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Édito

ÊTRE TRANSPORTÉ ! MAIS ENCORE…

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ÊTRE TRANSPORTÉ ! MAIS ENCORE… | business-magazine.mu

En fait, l’absence de constats statistiques holistiques fait défaut, mais on peut, sans grand risque de se tromper, suggérer que notre transport local va demander encore bien des améliorations, ainsi qu’un profond changement de mentalité de la population et de nos régulateurs.

Quels sont les paramètres connus de cette équation ?

Les accidents sont, bien sûr, un symptôme utile des difficultés que nous rencontrons sur nos routes. Par référence au Tableau I, il est notoire qu’il y a eu une stabilisation du nombre d’accidents à un peu plus de 29 000 pendant trois ans. Le 1er semestre de 2019 a cependant fait exploser le chiffre, soit 16,2 % d’accidents en plus, comparé à 2018. Sur le plan international, nous sommes 67e meilleur mondial pour le nombre de fatalités/100 000 habitants… Pas de quoi pavoiser !

À Maurice, le remède choisi est la contrainte et la répression. Pas l’éducation et l’efficacité routière. Rouler est un vrai casse-tête, entre les automobilistes sans discipline (ou sans manières), les limitations de vitesse intempestives, les «one way», les sens interdits, être bloqué en 20e position derrière un camion poussif, le double-parking ou les routes à voie unique qui ne sont pas «one way» pour accommoder des ‘particuliers’. On réprime en conséquence, mais à quoi ça sert de se cacher sous un pont avec un radar à main un dimanche matin, sans trafic ? N’aurait-on pas intérêt à plus pénaliser les automobilistes en fonction de leurs accidents plutôt qu’en fonction de ce qui, en théorie, peut mener à des accidents ? S’il est vrai que freiner à haute vitesse arrête un véhicule moins facilement qu’à moindre vitesse, connaît-on au moins le hit-parade des causes des accidents avant d’agir ? Erreur du chauffeur ? Mécanique défectueuse ? Vitesse ? Alcoolisme ? Imprudence du piéton ? Nid-de-poule qu’on essaie d’éviter ? Panneau routier mal disposé, etc. ? C’est différent pour la moto ?

Cependant, le véritable phénomène qui doit nous mener éventuellement à plus de transport public est cette course effroyable de conséquence du transport privé. S’il y avait 443 000 véhicules sur nos routes en 2013, nous en sommes à juin 2019 à 569 000. Cette démocratisation du transport personnel peut certainement être considérée comme un progrès matériel. Le problème, c’est que l’on ne peut construire des routes à la même cadence et qu’en conséquence, la densité de véhicules par kilomètre de route se détériore de 195 en 2013 à 206 en 2018. Mis autrement et pour retrouver, déjà, le niveau de densité de 2013, il faudrait, aujourd’hui même, livrer 216 kilomètres de routes neuves ! Ensuite, pour maintenir cette densité au même niveau, rajouter, au taux actuel, 128 kilomètres de route annuellement !

Vous voyez le problème ?

Attachez bien vos ceintures, gardez l’œil bien ouvert, marchez plus souvent, payez plus d’amendes, prenez le métro et le bus plus fréquemment ; les embouteillages ne vont pas s’améliorer de sitôt. Sauf pour une embellie relative quand les chantiers actuels seront terminés. Si encore ils avaient alors rajouté l’équivalent d’au moins 344 kilomètres de routes !