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Daniel Essoo : «Les prêts transfrontaliers tireront la croissance du secteur bancaire»

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Daniel Essoo : «Les prêts transfrontaliers tireront la croissance du secteur bancaire» | business-magazine.mu

Après avoir observé le silence pendant des années, la MBA décide de communiquer. Pourquoi maintenant ?

Faut-il s’attendre à ce que désormais la MBA fasse entendre sa voix sur les enjeux nationaux ? Il ne faut pas confondre discrétion et silence ! Si les services financiers représentent environ 11,6 % du Pib, le secteur bancaire, à lui seul, représente plus de 7 % et constitue de loin la part la plus importante de ce pilier de l’économie. De ce fait, depuis des années, la MBA participe activement à toutes les discussions sur les questions liées à l’économie, et notre action, souvent très technique, est bien connue des stakeholders. Nous siégeons sur de nombreux comités et conseils, œuvrons sur de nombreux projets et organisons régulièrement des formations.

Cependant, vous avez raison : nous devons communiquer davantage avec le public et les médias. C’est d’ailleurs l’un des commentaires ressortis lors d’un récent exercice de revue stratégique de la MBA. Cela nécessite du temps et des ressources, mais il est important de partager le travail que nous accomplissons. Notre entretien d’aujourd’hui s’inscrit dans cette démarche. Nous venons de lancer une newsletter et, le mois prochain, nous recrutons quelqu’un qui aura pour tâche d’améliorer notre visibilité.

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Dans le cas de l’affaire entourant la Barclays et l’exprésidente, est-ce également de la discrétion ?

Quelle est la position de la MBA lorsqu’il y a non-respect de la confidentialité bancaire ? Nous ne faisons pas de commentaires sur des cas particuliers, surtout lorsqu’ils font l’objet d’enquêtes. De manière générale, la confidentialité est une composante essentielle de l’activité bancaire, à Maurice comme ailleurs. Il existe plusieurs règles à ce sujet, que ce soit en matière de droit bancaire ou de droit sur la protection des données. Ces règles prévoient des cas où il est possible de transmettre des données à des tiers, et prescrivent ce qui arrive en cas d’infraction. Nous avons la chance de vivre dans un pays avec des institutions fortes et un judiciaire indépendant ; laissons-les faire leur travail.

Il y a eu pas mal de remous avec, entre autres, l’affaire qui a secoué la SBM. Qu’estce que cela implique pour la bonne gouvernance au sein des banques ?

Je ne ferai pas de commentaires sur des cas particuliers. De manière générale, je crois qu’il est important de toujours améliorer nos standards de gouvernance, de même que la compétence et la diversité au niveau des conseils. Il reste du travail à faire, surtout sur le plan de la représentation féminine. Cependant, il ne faut pas oublier qu’en matière de gouvernance, Maurice reste en tête de divers classements listant des pays d’Afrique. L’année dernière, la MBA a commandité, du Financial Services Institute, une séance de formation sur ce sujet à l’intention des directeurs de banques et, plus récemment, nous avons organisé avec Deloitte une formation pour eux sur l’IFRS9. Il faut continuer à soutenir notre position de leader régional en gouvernance.

«Nous

Pour en revenir à la MBA, vous êtes là pour lui insuffler une nouvelle orientation. Dans quelle direction comptez-vous l’emmener ?

Y a-t-il des thématiques prioritaires pour 2019 ? Je suis rentré au pays, l’année dernière, dans le but de mettre à la disposition du pays mon expérience acquise à Londres, où beaucoup des sujets auxquels nous ferons bientôt face (par exemple, la digitalisation et les nouvelles technologies) sont déjà réalité.

La MBA joue un rôle très important sur le plan des opérations bancaires, et ce rôle est amené à se développer davantage. Mais nous avons aussi commencé à nous pencher sur des questions d’ordre stratégique : l’avenir des services financiers, le développement du marché des capitaux, l’évolution dans la gestion du risque, et le développement des ressources humaines au niveau sectoriel. Nos priorités pour 2019 sont la formation, le Blueprint sur les services financiers, et le lancement d’une campagne d’éducation (financial literacy).

Que faites-vous de toutes ces réflexions ? Est-ce pour votre consommation personnelle ?

Nous élaborons des Discussion Papers en interne, et les soulevons en comités techniques – composés de spécialistes (par exemple, des Compliance Officers, ou des trésoriers).

