Type to search

En couverture

Mahen Serruttun : «Le secteur théierpeut redevenir un pilier de l’économie»

Share
Mahen Serruttun : «Le secteur théierpeut redevenir un pilier de l’économie» | business-magazine.mu

Il a fait de la relance du secteur théier l’une de ses priorités. Mahen Serruttun, ministre de l’Agro-Industrie, est confiant que cette industrie sera appelée à contribuer davantage à la richesse nationale.

BUSINESSMAG. Les autorités veulent remettre sur les rails le secteur théier. Quelle est la stratégie derrière cette initiative ?

C’est un secteur qui, autrefois, offrait de l’emploi à bon nombre de personnes. Mais il n’y a pas eu assez de décisions fermes pour que ce secteur reste productif et connaisse l’expansion qu’il mérite. Dès mon arrivée au ministère, j’ai décidé de donner une nouvelle impulsion au secteur agricole. Et la relance du marché du thé fait partie de ce projet. Cette initiative est basée sur le fait que le thé est une boisson naturelle consommée et appréciée par toute la population mauricienne. La consommation annuelle est estimée à 1,2 kg par tête d’habitant.

Le thé a des propriétés médicinales et celui de notre terroir a l’avantage de ne pas contenir de résidu de pesticides. Car on n’applique pas de pesticides dans les plantations commerciales. Il faut aussi savoir que les plantations de thé se situent sur les hauts plateaux où l’air n’est pas pollué. Ces plantations contribuent à préserver un environnement sain et maintenir un paysage agréable. L’industrie théière génère de l’emploi direct dans les champs, le transport, à l’usine et indirectement dans le commerce, les services financiers, la recherche, les auxiliaires, entre autres. L’initiative de relancer le marché du thé s’inscrit dans le droit fil du plan directeur du secteur de l’agro-industrie.

BUSINESSMAG. Comment se mettra en place le projet de relance ?

Le projet de relancer l’industrie de thé s’articulera autour de plusieurs axes. D’abord, il s’agira de faire de la formation à différents niveaux dans le but d’inculquer les principes de bonnes pratiques agricoles. Il faut également créer une pépinière qui produira des plantules pour le remplacement des plantes mortes dans les champs, afin d’optimiser le rendement à l’hectare et mettre en place de nouvelles plantations. Nous pouvons finalement produire d’autres types de thé.

BUSINESSMAG. Comment rentabiliser ce secteur ?

Le marché du thé est déjà rentable, mais il faut rendre cette rentabilité plus attrayante à tous les niveaux.  Ainsi, nous pensons revoir la superficie allouée aux petits planteurs afin de susciter l’intérêt de ceux voulant travailler à plein temps. Nous avons déjà demandé aux usiniers de nous faire parvenir leurs propositions sur la modernisation des usines, afin d’améliorer la qualité, de développer les produits à valeur ajoutée et de mécaniser certaines opérations.

BUSINESSMAG. L’industrie du thé peut-elle redevenir un secteur important de l’économie mauricienne ?

En effet, ce marché peut redevenir un des secteurs importants de notre économie car nous sommes autosuffisants et avons le potentiel d’augmenter la production du thé. L’excédent peut être exporté. L’industrie du thé fait vivre bon nombre de familles mauriciennes, ce qui fait qu’elle a aussi une vocation sociale. Le nombre des planteurs se chiffre actuellement à 1 340.Il faut aussi inclure le personnel des trois usines en opération.

Il faut également développer un système de traçabilité et de certification pour renforcer la confiance des consommateurs. Toutefois, ce projet s’inscrit sur le long terme.

BUSINESSMAG. L’industrie du thé peut-elle améliorer son niveau d’efficience avec les trois producteurs locaux actuels ?

Le projet est réalisable avec les trois producteurs locaux car ils ont le potentiel d’augmenter leur production. Cela dit, il y a un producteur étranger qui a formulé une demande pour une production bio principalement pour l’exportation. Il y a aussi la possibilité d’intéresser les PME à développer des produits dérivés du thé.

