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« La baisse du pouvoir d’achat n’est pas compensée »

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BUSINESSMAG. Comment a évolué le pouvoir d’achat des Mauriciens ces dernières années ? Le pouvoir d’achat des Mauriciens a diminué au fil des années. Récemment, il y a eu une enquête qui a démontré qu’en trois mois, il aurait fallu Rs 200 de plus pour rétablir le pouvoir d’achat sur un panier type.

La compensation salariale est donnée sur ce qu’on a perdu. Il faudrait donc plus de Rs 200 pour compenser la hausse du coût de la vie sur un an. Ce sont les personnes au plus bas de l’échelle sociale qui sont les plus touchées. Les augmentations salariales sont inférieures pour ceux qui touchent le moins. À Maurice, l’écart entre les riches et les pauvres s’est élargi.

Le dernier rapport de l’Article IV des experts du Fonds monétaire international (FMI) le confirme, puisqu’on y lit que les pauvres ont moins bénéficié de la croissance que les riches ces dernières années.

Les calculs de l’inflation prennent en compte tout un ensemble de produits et de service, mais il faut savoir que, pour le bas de l’échelle, ce sont les biens alimentaires qui constituent l’essentiel des dépenses. En matière de politique sociale, il faudrait donc reposer le problème du ciblage de la population à aider.

BUSINESSMAG. Que pensezvous du dernier Budget ? Dans le Budget, certaines décisions vont dans le bon sens, avec notamment des réductions de taxes sur certains produits, mais on ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un Budget pro-consommateur. Il y a des décisions qui semblent contradictoires.

Par exemple, on abolit la taxe sur l’eau pour en créer une sur les boissons sucrées. En augmentant la taxe sur le tabac et les alcools, le gouvernement cherche à augmenter ses revenus, mais avec les Rs 6 milliards de droits d’Excise Duty, aucune véritable campagne de conscientisation n’a été lancée contre la consommation de tabac et d’alcool qui coûte pourtant très cher à la collectivité.

En outre, l’argument de santé publique ne tient pas car on ne voit pas la consommation de tabac et d’alcool baisser.

Jayen      « Il y a, à Maurice, une politique de ‘mal développement’. On pousse à la construction de projets d’infrastructures sans se poser la question de savoir s’ils sont vraiment nécessaires. »

BUSINESSMAG. Il faut bien pourtant financer les travaux d’infrastructures…

C’est vrai que l’Etat a besoin de la taxe pour financer les travaux d’infrastructures. Quand le secteur privé n’investit pas, il est normal que le secteur public prenne le relais. Mais au niveau de l’ACIM, nous estimons qu’il y a, à Maurice, une politique de « mal développement ». On pousse à la construction de projets d’infrastructures sans se poser la question de savoir s’ils sont vraiment nécessaires. Et on se retrouve avec des éléphants blancs comme le Harbour Bridge. Je m’interroge aussi sur la nécessité de construire le métro léger. Il n’y a pas de débat national sur le développement du pays. Les revenus de l’Etat sont investis dans des projets sans transparence. On a confié, à Bouygues et à Colas, Rs 30 milliards de travaux sans appel d’offres. En outre, que ce soit pour la carte nationale d’identité ou le métro léger, tout passe par Singapour. Au départ, on voulait réduire la congestion routière. Mais aujourd’hui, il y a six projets pour régler cette question qui doivent démarrer en même temps.

On ne peut pas démarrer tous ces projets simultanément. Les grosses économies peuvent se permettre de financer plusieurs gros projets en même temps. Pas Maurice.

Pour se donner un ordre de grandeur, il faut savoir que le coût du métro léger représenterait 30 % du projet national. Sans parler de la question des surcoûts qu’on se refuse à envisager. Or, tous les grands projets d’infrastructures connaissent des surcoûts.

Je ne suis pas contre le projet du métro léger, mais on ne doit pas le lancer dans le contexte actuel. De plus, nous n’aurons pas vraiment besoin du Harbour Bridge, si on construit la route Verdun-Terre Rouge.

BUSINESSMAG. Vous avez adressé un mémorandum au comité de politique monétaire de la Bank of Mauritius pour lui demander d’augmenter les taux d’intérêt. Pourquoi ?

Il faut absolument combattre la résurgence de l’inflation. Or, en janvier, il va y avoir un afflux de liquidités avec le Pay Research Bureau (PRB), les ajustements salariaux et une partie du 13e mois. 

Par ailleurs, nous sommes tributaires des importations pour le carburant et l’alimentaire. Si le taux repo baisse, la roupie baisse et cela entraîne une hausse des prix des produits importés.

Il y a aussi le taux d’épargne qui est passé de 26 % à 13 % en quelques années. Si le taux repo est inférieur à l’inflation, cela décourage l’épargne. C’est pour cela que nous militons pour une hausse des taux.

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