Selon le cas, nous élargissons le cadre de la discussion, et recherchons l’avis d’autres stakeholders, comme des associations professionnelles, les instances régulatrices et le gouvernement. Nous débouchons sur un consensus et, de là, nous dégageons des actions précises. 

Certaines de ces analyses sont de nature confidentielle, car parfois très techniques, et pourraient être mal comprises ou créer de l’incertitude dans certains secteurs. C’est pourquoi l’exercice est structuré, et comme vous le voyez, les parties concernées sont parfaitement au courant de nos positions et de nos questions.

Le secteur bancaire mauricien est en pleine ébullition avec de nouveaux entrants tels que le groupe BCP. Quelle est votre évaluation de ce secteur hautement concurrentiel ?

Le marché bancaire mauricien est très bien desservi, avec 19 banques pour une population de 1,3 million d’habitants. Ces 19 banques ont des profils très différents, et créent un écosystème particulièrement riche pour une économie comme la nôtre, et caractérisé par une rude concurrence entre opérateurs. L’on pourrait ainsi être amené (à tort) à penser que le marché domestique est saturé.

Si Maurice connaît un très fort taux de bancarisation, les utilisateurs ne font pas toujours un plein usage de la gamme de services disponibles. Il y a donc un potentiel de croissance sur ce plan. Deuxièmement, il y a une demande croissante pour de nouveaux produits – nouvelles interfaces, nouveaux modes de paiement, produits d’investissement, modes de financement plus complexes pour les entreprises. Donc, le marché local comporte de belles opportunités.

Mais c’est sans conteste la dimension régionale qui reste la piste de croissance privilégiée. Notre cadre d’affaires et notre position au carrefour de l’Asie et l’Afrique font de nous une plateforme d’investissement et de financement unique.

Certes, il y a des défis. Nous ne sommes pas à l’abri de remous éventuels dans l’économie globale, et sommes susceptibles d’être affectés par les nombreux changements dans la réglementation des services financiers. Malgré cela, les prévisions de croissance pour le secteur restent au-dessus de la moyenne nationale. Nous sommes donc ravis d’accueillir le groupe BCP, et nous nous réjouissons de la nouvelle dimension qu’ils apportent à notre écosystème.

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Certains sont d’avis que les banques freinent le développement économique en raison de leur aversion pour le risque…

Il ne faut pas exagérer. Au cœur même de la pratique bancaire est la gestion du risque. Les banques ne sont pas adverses au risque ; elles le gèrent. Si elles peuvent prêter, elles le feront; c’est leur métier. Avant la crise financière de 2008, l’on reprochait aux banques mauriciennes de ne pas prêter davantage ; au lendemain de la crise, on les félicitait pour leur prudence. Aujourd’hui, lorsqu’un prêt tourne mal (ce qui arrive parfois), l’on critique la banque ; lorsqu’un prêt est refusé, on critique encore la banque.

Cependant, il ne faut pas oublier que l’argent des banques provient des épargnants et des actionnaires, envers lesquels la banque a une responsabilité considérable. La nouvelle règle internationale IFRS9 est venue imposer de nouveaux paramètres aux banques, et la Banque de Maurice travaille de surcroît sur une nouvelle réglementation sur le Credit Impairment. Ces règles auront un impact sur la façon dont les banques prêtent, mais le font dans le concept de la prudence et de la protection des dépôts des épargnants.

Nous avons la chance d’avoir un secteur bancaire responsable, qui accompagne depuis de nombreuses décennies nos entreprises ; les prêts aux PME ont largement dépassé les objectifs fixés, et nous collaborons avec les autorités et les exportateurs sur divers programmes de financement.

Les banques sont critiquées quand un prêt tourne mal et quand un prêt est refusé… Peut-on alors dire que les banques sont mal aimées, d’autant plus qu’un ancien gouverneur de la Banque de Maurice avait traité les banquiers de Banksters ?

Effectivement, c’est parfois un peu, ‘Pile tu gagnes, face je perds’. Le secteur bancaire est à l’économie ce que le système cardiovasculaire est au corps humain. Les banques ont un rôle fondamental dans notre économie, et accomplissent un travail très dur tous les jours. Il n’existe aucun autre système qui soit aussi réglementé, et où le client bénéficie d’autant de protections très onéreuses, surtout comparé à certaines FinTech. Dans un contexte économique plein de défis, les banques sont un des secteurs qui affichent encore de la croissance, et sont la principale source de Corporate income tax pour l’État. Nous devrions saluer la contribution responsable des banques au développement économique du pays. Il existe, bien sûr, des zones d’amélioration, qui devrait être adressées dans un dialogue respectueux.