BUSINESSMAG. Jusqu’en 2012, le Tea Board avait un rôle de régulateur et supervisait la production et la performance du secteur. Depuis, il a été remplacé par le National Agricultural Pro-ducts Regulatory Office. Quel est le rôle de cet organisme?

Le National Agricultural Products Regulatory Office (NAPRO), qui est rattaché à mon ministère, a pris la relève après la fermeture du Tea Board. À présent, la division agit comme régulatrice, mais elle est aussi partie prenante dans l’élaboration du projet de relance. Le NAPRO sera responsable de la mise en œuvre du projet et, à l’avenir, du développement d’un système de traçabilité et de certification pour les produits dérivés du thé. Dans cet objectif, le personnel sera renforcé et aura à sa disposition les facilités adéquates.

BUSINESSMAG. Pensez-vous que Maurice peut concurrencer les plus grands producteurs de thé au monde comme la Chine et l’Inde ?

Notre objectif n’est pas de concurrencer les grands producteurs de thé. D’ailleurs, nous ne le pourrons pas car nous sommes limités en terres. Notre objectif est de cibler des marchés de niche. Par exemple, environ 30 tonnes de thé mauricien sont exportées vers la Chine par an. Là-bas, nous avons une clientèle soucieuse de sa santé. Notre atout c’est que notre thé ne contient pas de résidu de pesticides.

BUSINESSMAG. L’amélioration de la production de thé passera aussi par une augmentation de la superficie sous culture. Avez-vous une stratégie définie là-dessus ?

Nous pensons effectivement étendre la superficie sous culture de thé. Dans les années 90, environ 6 000 arpents de terre sous culture de thé ont été convertis en plantations de canne à sucre, mais avec les conditions agro-climatiques (terre acide, beaucoup de pluie) prévalant, le rendement de la canne est faible et beaucoup de planteurs ne s’occupent pas de leurs terres comme il le faut.  Ces terres se trouvent dans le ex-Tea Belt et une partie sera replantée. C’est en ces lieux que nous produirons un thé vraiment bio car même les engraisseront bio.

BUSINESSMAG. Quelles sont les lignes de production sur lesquelles nous devons nous engager pour donner de la valeur ajoutée à l’industrie du thé ?

À Maurice, nous fabriquons le thé noir selon le procédé CTC (Cut, Tear, Curl), mais il y a aussi celui dit «orthodoxe». Globalement, 45 % du thé noir est fabriqué selon les modes de production du CTC. Et 29 % selon la formule «orthodoxe». Le thé fabriqué en utilisant ce dernier procédé se vend plus cher. Nous avons également une usine qui fabrique le thé vert. Sur le marché, nous retrouvons aussi le Flavoured tea, l’Instant tea, le thé glacé et les capsules de thé. Ce sont autant de créneaux que les usiniers et les PME peuvent exploiter.

BUSINESSMAG. Quels sont les défis qu’on aura à relever pour relancer ce secteur ?

Les défis sont nombreux, mais je suis confiant. Comme je l’ai dit il nous faut intéresser les jeunes, car la plupart des planteurs sont âgés. Dans ce contexte, nous pensons revoir les parcelles qui sont allouées. Les planteurs qui veulent entreprendre la production à plein temps auront en plus d’un encadrement technique, une aide financière au niveau de leurs contributions au plan de retraite (National Pension Scheme).

La libéralisation du commerce est un autre défi. Les plans d’aide pour l’introduction des nouvelles technologies existent. Nous avons déjà engagé les discussions avec les usiniers sur la question. Les PME peuvent également être partie prenante de l’initiative, cela à travers le développement de produits à valeur ajoutée ou encore de nouveaux produits. Par exemple, il y a une compagnie qui produit déjà le Tea chutney.

Par ailleurs, le coût de la main-d’œuvre est plus élevé à Maurice. Nous allons étudierla question et proposer des moyens pour faire baisser les coûts de production, afin d’augmenter les revenus nets.

}]
Tags:

You Might also Like