans les secteurs émergents comme les nouvelles technologies. Aussi, les services financiers arrivent à un point de saturation et il nous faut encore innover. Notre CFI est plus porté sur les services administratifs que techniques. On est plus centré sur la conformité des lois, la comptabilité et le cadre gouvernemental mais les affaires se font à l’étranger ainsi que les gros profits. À ce rythme, il faudra faire attention à ce que les CFI comme le Ghana ou le Botswana ne nous dépassent pas et nous font perdre notre compétitivité. On doit penser comme Singapour ou l’Afrique du Sud qui font la part belle aux jeunes en leur donnant l’espace qu’il faut pour opérer.» Takesh Luckho déplore aussi le manque de mesures pour le contrôle des prix afin d’empêcher une montée de l’inflation, avec ce budget qui tend à redonner le pouvoir d’achat et amener la croissance.

Néanmoins, l’économiste accueille favorablement les dispositions prises pour une plus grande représentation de femmes dans le monde du travail. «Le gouvernement a changé son fusil d’épaule en proposant des allocations et autres avantages pour encourager les femmes à rejoindre le monde du travail. On leur donne aussi de la flexibilité avec le fait de pouvoir s’absenter pour s’occuper du foyer, des enfants. Toutefois, il faudra voir comment cela se passera dans la pratique.»

Ainsi, avec la reprise économique en marche, les observateurs et acteurs du secteur s’attendent à ce que la résilience, nécessaire en temps de crise, fasse place désormais à la croissance et au développement des infrastructures économiques.

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