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Tourisme L’industrie piétine

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Tourisme L’industrie piétine | business-magazine.mu

La crise économique mondiale a également contribué à fragiliser les entreprises touristiques. Ces dernières ont été sérieusement mises à mal, avec pour résultat un taux d’endettement du secteur qui commence à inquiéter les responsables privés et publics. Le niveau d’endettement du secteur touristique a enregistré une détérioration de l’ordre de 17 %, passant de Rs 37,3 milliards (août 2010) à Rs 43,6 milliards à fin août 2012. Même le Gouverneur de la Banque centrale a tiré la sonnette d’alarme, arguant que les groupes hôteliers ont développé de mauvaises stratégies.

Quoiqu’il en soit, les inquiétudes pour le secteur sont loin d’être finies car la situation promet d’être difficile dans les mois à venir. D’ailleurs, le plus grand groupe hôtelier, NMH (New Mauritius Hotels), a annoncé qu’il ne paierait pas de dividendes à ses actionnaires pour l’exercice 2011-2012.

Depuis janvier, après deux ans de crise - et ce, malgré une croissance de 4,8 % en 2011 - on sentait bien que la situation allait se corser davantage et on savait déjà que l’année 2012 allait être très challenging, car outre la crise économique, le secteur souffrait déjà de problèmes structurels. Il y a un nombre grandissant de chambres hors-hôtels et où la qualité fait parfois défaut, la braderie des tarifs hôteliers qui prend des proportions alarmantes alors que la destination est censée être selecte, un accès aérien limité et une basse saison de plus en plus difficile. Le secteur fait aussi face à un manque de formation et une fuite des compétences locales attirées notamment par les gros salaires payés sur les paquebots de croisière. Pour tenter de solutionner ces problèmes, il incombe au gouvernement et au secteur pri-vé de débattre au plus vite afin de rendre au secteur touristique son lustre d’antan.

Autre problème majeur et inhérent à l’industrie : deux tiers des visiteurs viennent de la zone euro, une région dont les perspectives économiques demeurent sombres à l’heure actuelle, faisant grimper le chômage et les dépenses liées à la consommation et aux voyages.

2012 a aussi vu la tenue des Jeux Olympiques à Londres et de l’Euro 2012, ce qui n’a pas arrangé la situation dans le secteur touristique car de nombreux voyageurs potentiels européens ont préféré rester en Europe pour assister à ces deux événements plutôt que de faire des voyages long courrier.

L’année a également été marquée par le fameux carnaval de Flic en Flac, qui a coûté Rs 6 millions aux contribuables, provoqué un embouteillage monstre et dont les retombées sur l’industrie touristique demeurent encore extrêmement floues.

Il faut aussi relever le fait que la formule All inclusive a provoqué énormément de débats cette année. Il y a les Pour et les Contre. Les opérateurs hors-hôtels sont généralement contre cette formule qui tend à retenir les touristes dans l’enceinte des hôtels et empêcher les autres opérateurs de bénéficier de la manne touristique.

Par contre, pour les opérateurs hôteliers qui pratiquent cette formule, il ne faut pas jeter la pierre au All inclusive car cette formule permet d’attirer beaucoup de touristes à Maurice, notamment en temps de crise, fait ressortir Paul Jones, CEO de Lux, « et de ce fait, ce concept ne doit pas être dénigré et critiqué. »

Avec la crise, le bilan à l’heure actuelle est plutôt négatif pour le secteur touristique mauricien. Affichant une progression léthargique, le tourisme mauricien perd au passage sa place de leader de l’océan Indien. En effet, le nombre de touristes aux Maldives et au Sri Lanka devrait dépasser le million cette année (les Maldives devraient enregistrer une croissance de 7,4 % et le Sri Lanka un taux de 16,8 %). Même les arrivées touristes à l’échelle mondiale devraient croître par 3 à 4 %. Tandis que la croissance touristique mauricienne demeure anémiée, bien que le secteur ait été identifié depuis plusieurs années déjà comme un moteur de croissance économique.

Le CEO de NMH, Herbert Couacaud, ne mâche pas ses mots. Généralement sur la réserve, il a lancé, cette année, que l’heure est grave dans le tourisme, ajoutant que la destination mauricienne est dans une spirale dangereuse, qu’elle est devenue une discount destination et qu’elle a perdu son identité. Pour François Eynaud, directeur général du groupe VLH, et président de l’Ahrim, l’industrie touristique locale est en mode de survie.

Il s’agit pour lui d’établir un nouveau plan directeur « clair et cohérent», de diversifier les marchés, de mettre sur pied une Air Access Policy Unit, mais aussi de limiter les nouveaux développements pour résoudre le déséquilibre grandissant entre l’offre et la demande : « Nous ne pouvons nous permettre de continuer à construire des hôtels et des résidences touristiques tant qu’une forte reprise des arrivées ne se matérialise pas.»

Le comble, c’est que l’industrie touristique peine à trouver des solutions à ces problèmes et à se réinventer.

 

Croissance négative de 3,4 % à fin novembre

Le secteur touristique a enregistré une décroissance de 3,4 % pour la période de janvier à novembre de cette année. Pour l’année, dans son ensemble, le secteur devrait encore afficher une décroissance. En novembre dernier, le marché européen a reculé de 9,7 %. Le marché français à lui seul a régressé de 13,5 %. L’Allemagne a baissé de 4,6 % alors que le marché italien a reculé de 34,6 %. Les arrivées cumulées de janvier à novembre atteignent 849 976, soit une régression de 0,3 % par rapport à la période correspondante en 2011.
Une baisse en gamme

\Une tendance observée depuis quelque temps est la baisse en gamme de la destination. D’aucuns estiment que plusieurs facteurs pourraient être à l’origine de la baisse en gamme. Selon un observateur, celle-ci aurait pris de l’ampleur avec la décision des autorités d’encourager le développement de structures d’hébergement hors de l’hôtellerie ces dernières années. La récession économique aurait aussi favorisé l’essor de ce phénomène, avec des touristes voulant dépenser moins. Selon des observateurs, la tendance vers une baisse de gamme ne doit surtout pas être prise à la légère. Il s’agit à tout prix de maintenir Maurice comme une high-end destination.

Le nombre de structures d’hébergement hors-hôtellerie est en hausse depuis ces dernières années. Il existe six fois plus de tourist residences enregistrées auprès de cet organisme que d’hôtels. Par ailleurs, le nombre de guest houses dépasse aussi largement le nombre d’hôtels.

Pour certains observateurs, le gouvernement doit définir clairement une stratégie de développement nationale. Ils soulignent qu’il est primordial de s’assurer que Maurice soit maintenue comme une high-end destination. À cet effet, les défis sont nombreux ; il faudra veiller à un service de haute qualité et cela, dans toutes les structures d’hébergement existantes.

 

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