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Jean Michel Pitot:« Le cap du milliard de roupies de chiffre d’affaires franchi en 2013 »

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Jean Michel Pitot:

Après cinq ans d’opération, le groupe hôtelier Attitude se positionne comme un acteur de référence du tourisme mauricien avec un chiffre d’affaires qui devrait dépasser Rs 1 milliard en 2013. Son CEO, Jean-Michel Pitot, cerne les grands enjeux de l’industrie et les défis que celle-ci aura à relever en 2014.

BUSINESSMAG. Attitude célèbre cette année ses cinq ans d’existence. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru jusqu’ici ?

Je mesure le chemin parcouru par notre groupe avec beaucoup d’émotion et de reconnaissance. Partant de deux hôtels en 2008, nous comptons, à ce jour, un portfolio de neuf hôtels sans que nous ayons au départ misé sur une telle progression. Depuis cinq ans, nous avons tissé des liens privilégiés avec des partenaires locaux et étrangers qui nous ont fait confiance dès le départ et sont devenus aujourd’hui des partenaires stratégiques. Ils nous ont aidés à construire et faire vivre la marque Attitude, à développer sa notoriété, à la positionner solidement en tant que marque de référence de l’hôtellerie 3 et 4 étoiles à Maurice.

Mais cette réussite n’aurait pas été possible sans la qualité, la créativité, le dynamisme et la passion des équipes qui m’entourent et, plus particulièrement, sans la formidable adhésion de nos Fa-mily Members. Ce sont eux qui, dans chacun de nos hôtels, portent la promesse de notre marque : celle de faire vivre à nos clients l’expérience d’une île Maurice authentique. Elle commence par leur hospitalité et leur sourire, leur valeur de respect et d’humilité qui font le socle de la marque Attitude.  Pour ce cinquième anniversaire que nous avons célébré à travers une vidéo conférence dans nos neuf hôtels en simultané, j’ai tenu à leur rendre hommage et à leur dire que nous poursuivons l’aventure Attitude plus que jamais ensemble.

BUSINESSMAG. Les jeunes sont-ils intéressés à faire carrière dans l’hôtellerie où les horaires de travail sont contraignants ?

Notre groupe compte, à ce jour, plus de 1 000 Family Members.  Comme je l’annonçais cinq ans plus tôt, lors de la soirée de lancement, ma profonde conviction est que l’entreprise est le produit de ce que font les hommes et les femmes qui y travaillent. Nos employés sont la première richesse du groupe. C’est avec eux que nous construisons notre succès. Il faut que chacun puisse s’épanouir et exprimer ses talents.

Nous devons continuellement cultiver nos valeurs fondamentales afin que nos équipes considèrent Attitude comme une entreprise où il fait bon travailler et pour laquelle elles ont vraiment envie de se dépasser. En retour, Attitude est à l’écoute de chacun de ses employés. Un plan de participation aux bénéfices de l’entreprise (Profit Sharing Scheme) pour tous les Family Members du groupe a été mis en place à la création d’Attitude. Cette dynamique économique partagée est un facteur de motivation pour tous.

Cette année, nous avons également motivé nos Family Members en leur présentant des challenges et des objectifs à atteindre qui ont été évalués et audités tout au long de l’année. Cela dans le but de stimuler leur créativité, de renforcer leur esprit d’équipe tout en maintenant nos normes et standards de service. Le 29 novembre, nous avons célébré avec nos employés les Attitude Excellence Awards qui ont récompensé, dans plusieurs catégories, les équipes qui ont été les plus efficaces et se sont démarquées dans leur travail.

BUSINESSMAG. Le groupe a-t-il pu maintenir une rentabi-lité malgré leralentissement de la demande ?

Après cinq ans, Attitude se positionne comme un acteur de référence du tourisme mauricien. Notre groupe a progressé selon son plan de développement stratégique. Notre situation financière correspond à nos prévisions. Nous avons travaillé dur en 2013 et avons considérablement augmenté nos parts de marché tout en augmentant notre revenu moyen par chambre, malgré un climat difficile et compétitif. Notre chiffre d’affaires devrait dépasser le milliard de roupies pour cette année financière. Nous avons des actionnaires de confiance qui ont investi ces dernières années dans le rachat, la rénovation de nos hôtels et, dernièrement, dans la création du nouvel hôtel Zilwa Attitude, afin d’avoir des produits correspondant à la signature Attitude. Notre mission est de maintenant consolider, stabiliser le groupe et de faire vivre la marque Attitude. Nous démarrerons l’année 2014 avec sérénité.