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Plusieurs de vos membres ont beaucoup de difficulté à évaluer les risques en ce qu’il s’agit des prêts transfrontaliers. Cela peut-il refroidir les ardeurs des banques à sortir du marché local ?

Je suppose que vous faites référence aux récents articles sur deux cas précis ; il ne faut pas pour autant généraliser. À la fin de septembre 2018, les prêts octroyés à l’étranger se chiffraient à Rs 272 milliards, ce qui suggère que nos banques sont très actives sur ce plan. La grosse majorité de ces prêts ne connaît aucun problème.

La presse a d’ailleurs récemment couvert une importante transaction d’USD 800 millions, qui est le résultat de la collaboration entre plusieurs banques mauriciennes et étrangères. Le Blueprint du cabinet McKinsey prévoit que les prêts transfrontaliers seront le principal moteur de croissance du secteur. Vous avez raison : un prêt transfrontalier comporte des risques additionnels. Mais nous sommes aussi dans une période où la réglementation internationale (Bâle III, IFRS9) et la pratique bancaire favorisent le développement d’outils de gestion du risque beaucoup plus sophistiqués.

Nous venons de partager, à la Banque de Maurice, nos commentaires sur une nouvelle directive sur les prêts transfrontaliers, et le secteur bancaire investit, depuis quelque temps déjà, dans de la formation sur ce sujet. Tout récemment, la Banque Africaine de Développement présentait aux banques mauriciennes des outils de gestion des risques liés aux prêts transfrontaliers. Maurice n’a d’autre choix, pour sa croissance, que de se tourner vers l’extérieur.  

Depuis des années, nous évoquons la nécessité de développer un marché secondaire pour la dette. Les banques se sentent-elles concernées ?

C’est une question d’actualité pour les banques, et nous effectuons actuellement un exercice de réflexion sur le sujet. Il est certain que les banques ont la volonté de voir un marché plus dynamique. Cependant, nous opérons dans un marché très hétérogène, où les volumes sont limités. Il faut donc bien mesurer les conséquences de tout changement, tant pour les banques que pour les clients et l’État – par exemple, si l’on modifiait le mécanisme de mise en vente ou les règles actuelles sur la vente à découvert.

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Cet exercice de réflexion sur un marché secondaire pour la dette porte sur quoi ? Peuton en savoir plus ?

Pas vraiment, dans la mesure où nous en sommes encore au stade du brainstorming. Dans l’essentiel, aujourd’hui, des acheteurs acquièrent des obligations et les tiennent généralement jusqu’à maturité. Nous réfléchissons à un ensemble de facteurs qui pourraient stimuler davantage d’achat ou de vente. Il y a beaucoup de sujets de discussion, et chacun est complexe. Par exemple, quel serait le mérite d’introduire des obligations à court terme (moins de 90 jours), des Reverse Repo transactions, ou un benchmark dans un marché aussi restreint que le nôtre ? Nous travaillons aussi avec la FSC sur la partie non bancaire du marché des capitaux.

Quelle est votre évaluation de la manière dont le secteur bancaire réagit aux changements dans les réglementations ?

Maurice a toujours été bon élève par rapport à la réglementation internationale. Nous sommes déjà bien audelà des seuils prescrits par Bâle III, ce qui fait de nous une référence dans notre région. Se maintenir à niveau par rapport à la complexité d’un secteur aussi réglementé n’est pas chose facile. De manière générale, Maurice a toujours adhéré aux normes les plus récentes. Nous nous sommes aussi toujours tenus à la disposition d’inspections internationales, et si des lacunes ont été notées, nous y remédions immédiatement. D’où notre succès relatif.

Ces nouvelles réglementations entraînent généralement une hausse des coûts que les banques passent souvent aux clients, ce qui fait grimper les frais bancaires. Comment éviter cela ?

Ces règles se traduisent souvent par des contrôles accrus, et par de nouveaux systèmes complexes qui coûtent cher, et les clients s’en plai-gnent. Il y a deux façons de gérer l’impact sur les clients : premièrement, en s’assurant que chaque banque a une solide croissance ; deuxièmement, en utilisant les nouvelles technologies, qui assurent une efficacité inimaginable. Cependant, je ne pense pas que les gens en dehors du secteur se rendent compte du nombre de protections dont ils disposent à travers le secteur bancaire, et que les alternatives moins chères comportent des risques beaucoup plus élevés.

