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La station de Vacoas montrée du doigt

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La station de Vacoas montrée du doigt | business-magazine.mu

Nous avons voulu en savoir plus sur les manquements imputés à la météo locale en interrogeant un prévisionniste actuel et un ancien directeur de la station. Les avis divergent…

«Les systèmes d’avertissement de pointe sont hors de prix»

Selon un prévisionniste de la station météo de Vacoas, le Disaster Management Committee (DMC) s’est réuni à la résidence du Commissaire de police entre 14 et 15 heures, samedi dernier, le 30 mars. « Et l’avis de grosses pluies a été émis à partir de 14h30 », indique-t-il. Il explique, par ailleurs, que la météo n’émet un avis de grosses pluies que « quand le seuil de 100 mm est atteint en 12 heures. Or, durant la soirée du vendredi 29 mars jusqu’au lendemain matin, des pluies de 80 à 90 mm ont été enregistrées.»

A la question de savoir pourquoi la station météo de Vacoas n’investit pas dans des systèmes d’avertissement de pointe dont le radar, le prévisionniste fait remarquer que ce dernier est hors de prix. Il confie, en outre, que les critères mis en place sont différents en semaine et en week-end : « L’avis de pluies torrentielles n’est appliqué qu’en semaine à cause des écoles alors que l’avis de grosses pluies est émis durant le week-end. »

Le prévisionniste souligne par ailleurs que le DMC organise en ce moment un « ongoing debriefing » et qu’« une enquête sur les inondations du samedi 30 mars est en cours. Le rapport sera prochainement livré au Prime Minister’s Office».

«La météo doit se réinventer»

Subiraj Naraidoo Sok Appadu, ancien directeur de la station météorologique de Vacoas, reconnaît que les dernières inondations peuvent être liées au changement climatique. Il est d’avis qu’il est grand temps pour la station de Vacoas de s’adapter à cette évolution mais aussi au développement qu’a connu l’île depuis le commencement des années 2000. Le paysage mauricien d’aujourd’hui comporte en effet plus d’infrastructures et moins d’arbres. « La météo ne peut plus appliquer les critères établis dans les années 50-60, fait-il ressortir. On ne peut plus se baser sur un seuil de pluviométrie de 100 mm en 12 heures pour passer à l’avis de grosses pluies ! » Selon lui, ce critère n’est pas approprié, de même que l’avis de pluies torrentielles applicable uniquement en semaine, « prenant pour prétexte les écoliers et collégiens. Ces mêmes enfants ne sortent-ils pas durant le week-end ?»

Pour Subiraj Naraidoo Sok Appadu, la météo doit donc se réinventer et repenser ses méthodes de travail. L’investissement dans des équipements de pointe incluant un radar figure également parmi les priorités à envisager.

Protocole d’alerte : la fédération patronale attend toujours

Depuis les pluies torrentielles du mercredi 13 février dernier, la Mauritius Employers’ Federation (MEF) avait formulé une requête au gouvernement pour qu’un protocole soit dressé afin de gérer à l’avenir pareilles situations. Or, le Disaster Management Committee (DMC) n’a pas encore répondu à cette demande, signale Clensy Appavoo, président de la MEF. Eric Leroi, responsable du projet « Risques naturels et aménagement des territoires » à la Commission de l’océan Indien (COI), interrogé sur le flash flooddu samedi 30 mars, assure pour sa part que des consultations ont lieu avec l’ensemble des instances nationales concernées, y compris la station météo de Vacoas. Selon lui, celle-ci dispose d’équipements « de bonne qualité » et travaille en coordination avec le service météorologique de La Réunion. Il ajoute que Maurice est bien dotée d’un point de vue légal et structurel pour parer aux risques naturels. Eric Leroi pense toutefois que le seuil de 100 mm de pluie pour qu’un avis d’alerte soit émis devrait être revu mais insiste sur un fait : les conséquences du flash floodde samedi n’incombent à personne, « On fait face à un problème d’urbanisation que l’on retrouve au Japon, en France… »

Petits Etats insulaires : prévention renforcée

Au cours de la rencontre des Small Island Developing States (SIDS) à Maurice, en 2005, une Mauritius Strategy pour la période 2005-2015a été mise sur pied. Cette stratégie concerne la vulnérabilité des petits Etats insulaires, notamment pour ce qui est des effets du changement climatique sur l’économie, la société et l’environnement. Elle inclut également des solutions.

La conférence de 2005 a clairement établi le lien étroit entre le changement climatique et les catastrophes naturelles. D’autant plus que les SIDS, de par leur situation géographique, sont particulièrement exposés à des catastrophes naturelles appelées à augmenter en fréquence et en intensité. Face à cette situation alarmante, les SIDS ont reconnu le besoin de renforcer leurs Disaster Management Capacitiesmais aussi l’International Strategy Disaster Reduction. Pour ce faire, ils ont exposé le projet de développer des partenariats permettant la mise sur pied de plans d’assurances, de systèmes d’avertissement pointus et le renforcement de la capacité d’intervention.

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