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Édito

Repositionnement nécessaire

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Repositionnement nécessaire | business-magazine.mu

Au fil des années, Maurice est arrivé à se positionner comme un centre financier international dans cette partie du monde. La contribution du secteur des services financiers au produit intérieur brut, soit d’environ 10 %, témoigne d’ailleurs du poids de cette industrie dans l’économie mauricienne.

Cependant, comme plusieurs autres secteurs, celui des services financiers a subi les contrecoups de la crise globale. Résultat, la croissance de cette industrie stagne autour de 5,5 % depuis 2011. Avec la tenue, cette semaine, d’une conférence sur la finance islamique dans l’île, c’est l’occasion de porter une attention particulière à notre industrie des services financiers. D’autant plus que des voix, et non des moindres, se sont élevées ces derniers temps pour réclamer un approfondissement de l’infrastructure financière, ainsi qu’une diversification de l’offre en matière de services et de produits.

Le Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, se trouve justement parmi ceux qui se sont exprimés sur la question. Selon lui, malgré les amendements apportés à la Public Debt Management Act de 2008 pour permettre l’émission d’instruments conformes à la loi islamique, à l’instar des Sukuks (obligations islamiques) par le gouvernement, le projet ne s’est jamais matérialisé. Cela en dépit du fait que la Banque de Maurice, en sa capacité de conseiller du gouvernement en matière de la dette, a systématiquement insisté auprès du ministère des Finances pour capitaliser sur les opportunités qui s’offrent à nous dans ce domaine.

À en croire Rundheersing Bheenick, nous avons raté le coche sur la finance islamique bien que nous ayons pris de l’avance avec l’ouverture de la première banque islamique dans le pays, il y a environ quatre ans.

Par manque de cohérence en ce qui concerne la mise en place des structures régulatrices, fiscales et administratives afin de faciliter le développement de nouveaux produits ou le lancement des opérations de financement islamique, nous avons été devancés par plusieurs pays de la région.

L’onzième sommet de l’Islamic Financial Services Board qui s’ouvre ce mercredi en présence du Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, devrait nous donner la possibilité de nous rattraper en affichant clairement nos ambitions dans le domaine de la finance islamique. Un repositionnement qui nous permettra d’ouvrir de nouvelles perspectives à la juridiction mauricienne, mais aussi de mieux promouvoir le centre offshore au Moyen-Orient, une région qui regorge de liquidités.

En même temps, ce sera une façon de continuer à réduire notre dépendance de l’Inde. Car les incertitudes planent toujours sur le traité de non-double imposition fiscale qui lie Maurice à la Grande péninsule. Les récentes élections qui ont propulsé le Bharatiya Janata Party au pouvoir n’ont rien changé à la donne. Du moins, pas pour le moment. Les opérateurs du secteur offshore sont dans l’expectative.

En attendant, c’est Singapour qui se frotte les mains car pratiquement tous les nouveaux business sur l’Inde sont dirigés vers cette juridiction. Pour y faire face, nous n’avons d’autre choix que de changer notre fusil d’épaule car une baisse des revenus émanant du secteur offshore n’est pas à écarter dans le sillage d’une éventuelle révision du traité fiscal avec l’Inde. Qui plus est, selon le Fonds monétaire international, le risque que le traité soit amendé dans le court terme est très élevé. D’où la nécessité de s’y préparer à travers la diversification et en adoptant des politiques actives sur le marché de l’emploi pour absorber des éventuels chômeurs.

Il s’agit non seulement de mieux promouvoir le secteur des services financiers, qui souffre peut-être de l’absence d’un ministre de tutelle, mais aussi d’élargir notre palette de produits et de services afin d’accroître la résilience de cette industrie.

La nécessité de combler certains vides dans l’environnement réglementaire se fait aussi sentir, notamment dans le secteur non bancaire. À ce titre, une meilleure coordination entre la Banque centrale et la Financial Services Commission nous permettra, à l’avenir, d’éviter certains cas de fraude du style Ponzi.

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