BUSINESSMAG. Dans la conjoncture actuelle quels sont les ingrédients qui font le succès d’un groupe hôtelier ?

Je n’ai pas la recette infaillible du succès. En dépit ou en raison de l’environnement économique actuel, nos hôtels s’inscrivent dans cette tendance incontestée d’un tourisme plus proche des valeurs d’authenticité et de par-tage, respectueux des hommes et de l’environnement. Nous avons investi dans nos hôtels pour offrir à nos clients des produits de qualité et une expérience unique.

Notre succès repose sur quatre piliers : des partenaires stratégiques, un positionnement clair et différent avec une stratégie de marque cohérente, des hôtels de style contemporain au charme mauricien où nos hôtes vivent une véritable rencontre avec l’île Maurice authentique et une équipe de passionnés, 100 % mauricienne, dédiée à leur bien-être.

Notre groupe contribue, à ce jour, à plus ou moins Rs 120 millions en taxes diverses, notamment Rs 2 millions à travers notre programme Green Attitude. Nous sommes heureux d’apporter notre contribution au développement intégré de la région par le choix de talents mauriciens – les architectes, artisans et artistes qui sont amenés à travailler pour les hôtels Attitude –, mais aussi à travers les actions en faveur de l’environnement marin concentrées dans le nord de l’île. Nous avons également été très actifs en termes de sensibilisation et d’éducation à l’environnement. Nauticaz, notre centre éducatif et interactif en collaboration avec l’ONG Reef Conservation, dédié aux richesses de la faune et de la flore marine, a accueilli plus de 4 000 visiteurs, parmi les écoliers et enseignants de la région,  les clients de l’hôtel, les Family Members et leurs familles.

BUSINESSMAG. Tous les autres groupes hôteliers locaux sont cotés en bourse. À quand une introduction en bourse pour Attitude ?

Nous avons des actionnaires qui s’associent au développement du groupe en lui apportant les capitaux nécessaires.

Nous avons investi massivement ces cinq dernières années. Le groupe a connu une belle expansion. À ce stade, nous n’avons pas besoin de capitaux supplémentaires et sommes heureux de consolider nos acquis. En conséquence, l’introduction en bourse du groupe Attitude n’est pas d’actualité.

BUSINESSMAG. Quelle est votre analyse de l’évolution des marchés et surtout de l’émergence de nouveaux marchés ?

Les marchés traditionnels ont été très affectés par la crise et représentent la majorité de nos arrivées touristiques : il ne faut pas les négliger. Il faut continuer à investir et préserver notre notoriété, fruit du travail de vingt années d’investissements.

Concernant les marchés émergents et potentiels, les acteurs du marché touristique doivent travailler en synergie afin de pouvoir mieux les exploiter et de renforcer la signature de la destination Maurice sur ces nouveaux marchés.

Le marché régional a toujours été bien réactif tout au long de l’année et permet de nous assurer un certain taux de remplissage même si le revenu par chambre est moins important. 

BUSINESSMAG. Quels sont les marchés sur lesquels vous misez ?

J’ai une excellente équipe commerciale dynamique et motivée sous la responsabilité de Vincent Desvaux de Marigny, notre Sales & Marketing Director qui est établi à Paris et reste très proche de nos principaux partenaires européens. Il a consolidé des relations privilégiées que nous avons avec les principaux tour-opérateurs européens.

Nous avons un modèle financier à Maurice dans l’hôtellerie qui fonctionne depuis de nombreu-ses années. 80 % de notre revenu émane des tour-opérateurs (TO). Nous n’avons pas la prétention de changer un modèle financier qui fonctionne. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, les TO se sont réinventés et se sont adaptés aux nouveaux modes d’achats.

Nous avons aussi investi dans une stratégie de vente multicanale avec des outils technologiques adaptés. Nous restons cependant prudents à ne pas court-circuiter nos partenaires stratégiques qui nous soutiennent depuis ces vingt dernières années.

BUSINESSMAG. Le marché chinois connaît une croissance rapide et exponentielle. À terme, quel est le potentiel réel de ce marché pour Attitude ?

