Deux-roues : Un marché qui se stabilise malgré la hausse du coût de la vie

Les opérateurs ont été confrontés à d’énormes défis pour maintenir leurs activités pendant la période de crise sanitaire. À présent, ils sont confrontés à une double problématique : une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs et une hausse des prix du carburant, ce qui impacte directement les ventes de deux-roues. Ils doivent donc redoubler d’efforts pour les stimuler.

« La cherté de la vie a définitivement eu un impact négatif sur la vente des motocyclettes. La hausse du prix du carburant a eu un double effet : d’un côté, certaines personnes ont repoussé leur achat à cause du prix du carburant, mais de l’autre, certaines personnes ont avancé leur acquisition à cause du prix de l’essence, car il ne faut pas oublier qu’il est beaucoup plus économique de rouler à moto qu’en voiture d’un point de vue du prix au kilomètre. C’est surtout la dévaluation de la roupie qui a vraiment freiné la vente des motos, car leur prix a pris l’ascenseur avec le même pourcentage d’augmentation que les taux de change des devises, tels que le dollar américain et l’euro », soutient Ruben Bacha, directeur de Ruben Racing Ltd. En effet, les Mauriciens réfléchissent à deux fois désormais avant de décider de se lancer dans l’achat d’une motocyclette, avec la montée des prix. Les chiffres de la National Land and Transport Authority le démontrent : en 2020, un total de 5 370 motocyclettes a été vendu contre 4 786 en 2021 et 4 793 en 2022.

« Les gens se sont adaptés à la baisse de leur pouvoir d’achat par divers moyens tels que l’achat de produits moins chers ou l’achat de produits de première nécessité. Si nous regardons les chiffres concernant les ventes totales de motos à Maurice depuis 2020, nous pouvons conclure que les ventes diminuent d’année en année », indique Raj Ramsamy, Sales Manager chez EAL Man Hin & Son Ltd. Il fait état de plusieurs facteurs qui ont affecté le marché de la moto : « Il y a l’augmentation du fret de tous les ports d’embarquement vers l’île Maurice, la perturbation des horaires de fret – les navires ne transitent pas par Port-Louis – ce qui allonge la durée de navigation. Aussi, l’indisponibilité des conteneurs chez nos fournisseurs. La Covid-19 en Chine a ralenti la production de deuxroues, les fabricants chinois ont maintenu un stock minimum dans leurs usines pour économiser de l’espace et des coûts. Les retards de livraison de certaines pièces aux fabricantsétrangers ont mis fin à toute la production et entraîné des retards dans l’expédition des motocyclettes. »

Il y a eu un boost dans la vente de deux-roues avec la relance des activités économiques, selon Ruben Bacha. Toutefois, il estime qu’avec la dépréciation de la roupie, le prix des deux-roues est devenu trop cher, amenuisant ce rebond espéré.

Pour Sacha Lagesse, Business Unit Manager du cluster Automoto chez Emcar Group, la clé sera de s’adapter aux changements pour continuer à présenter des produits de qualité aux clients : « Depuis le mois de mai, les prix de quelques modèles chez Suzuki ont été revus à la baisse, car le prix d’achat et les frais de transport ont connu une baisse. De ce fait, nous nous attendons à ce que le marché des deux-roues se stabilise davantage. »

Par ailleurs, les grosses cylindrées ont moins la cote dorénavant, notamment en raison de la taxe. Les acheteurs se tournent de plus en plus vers les petites cylindrées, moins fiables et ayant moins de caractéristiques de sécurité.