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En parlant de nouvelles technologies, les start-up et les entreprises de technologie de la FinTech introduisent régulièrement de nouvelles innovations bancaires. Maurice n’est-elle pas un peu à la traîne ?

Étant récemment rentré au pays, je peux vous dire que j’ai été agréablement surpris par certaines facilités bancaires disponibles à Maurice. Aujourd’hui, toutes les banques investissent de manière importante dans les nouvelles technologies, et il existe une forte concurrence pour se démarquer des autres. Maurice dispose aussi de plusieurs incubateurs, et il existe différents programmes pour soutenir les start-up ; d’ailleurs, je suis au courant de plusieurs projets très intéressants en gestation actuelle, tant par des indépendants que par de grandes institutions. Le rythme du développement de la FinTech dépend de plusieurs choses : des besoins, des manquements, et de la taille des marchés, entre autres.

La Blockchain impose également de nouveaux défis. Cela pousse-t-il les banques à sortir des sentiers battus ?

C’est une technologie très intéressante, que beaucoup de banques considèrent. Cependant, elle soulève de nombreuses questions, notamment sur la sécurité des données (conformité avec la directive générale sur la protection des données).

Avec les nouvelles méthodes de paiement, s’achemine-t-on vers une ‘cashless society’ ?

Nous allons certainement dans cette direction. Le liquide aura toujours sa place, mais les nouvelles modalités de paiement rendent la vie plus facile pour tout le monde. Ces méthodes ont aussi l’avantage de réduire la criminalité financière et de permettre une plus grande transparence. Certains s’inquiètent des coûts, mais au fur et à mesure que ces méthodes gagnent en popularité, les coûts baissent. Dans plusieurs pays, par exemple, il n’est plus possible de payer pour le transport public avec du liquide.

Ces changements ne sont pas toujours au goût de tout le monde. La MBA vient d’ailleurs de rappeler au public que les surcharges ou frais supplémentaires imposées par certains commerçants pour les paiements par carte ne sont pas autorisés, car ils péna-lisent injustement le public qui souhaite utiliser un mode de paiement autre que du liquide

Les banques puisent une bonne partie de leur revenu du Segment B. Quelle est votre évaluation ? Le Global Business résistera-t-il aux vents contraires qui souflent sur ce secteur depuis quelque temps déjà ?

Si les Management companies sont en première ligne d’effort, c’est surtout au niveau de l’activité bancaire que la contribution du global business au Pib. Le segment B est d’une importance capitale pour le secteur bancaire. Effectivement, il y a de nombreux changements dans la réglementation autour du secteur, qui engendrent un sentiment d’incertitude. Et depuis le 1er avril, nous connaissons le plein effet de la révision du traité Inde-Maurice. Il ne s’agit pas strictement de vents contraires, mais d’un changement de direction – pour reprendre l’analogie de la voile : si le vent tourne, il ne faut pas lutter contre, mais adapter notre cap pour continuer d’avancer. Il est clair que le secteur fait face à des défis importants. Il est impératif que les autorités et les opérateurs travaillent vite sur une réforme de fond du secteur

Maurice a effectivement basculé dans une nouvelle ère en ce qu’il s’agit de ses relations transfrontalières avec l’Inde. D’un autre côté, sur le continent africain, l’Afrique du Sud ou encore le Kenya convoitent le même marché que Maurice. Comment allons nous nous en sortir ?

Pendant trop longtemps, nous nous sommes appuyés sur des arguments fiscaux pour attirer du business à Maurice. Il existe de nombreuses raisons pour venir à Maurice, qui n’ont rien à voir avec la taxe. Maurice offre un cadre d’affaires efficace pour des professionnels de sociétés internationales et leurs conjoints, et un cadre de vie sécurisé et agréable pour leurs familles. La croissance à venir en Afrique est telle qu’il y a de la place pour tout le monde. Il nous faut faire notre marketing et notre ciblage différemment, et nous concentrer davantage sur nos forces fondamentales. Nous avons d’excellentes compétences, à Maurice, dans l’industrie du tourisme, de la canne, du textile, et des services financiers : nous pouvons aider des groupes internationaux à gérer leur développement sur le reste du continent africain.