Nous n’avons pas encore misé sur ce marché. À ce jour, nous avons très peu de clients en provenance de la Chine dans nos établissements car nous nous concentrons sur les marchés vecteurs de volume pour la destination Maurice. Toutefois, 2014 verra la diversification de nos marchés. Nous allons investir sur ce marché à fort potentiel. Cet investissement ne sera pas uniquement dédié au marketing et à la communication. Nous allons également nous assurer que les services offerts par nos hôtels répondent aux besoins des touristes chinois, que ce soit en termes de nourriture, d’horaires d’ouverture et de fermeture de nos restaurants, de la disponibilité d’un personnel qui parle le mandarin et d’activités de loisirs. Nous sommes confiants que notre marque sera très bien accueillie par le marché chinois.

BUSINESSMAG. Où en sont vos réservations pour le mois de décembre en général et la ‘prime season’ en particulier ?

Nous sommes complets pour la saison festive. Nous avons de la visibilité pour le premier semestre 2014. Zilwa Attitude, qui a ouvert le 8 novembre, a reçu un très bel accueil sur nos différents marchés. Le taux de remplissage moyen des six premiers mois est également très encourageant. 

BUSINESSMAG. Il y a eu une compétition très agressive entre les opérateurs locaux en termes d’offres et de prix. Cette stratégie est-elle risquée ou avantageuse ?

Les prix sont dictés par le marché qui suit la loi de l’offre et de la demande. Nous devons nous adapter aux fluctuations du marché. Par exemple, à Maurice, pour la haute saison de fin décembre, quand nos prix sont au plus haut, nous devons refuser des réservations. Par contre, quand nous sommes en basse saison et que les prix sont au plus bas, nous avons du mal à remplir nos chambres.

Les Européens ont moins voyagé. Donc, la demande était moins importante. Toutes les destinations ont bradé leurs prix pour récupérer la clientèle qui avait encore les moyens de voyager. Mais la situation s’améliore en Europe. Nous sommes heureux d’avoir renoué avec une courbe de croissance.

BUSINESSMAG. Qu’est-ce qui a manqué à notre industrie touristique cette année pour réaliser une meilleure performance ?

Nous avons réalisé une belle performance sur le plan macro-économique car nous accueillerons très certainement 1 million de touristes cette année malgré les effets de la crise économique et financière en Europe. Cela a été une année difficile. Nous avons eu à nous adapter aux changements qui s’opéraient sur nos marchés principaux en Europe avec des attentes différentes en proposant des offres financièrement intéressantes. Nous évoluons mainte-nant vers une timide reprise qui correspond à la croissance que nous afficherons à la fin de cette année. 2014 sera une année probablement plus prometteuse !

BUSINESSMAG. Quels sont les moyens à mettre en œuvre en 2014 pour redynamiser le secteur ?

Les nouvelles technologies ont fait émerger de nouveaux comportements et usages de notre clientèle. Plus expert, plus social, plus communautaire, plus exigeant, en recherche de plus de transparence et d’éthique, le voyageur a modifié son rapport à la consommation. Nous de-vons réinventer nos moyens de communication et engager nos  consommateurs tous aujourd’hui connectés aux médias sociaux.

Nos hôtes sont aujourd’hui demandeurs de considération, de participation. La destination Maurice ne doit plus être perçue comme un annonceur, mais comme un partenaire, un ami de confiance chez qui on est invité et où l’on se sent bien.

L’île Maurice doit également apprendre à gérer sa réputation et son influence et se préparer à la guerre de la réputation car les autres destinations sont également très agressives sur les réseaux sociaux.

BUSINESSMAG. L’objectif d’atteindre 2 millions de tou-ristes est-il réalisable pour Maurice compte tenu du contexte actuel et de l’impact de l’industrie du tourisme sur l’environnement ?

Il faut avoir des objectifs de progression dans toute industrie et pourquoi pas un jour 2 millions de touristes. Toutefois, pour cela, il faut d’abord analyser l’impact de 2 millions de touristes pour notre pays et prévoir notamment des infrastructures nécessaires et adéquates en termes de routes, de fourniture d’eau, d’électricité, d’accès aérien et de chambres d’hôtels supplémentaires. À ce jour, nous en sommes encore loin.

La destination Maurice doit rester une destination de qua-lité. La qualité n’est pas le critère unique du haut de gamme. La qualité doit être présente dans toutes les catégories d’hôtels, mais également dans les servi-ces offerts par les prestataires du tourisme comme les chauffeurs de taxi et centres commerciaux et en termes d’activités de loisirs, d’excursions et dans toutes les infrastructures qui nous entourent.

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