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Édito

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Victime d’une nouvelle opération « leve paker aller» ou est-ce le début du tsunami annoncé ? La démission du Secrétaire financier, Ali Mansoor, à un mois de la présentation du Budget 2014 ne laisse pas insensible. Ce départ qualifié de précipité par certains et programmé par d’autres est le Talk of the Town depuis vendredi dernier. Non seulement Ali Mansoor n’a pas été un fonctionnaire comme un autre, mais encore il a souvent été au centre de plusieurs controverses depuis son parachutage au ministère des Finances en 2006.

Avec l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, Ali Mansoor avait été à la base d’un programme de réforme économique sans précédent qui a permis au pays de gérer son passage à travers la récession globale sans trop de dégâts. Saluées par les organisations internationales, dont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, ces réformes ont été toutefois assez mal comprises et très souvent critiquées au sein même du gouvernement d’alors.

Ceux qui s’en souviennent encore n’ont certainement pas oublié les épisodes où l’ancien ministre Rama Sithanen brandissait sa lettre de démission tellement il avait les plus grandes peines du monde pour faire accepter certains éléments de son projet de réforme par ses collègues du Cabinet.

C’est justement au niveau de l’ownership, voire du sentiment d’appartenance que le plus gros problème s’est posé. Le duo Sithanen-Mansoor n’avait pu réussir à convaincre toute la majorité gouvernementale de l’époque de l’importance ou encore de l’urgence de ce programme de réforme. Ce qui avait valu plusieurs amendements en cours de route aux axes principaux du projet lorsque ce n’était pas un manque de conviction dans sa mise en application en certaines occasions.

Face aux attaques frontales de la classe syndicale et de l’Opposition, certains membres du gouvernement issu des urnes de 2005 étaient d’ailleurs assez timides à défendre le plan de réforme quand ils n’étaient pas eux-mêmes en train de le critiquer.

Pourtant, ils ont été les premiers à reconnaître, dans le discours-programme lu à l’Assemblée nationale par la vice-présidente de la République, Mme Monique Ohshan Bellepeau, dans le sillage de la démission du MSM, que la feuille de route élaborée en 2006 a eu pour résultat de porter le pays vers des niveaux de croissance jamais atteints depuis l’an 2000. Selon le gouvernement, cette initiative a également permis au pays de maintenir sa stabilité face à la pire récession que le monde a connue depuis 80 ans.

Si pour les pro-réformes, le tandem Sithanen-Mansoor a le mérite d’avoir placé le pays sur la carte mondiale en matière du climat des affaires, ce qui a permis, entre autres, d’ouvrir le pays et d’attirer plus d’investissements directs étrangers, en revanche, les anti- relèvent que la stratégie de libéralisme économique adoptée à l’époque n’a eu qu’une portée à court terme. La preuve avec la résilience économique qui ne cesse de s’effriter, alors que le ministère des Finances n’arrête pas de se gargariser la gorge de certains indicateurs comme le recul du déficit budgétaire et de la dette publique. Une démarche qui, pour bon nombre d’observateurs, démontrent que l’ancien Secrétaire financier «était coupé des réalités mauriciennes».

Le fait de lui avoir montré la porte de sortie à quelques semaines du Budget est-il une indication d’un prochain changement de cap en matière de politique économique? La question se pose. D’autant plus que ces derniers temps, la démocratisation de l’économie a fait son grand retour dans les discours politiques.

Les analystes politiques procèdent également à un décryptage de la soudaine décision de se séparer d’Ali Mansoor. Est-ce un signal fort du Premier ministre à son partenaire du PMSD et à son leader Xavier Duval ? Cela après que le Dr Navin Ramgoolam a déclaré récemment qu’il n’avait pas besoin de béquilles pour affronter les prochaines élections générales. Les spéculations vont bon train avec certains observateurs allant même jusqu’à y voir un message en direction du MMM alors que d’autres se demandent si la finalité de cette démarche n’est pas d’ouvrir la voie à un remaniement ministériel.

Dans le même registre de suspicion, certains analystes économiques essayent également de trouver un lien entre le départ d’Ali Mansoor et son bras de fer avec le Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, sur la politique monétaire.  

Quoiqu’il en soit, Ali Mansoor a de quoi être fier. Il peut se vanter d’avoir survécu aux changements de trois ministres des Finances. Une longévité assez rare pour un fonctionnaire à ce niveau.

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