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Recyclage: Un potentiel économique mal exploité

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Recyclage: Un potentiel économique mal exploité | business-magazine.mu

C’est un enjeu à la fois environnemental et économique. Le recyclage est un secteur d’avenir qui peine toutefois à décoller. Les entreprises et les particuliers n’ont pas suffisamment développé le bon réflexe consistant à faire le tri de leurs déchets pour les besoins du recyclage.

Près de 410 000 tonnes de déchets solides seront produites annuellement à Maurice d’ici à 2014, selon les projections du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). Entre 75 % et 80 % de ces déchets solides sont constitués de matières organiques. Des 387 925 tonnes de déchets solides enfouis à Mare Chicose en 2012, 94 % étaient constitués de déchets ménagers. Quand on sait que ceux-ci peuvent être utilisés pour le compostage après un exercice de tri sélectif, on peut déduire que le recyclage a un gros potentiel moyennant que nous développions les bons réflexes. Au niveau de l’organisation non gouvernementale (ONG) Mission Verte, qui milite pour la réduction, la réutilisation et le recyclage des déchets, l’on estime que la valorisation des matières organiques participerait à la création d’une économie viable et durable.

Une seconde vie dans les déchets

« Que ce soit dans les foyers, les entreprises et les hôtels, la source du problème reste la même : on ne fait pas assez de tri sélectif. Il faut d’abord procéder au tri. Ensuite, on peut recycler les déchets et les valoriser d’un point de vue économique », souligne Lone Raffray, porte-parole de Mission Verte.

Pour l’ONG œuvrant pour un environnement « plus sain et plus propre » depuis 2007 et dont les activités sont financées par les fonds CSR (Corporate Social Responsibility) des entreprises, il y a définitivement une seconde vie dans les déchets. Avec le tri sélectif et le compostage à domicile par exemple, poursuit-elle, le volume de déchets transitant par les stations de transfert avant d’être acheminés vers Mare Chicose pour l’enfouissement s’en trouvera réduit.  Le ministère des Collectivités locales, responsable de la gestion des déchets à tra-vers les services municipaux, partage la même vision. Il a d’ailleurs institué une Solid Waste Management Strategy pour la période 2011-2015. L’objectif est d’atteindre un taux de recyclage de 40 % d’ici à 2015.

Le recyclage des déchets a ses avantages, mais aussi ses contraintes. Magalie Thomas, Business Developer chez EcoFuel, recycleur d’huiles usagées, nous en donne l’exemple. « Recycler l’huile usagée en huile de base ne protège pas seulement notre environnement et la santé publique, mais d’un point de vue économique, cette activité permettrait de réduire l’importation des lubrifiants à Maurice. L’huile recyclée, étant produite localement, serait donc moins chère sur le marché. Mais bien sûr, il faudra se conformer à des spécifications et normes pour le recyclage. »

1 250 de déchets collectés

Pour Clément How, directeur de Printer Gadgets, entreprise spécialisée dans le recyclage de toner laser et de cartouches d’imprimantes, les avantages du recyclage sont multiples. « Certaines cartouches peuvent être recyclées à vie. Il n’y a ainsi pas besoin d’acheter de nouvelles cartouches. Le résultat est qu’il y a moins de déchets jetés dans les poubelles, moins d’émanation de gaz toxique quand on en brûle et moins de pollution aquatique », résume-t-il. De plus, le coût d’un toner laser ou d’une cartouche recyclée est bien moins élevé que le produit original.

Mission Verte a, quant à elle, ouvert un atelier technique sur le verre usagé à Roche-Bois. « Nous étudions le broyage du verre et la possibilité de le mélanger au béton pour le rendre plus résistant », indique Lone Raffray.

En 2013, l’ONG a collecté 1 250 tonnes de déchets à travers ses vingt poubelles de tri sélectif, réparties dans l’île. Ces déchets sont ensuite acheminés vers des recycleurs et des partenaires avec lesquels elle collabore. Au total, l’association estime que ses activités ont permis de réduire les émissions de carbone de quelque 2 142 tonnes. « Beaucoup d’usines de recyclage doivent mesurer leur empreinte carbone environnementale dans le cadre de leurs activités. Car paradoxalement, au final, elles peuvent faire plus de mal à l’environnement », soutient Lone Raffray.

Raj Essoo, directeur d’Atics, entreprise qui propose une approche intégrée à la gestion des déchets, abonde dans le même sens : « Si les déchets recyclés permettent de remplacer ou de diminuer l’apport en matières premières vierges, cela est bénéfique. Cependant, la conversion des déchets en matières premières secondaires, dans certains cas, est plus polluante. Il est donc impératif qu’on soit prudent et vigilant dans ce qu’on fait par rapport au traitement des déchets. »

L’acheminement des déchets vers des centres de recyclage à l’étranger peut, par ailleurs, rendre l’activité du recyclage plus polluante, font remarquer Raj Essoo et Lone Raffray.

Du côté de Mission Verte, on estime que la population et les entreprises n’ont pas encore développé les bons réflexes en gérant leurs déchets. Les recycleurs n’ont ainsi pas suffisamment de déchets à convertir pour espérer réaliser des profits. De plus, les activités des recycleurs ne sont pas subventionnées.  Pour Lone Raffray, il est essentiel de développer une stratégie de coopération régionale, afin d’aider les recycleurs à atteindre un seuil de rentabilité.

À ce jour, comme le souligne la Commission Maurice île Durable dans un rapport, la petite taille de l’économie mauricienne limite la viabilité du marché des matériaux recyclés. Ce qui constitue un frein au recyclage. La solution serait de mettre en place un système de collecte et de traitement de déchets, malgré son coût.

La gestion des déchets a coûté Rs 1 Md en 2009

En 2009, la gestion des déchets municipaux a coûté Rs 1 milliard. Outre son aspect environnemental et économique, l’augmentation du volume de déchets, comme le rappelle le ministère de l’Environnement dans son rapport intitulé Mauritius Environment Outlook publié en 2011, impacte sur le coût de sa gestion. Celle-ci inclut la collecte et l’opération des stations de transfert et du centre d’enfouissement.
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