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Catastrophes naturelles : Le cyclone belal paralyse l’économie

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Les cyclones tropicaux intenses ont le pouvoir de ralentir le développement économique d’un pays pendant plus d’une décennie, selon une analyse de l’institut potsdam pour la recherche sur l’impact climatique. les scènes chaotiques dans la capitale et un peu partout à travers l’île démontrent le manque de préparation du pays face à ces événements météorologiques extrêmes.

LA première conséquence réside dans la recherche de fonds pour financer la reconstruction. Comme le souligne Manisha Dookhony, économiste, il y a une urgence à l’échelle nationale, mais également une urgence pour les individus. Que ce soit pour le remplacement de matelas, d’ascenseurs, de voitures, toutes ces actions engendrent des coûts qui auront un impact significatif sur le budget des Mauriciens, déjà éprouvés par l’inflation et d’autres difficultés économiques.

«Actuellement, sur la scène médiatique internationale, notre pays est présenté comme sinistré. Cela influencera les évaluations des risques climatiques, notamment dans les notations des pays, ce qui aura des répercussions sur les coûts d’emprunt. Cependant, il est crucial de ne pas négliger les conséquences à long terme. Avec le réchauffement climatique, la probabilité de voir des cyclones tropicaux de plus en plus intenses augmente. Par conséquent, il devient de plus en plus probable que les économies ne puissent pas récupérer complètement entre les tempêtes. Les conséquences à long terme, telles que la diminution de la croissance causée par les cyclones tropicaux, pourraient avoir un impact plus sévère sur le développement économique que les dommages économiques directs résultant des tempêtes », explique Manisha Dookhony.

Selon l’économiste, les divers coûts associés à cette catastrophe sont : le coût d’inactivité, le coût de réparation des dégâts, le coût des opérations de nettoyage, ainsi que le coût de consolidation. «En considérant qu’une année compte 260 jours de travail et que notre PIB s’élève à environ Rs 13 milliards de dollars, cela équivaut à Rs 2,25 milliards pour une journée d’inactivité», évalue-t-elle.

Toutes proportions gardées, en 2017, le coût du cyclone de catégorie 5 Irma qui avait frappé les îles St Barth et St Martin tournait autour de 3 milliards d’euros. Bien que les dégâts soient de moindre ampleur à Maurice, ils se chiffreront également en plusieurs millions de roupies. Cela inclut les véhicules endommagés, les bâtiments touchés par les inondations, les dégâts aux infrastructures routières dans les villes et villages, la perte de biens mobiliers dans les maisons inondées, sans oublier la perte inestimable de vies humaines. Une étude réalisée en France par la Caisse Centrale de Réassurance en partenariat avec Météo-France et RiskWeatherTech estime qu’à l’horizon 2050, le coût moyen des cyclones de catégorie 5 sera de 6,8- 19,1 milliards d’euros en Guadeloupe, 4,9-18 milliards d’euros en Martinique et 5,2-21,9 milliards d’euros à l’île de La Réunion.

MANQUE DE GOUVERNANCE

Pour l’économiste Pierre Dinan, ce cyclone est venu révéler les problèmes de gouvernance de Maurice. Il estime que ce qui s’est passé à Port-Louis démontre nettement que le pays est mal préparé à ce genre de catastrophe naturelle.

Manisha Dookhony partage la même opinion. En tant que victime directe de ce défaut de gouvernance, elle souligne qu’il est inacceptable de commencer la journée en classe 1 et de passer en classe 3 en l’espace de quatre heures. «Avec les changements climatiques, nous assisterons de plus en plus à ce type de phénomènes. Il est souhaitable que de nouvelles normes soient établies en ce qui concerne la régulation des classes, des alertes, ainsi que des mesures de sécurité. Ces normes devraient être confiées aux experts. Il est également nécessaire de définir de nouvelles normes pour les constructions, notamment en déterminant les zones où la construction est autorisée ou non. Il est probable qu’il faille également instaurer de nouvelles normes pour informer le public. Je pense qu’il est essentiel de mettre en place un système de messages SMS destiné à la population pour assurer une communication en temps réel», souligne-t-il.

D’un autre côté, Pierre Dinan souligne que ce cyclone doit nous rappeler de prendre en charge notre production agricole, ne serait-ce que pour assurer notre propre alimentation. Sinon, cela pourrait entraîner des conséquences graves sur nos importations, d’autant plus qu’avec les attaques des Houthis en mer Rouge, les navires doivent trouver d’autres voies maritimes. Et de conclure : «Nous nous plaignons déjà de l’inflation. Maintenant, imaginez l’impact sur les coûts lorsque les navires doivent faire un détour pour éviter les attaques et atteindre notre destination».

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