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Laurent Afflelou: «Le marché de l’optique est très concurrentiel à Maurice»

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Laurent Afflelou: «Le marché de l’optique est très concurrentiel à Maurice» | business-magazine.mu

Avec 1 457 magasins en activité dans 17 pays, le groupe Afflelou figure parmi les leaders mondiaux du marché de l’optique. À l’occasion du lancement officiel de la première boutique Afflelou à Maurice, Business Magazine Océan Indien a rencontré son directeur de développement.

BUSINESSMAG. La première boutique Alain Afflelou Acousticien a ouvert ses portes en décembre dernier à Phoenix Mall. Comment le public a-t-il accueilli l’enseigne ?

De manière générale, l’accueil a été très positif. De nombreux Mauriciens connaissent l’enseigne par le biais de la publicité sur les chaînes satellitaires. Nous avons reçu un très bon accueil. Les résultats des trois premiers mois d’opération en attestent. Nous sommes très satisfaits de ce premier bilan. En décembre, nous avons démarré les activités optique et audio. Cette dernière est plus récente pour l’enseigne. Quant à l’activité optique, elle est développée depuis 2011 en métropole. Par la suite, le service a été étendu aux DOM-TOM. Le succès a été au rendez-vous. À Maurice, le premier constat est encourageant.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il de la performance financière de l’enseigne au premier trimestre ?

Il est un peu trop tôt pour communiquer sur le chiffre d’affaires du magasin.

BUSINESSMAG. L’implantation d’Afflelou à Maurice était annoncée depuis quelques années déjà. La nouvelle était relayée dans la presse réunionnaise et régionale. Vous avez mis un peu de temps avant de concrétiser le projet. Pourquoi ?

C’est vrai ! Ma dernière visite à Maurice remonte à deux ans. Nous avons prospecté parce que nous ne voulions pas nous tromper sur l’emplacement qui, soit dit en passant, est un élément primordial dans la pérennité du business. Nous n’avons pas voulu nous précipiter et espérons avoir fait le bon choix.

BUSINESSMAG. Pourquoi une boutique Alain Afflelou Acousticien et non une enseigne de lunetterie Alain Afflelou tout simplement ?

Il faut voir les choses dans leur globalité. L’enseigne Alain Afflelou Acousticien est normalement implantée dans les magasins Alain Afflelou Optique ou en dehors quand on n’a pas une boutique Alain Afflelou à proximité.

À Phoenix Mall, la superficie était suffisante pour opérer un Alain Afflelou Acousticien. L’on dispose d’un grand espace pour prodiguer des services d’aide auditifs. L’espace audio est d’une superficie de 10 mètres carrés. C’est suffisant pour exploiter l’activité audio. Tout l’intérêt d’une offre combinée audio et optique est de créer une synergie entre deux types de clientèles.

BUSINESSMAG. Comment le franchiseur Alain Afflelou participe-t-il au développement de l’enseigne locale ?

Le franchiseur n’est associé en rien. Que ce soit ici comme ailleurs, le franchiseur n’est jamais associé à ses franchisés, qui sont des commerçants indépendants qui détiennent à 100 % leur société. Le franchiseur peut toutefois être actionnaire dans la société, comme c’est le cas à Maurice (Ndlr : plus de la moitié de l’actionnariat d’Alain Afflelou Acousticien de Phoenix Mall est détenue par la société réunionnaise Optic Développement). Parfois, le franchiseur est propriétaire de magasins succursalistes. C’est le cas en France et en Espagne.

BUSINESSMAG. C’est donc le modèle économique du groupe Alain Afflelou ?

Exactement ! Soit on fait de la franchise, soit on fait du succursalisme. Nous faisons majoritairement de la franchise. Pour vous donner une idée, à fin mars, nous comptions 733 boutiques en France. Parmi, 70 appartiennent à une société succursaliste. Le reste ce sont des franchisés.

BUSINESSMAG. Que représente Maurice pour un géant européen de la lunetterie comme Alain Afflelou qui opère 1 457 magasins dans 17 pays ?

C’était une opportunité de développement puisque nos partenaires de La Réunion, qui opèrent sept magasins Alain Afflelou, sont bien représentés. Parallèlement à Maurice, nous avons ouvert une boutique Alain Afflelou à Mayotte.

Quand nos partenaires réunionnais nous ont proposé de nous installer à Maurice, nous nous sommes dit : allons-y ! S’il y a des opportunités de développement, nous pourrons envisager de créer d’autres magasins dans un proche avenir.

BUSINESSMAG. Vous n’avez donc pas de stratégie définie concernant votre expansion sur le sol mauricien ?

Si. Quand ? Nous ne pouvons vous en dire plus présentement. Nous allons donner du temps au premier magasin de grandir et à leurs gérants pour bien s’en occuper. Si les résultats continuent d’être positifs, nous continuerons le développement. En fait, il est clair que nous pouvons ouvrir plus d’un magasin Alain Afflelou. Nous ouvrirons autant de magasins que nous jugerons nécessaire. Nous ne faisons pas la course aux ouvertures.

Tout est une question d’opportunités. Il est facile d’ouvrir un magasin de produits optiques et de services d’aide auditifs. Si l’on n’a pas un personnel compétent pour s’en occuper, on risque fort la fermeture. Nous n’envisageons pas la fermeture quand nous nous implantons dans un pays. Une chaîne internationale comme la nôtre n’aspire pas à discontinuer ses activités dans un pays où elle s’est implantée car c’est notre image qui en prendra un coup.

BUSINESSMAG. Quels sont vos objectifs à court - moyen terme ?

Le monde de l’optique est très concurrentiel à Maurice. C’est une tendance internationale. Avant de s’implanter ici, on a effectué une étude de marché qui s’est révélée positive. La plupart des enseignes optiques sont locales. Il y avait donc de la place pour une enseigne internationale.