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Comment voyez-vous Maurice décoller en tant que hub financier pour Afrique ? Existe-t-il des domaines spécifiques dans lesquels Maurice a un avantage par rapport aux autres centres financiers du continent ?

La stratégie est simple et connue de tous : il nous faut attirer les gestionnaires de fonds et des centrales régionales à Maurice. Nous sommes déjà un hub financier pour l’Afrique, et nous sommes déjà bâti une bonne réputation. Maurice est un excellent centre régional, un environnement des affaires efficace et un cadre de vie agréable. Il nous faut continuer d’encourager des centrales régionales de sociétés à implanter ici leurs opérations et faire venir leurs cadres et leurs familles. Cela dépasse le cadre traditionnel du global business. Par-delà les services financiers traditionnels et des poches de capital à Maurice, nous possédons une solide expérience dans le tourisme, l’industrie sucrière et le sec-teur manufacturier, et pouvons d’emblée ajouter de la valeur à des groupes industriels actifs dans ces industries à l’échelle régionale.

Régulièrement nous assistons à un débat entre la hausse ou la baisse du taux directeur. Où vous situez-vous ?

C’est une question très complexe, et je m’en remets à l’autorité compétente. Nous sommes actuellement dans une situation de taux historiquement bas. Dans le contexte actuel, cela se comprend, et je ne suis pas sûr qu’une baisse supplémentaire aurait l’effet escompté sur l’emprunt et la redynamisation du secteur privé. Ces taux vont sans doute remonter au moment propice – comme c’est le cas dans certaines économies développées.

Y a-t-il un vrai dialogue entre la Banque de Maurice et la MBA ?

Absolument ! Nous entretenons avec la Banque de Maurice une excellente relation de travail. Je tiens à saluer le Gouverneur et la direction de la Banque de Maurice pour leur esprit de collaboration et leur soutien. Rien que depuis ma prise de fonctions, nous avons travaillé ensemble sur le rapport Banking Your Future, le suivi du rapport ESAAMLG, le National Risk Assessment, l’introduction de l’indice PMI d’IHS Markit, l’eKYC, de nombreuses nouvelles réglementations, les fondations du régime de Risk-Based Supervision, le National Payment System, une formation sur l’IFRS9, et nous travaillons sur une campagne de Financial literacy qui verra bientôt le jour. Une vingtaine de cadres de la Banque de Maurice sui-vent notre Professional Banker Certificate décerné par le Chartered Banker Institute. Il y a d’autres projets en chantier, et nous faisons un pointage toutes les six semaines. Nous nous sommes également engagés dans un dialogue plus stratégique, sur des sujets tels que la digitalisation

Tout le monde s’entend dire qu’il faut attirer et préserver les grands noms internationaux du milieu bancaire à Maurice. Que compte faire la MBA à ce propos ?

Notre mission est de contribuer au développement d’un secteur bancaire concurrentiel à Maurice. Une des richesses de notre écosystème est justement la présence de banques de différents profils, dont celles dont vous parlez. Dans notre dialogue continu avec les autorités, nous avons toujours souligné l’importance de maintenir cette diversité, et je crois que le message a été reçu. Pour ce qui est d’attirer de nouvelles enseignes, il s’agira d’avoir une stratégie de croissance claire. D’où notre intérêt pour la mise en place du Blueprint, et notre soutien aux efforts de promotion de l’Economic Development Board.

Dans un environnement de taux d’intérêt bas, les investisseurs sont à l’affût d’actifs offrant le meilleur retour sur investissement, d’où l’engouement pour de nouveaux types de placements financiers. Cela pourrait-il mettre à mal l’épargne traditionnelle ?

Le public mauricien dispose aujourd’hui d’un grand choix par rapport à ses économies : fonds de placement, bons du Trésor, bons d’entreprises, assurances, en plus des produits bancaires traditionnels. Les bons d’entreprise offrent de meilleurs taux, mais comportent également plus de risque d’un dépôt bancaire – il s’agit pour l’investisseur de trouver le bon équilibre. Dans un marché comme le nôtre, il y a de la place pour tout le monde, et il faut laisser le marché évoluer. Les banques fixent leurs taux selon les lois du marché. Certes, l’épargne est à la baisse, et il faut certainement encourager les gens à gérer leurs budgets de façon prudente. Il incombe aux banques, selon leurs besoins en liquidité, d’être compétitives. Tant que les mêmes règles s’appliquent à tout le monde !

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