BUSINESSMAG. Alain Afflelou est déjà présent au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Envisagez-vous d’utiliser Maurice comme une plateforme pour consolider la présence de la marque en Afrique ?

C’est une possibilité. Je ne vous dis pas que nous le ferons, mais nous allons y réfléchir. Ce n’est pas une priorité immédiate, mais une option à moyen ou long terme. Ces pays ont connu des phases d’expansion et une croissance importante. Je pense à l’Éthiopie ou encore au Kenya, qui sont dans une démarche dynamique.

BUSINESSMAG. Comment se porte le marché de la lunetterie mondiale ?

Bien ! On est très content de nos résultats en France. Le marché français est très concurrentiel. Peut-être même plus qu’ici. Il y a beaucoup d’opticiens en France. Environ 2 000 sortent chaque année des écoles d’optique. Au total, on dénombre quelque 12 000 magasins d’optique.

La concurrence s’accroît de plus en plus. Il faut également compter avec les chaînes de magasins et les opticiens indépendants. Nous essayons de nous distinguer des autres justement par la publicité, le marketing, le produit, notamment par l’activité audio qui est vraiment complémentaire et donne de très bons résultats. En plus, elle nous amène une large clientèle.

BUSINESSMAG. Quels sont les principaux acteurs de l’industrie de l’optique à l’international ?

Dans la distribution, vous avez Essilor-Luxottica qui constitue aujourd’hui un seul groupe d’optique (Ndlr : les deux géants de l’optique ont annoncé leur fusion en début d’année). S’agissant de la vente en magasin, il n’y a pas d’enseigne internationale présente sur tous les continents. Aux États-Unis, vous avez LensCrafters et Vision Express en Europe du Nord. En France, les grandes enseignes sont : Kris, Optic 2000, Afflelou et GrandVision. En Espagne également, Afflelou imprime sa marque avec 386 magasins. En Asie, toutes ces chaînes n’existent quasiment pas.

BUSINESSMAG. Justement, la Chine est l’un de vos nouveaux terrains de chasse…

Hormis l’Espagne, nous avons une implantation très francophone. L’Asie et l’Amérique du Sud sont des marchés où nous espérons pouvoir nous développer. Rien qu’avec la Chine, nous parlons d’un marché potentiel de 1,3 milliard d’habitants. La classe moyenne, qui dispose d’un certain pouvoir d’achat, représente environ la moitié de cette population. Nous avons déjà ouvert un magasin à Hong Kong et deux autres à Chongqing. Il faut dire que les Chinois adorent les marques françaises. D’ailleurs, en Chine, nous opérons sous l’enseigne Afflelou Paris, qui parle beaucoup à la clientèle locale. Mais notre périple chinois vient à peine de commencer. Nous avons encore beaucoup à apprendre de ce marché. Nous ne venons pas comme des conquérants : nous observons, nous nous adaptons à la culture et la mentalité des Chinois, ainsi qu’à leur manière de porter des lunettes.

BUSINESSMAG. En 2016, Alain Afflelou a initié les procédures pour sa réintroduction en Bourse. Mais il semblerait que le projet ait été gelé. Cela met-il à mal vos plans d’expansion à l’international ?

Nullement ! Notre stratégie d’expansion ne dépend pas de notre réintroduction en Bourse. Nous avons noué des contacts dans de nouveaux marchés. Dans le même temps, nous consolidons notre présence dans des marchés existants comme l’Espagne et le Portugal. Nous ne négligerons pas la France pour autant. Une trentaine d’ouvertures sont prévues sur le marché français.

BUSINESSMAG. À l’échelle mondiale, combien de magasins Alain Afflelou projetez-vous d’ouvrir cette année ?

Je n’ai pas le chiffre exact en tête. En tout cas, rien que dans les pays européens où nous sommes implantés – France, Suisse, Belgique, Luxembourg, Espagne et Portugal –, nous prévoyons d’ouvrir 80 à 100 magasins.

Alain Afflelou s’appuie sur ses structures. Par exemple, je suis responsable du développement dans les DOM-TOM et en Suisse. Il y a une structure espagnole qui gère la zone Espagne-Portugal. Et une autre s’occupant de la Belgique et du Luxembourg. Au Maroc, nous avons un contact qui est chargé du développement du business en Afrique. Cet opticien qui a travaillé pour les magasins franchisés en Europe a décidé de rentrer au Maroc et on lui a proposé de se charger du développement de notre enseigne dans toute l’Afrique. Il a ouvert avec succès des franchises en Côte d’Ivoire, au Sénégal et à Ouagadougou. Nous avons, par ailleurs, beaucoup de projets en Afrique. Comme je vous le disais, tout comme la Chine, l’Afrique est considérée comme un marché à très gros potentiel pour notre chaîne de magasins.

BUSINESSMAG.Au premier trimestre de l’exercice financier 2016-17, le groupe Afflelou a brassé un chiffre d’affaires de 84,4 millions d’euros. Allez-vous maintenir le cap pour le reste de l’année financière ?

Touchons du bois. Les ventes progressent bien. Nous espérons maintenir la même tendance. Notre performance dépend aussi des événements politiques. L’élection présidentielle en France pourrait avoir un impact sur la consommation si l’extrême droite accédait au pouvoir.

BUSINESSMAG. Quelles sont les perspectives de croissance pour les lunettes à bas prix ?

Au niveau d’Alain Afflelou, nous avons créé l’enseigne Optical Discount qui vend des montures à prix cassés. Il y a une clientèle pour ce type de produits. Aujourd’hui, on dénombre 147 boutiques Optical Discount en France et à La Réunion. Si l’opportunité se présente, nous pourrons ouvrir cette enseigne à Maurice.