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Mookhesswur Choonee: «Faire de Maurice la première île-cité artistique et culturelle au monde»

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Mookhesswur Choonee: «Faire de Maurice la première île-cité artistique et culturelle au monde» | business-magazine.mu

D’ici à 2025, Maurice peut développer une économie créative qui pourra contribuer de manière substantielle à la richesse du pays. Le ministre Choonee en est convaincu. Il balise les grandes lignes de ce secteur en gestation. 

BUSINESSMAG. L’ébauche du livre blanc sur la stratégie de votre ministère pour voir émerger les industries créatives a été circulée fin juillet. Quelle est la stratégie du gouvernement pour développer une industrie des arts et de la culture ?

A travers ces propositions, nous voulons jeter les bases d’une industrie des arts et de la culture qui sera appelée à devenir un pilier économique d’ici à 2025. Nous voulons ainsi faire de Maurice la première île-cité artistique et culturelle au monde ; une cité où il y aurait un foisonnement des artistes tant locaux qu’internationaux et des entrepreneurs culturels. Avec cette masse critique, nous allons développer un marché de référence que ce soit en termes de tableaux, de spectacles, de films, de livres et autres.

Ce secteur apporte déjà une contribution d’environ 10 % au PIB dans certains pays. Viser un objectif semblable dans 10 à 15 ans me semble réaliste. Ce concept d’île-cité culturelle n’existe pas ailleurs. Il faut s’assurer que nous soyons le premier à le faire.

BUSINESSMAG. Vous aviez annoncé lors de la dernière édition du Salon de Mai que 70 % des projets qui seront présentés dans le domaine de la culture seront novateurs…

Le rapport s’articule autour d’une série de leviers comme l’exception culturelle, la démocratisation, la formation, la recherche et le développement, la mise en place d’un nouveau cadre légal, le développement des synergies avec d’autres acteurs, notamment. Par exemple, nous proposons la création d’un observatoire au sein d’un Institut des Arts et de la Culture pour compiler et analyser les données afin de mieux comprendre leur apport économique. Cela permettra aussi de faire un travail plus professionnel de recherche et de développement pour mieux encadrer les artistes et entrepreneurs et chercher d’autres créneaux.

BUSINESSMAG. D’où avez-vous puisé ces projets ?

Pour avoir été ministre des Arts et de la Culture pendant plus de huit ans, j’ai quand même une grande expérience du domaine. J’ai eu l’occasion de faire un constat de la situation de l’art et de la culture dans une bonne vingtaine de pays. Durant mon passage en Inde en tant qu’ambassadeur, j’ai eu l’occasion de côtoyer des personnalités de plus de 144 pays, sans oublier le fait que je présidais plusieurs forums d’ambassadeurs sur des questions touchant, entre autres, à la culture. Tout cela m’a permis de voir toute la question d’un œil différent.

Nous avons écouté nos amis les artistes durant l’atelier de travail du 27 juillet et discuterons davantage avec eux à travers un forum permanent.

Comme je l’ai souligné auparavant, ce n’est qu’une ébauche du livre blanc final. Nous voulons avoir le point de vue de toutes les parties prenantes : les artistes, entrepreneurs, médias, la société civile, bref de toute la nation pour arriver à un consensus sur ce que nous voulons comme industries créatives à l’avenir.

BUSINESSMAG. Quels sont les autres ministères avec lesquels vous allez collaborer pour mener à bien ce projet ?

Comme je l’ai souligné plus tôt, un des leviers de notre action sera la recherche de synergies avec les divers acteurs, car la culture ne se développe pas dans un vide. En ce qui concerne le ministère du Tourisme et des Loisirs, nous avons en tête le projet d’une foire culturelle touristique annuelle. Avec les Affaires étrangères, nous allons travailler à la mise en place d’un Cultural Desk dans nos ambassades et plancher sur l’organisation d’une conférence internationale annuelle ou biannuelle sur les industries créatrices. Cela nous mettra déjà en avant comme un centre international dans le cadre de l’île-cité culturelle. Nous avons aussi des projets comme « Un produit – une région » avec le ministère de l’Agro-Industrie.

BUSINESSMAG. Dans le Budget 2013, le gouvernement avait notamment annoncé la majoration du taux du Film Rebate Scheme, la réduction du prix des tickets de cinéma et l’ouverture du Stade Anjalay aux manifestations artistiques et culturelles. Vos commentaires ?

En temps de récession, le secteur culturel et artistique est le premier à en subir les contrecoups. Cela est valable de par le monde. Malgré cela, le gouvernement a fait des efforts que ce soit avec l’abolition de l’Entertainment Tax pour donner un coup de fouet aux spectacles ou l’introduction du Rebate Scheme pour favoriser la production de films.

à travers le Rebate Scheme, nous ne nous contentons pas d’être une Shooting Destination. Nous voulons nous assurer que les Mauriciens sont parties prenantes à tous les niveaux de la chaîne de valeur, qu’ils soient acteurs ou techniciens. On ne peut pas se contenter de continuer à jouer les figurants.

BUSINESSMAG. Maurice est l’un des premiers signataires de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’Unesco publié en 2005. Depuis, quelles sont les mesures qui ont été prises pour promouvoir et protéger la diversité culturelle ?

Nous avons lancé plusieurs Speaking Unions pour promouvoir cette diversité et encourager l’interaction. Dans cette optique, nous avons traduit le Ramayana en créole. Il ne faut pas oublier que nous célébrons quatre fêtes au niveau national.

Dans tous nos programmes, nous mettons l’accent sur notre diversité. Par exemple, dans les deux derniers échanges où nos artistes ont fait le déplacement en Chine et en Inde, il n’y avait pas que des Chinois ou hindous. Des artistes de toutes les communautés étaient présents.

BUSINESSMAG. Deux experts de l’Unesco, Avril Joffe et Justin O’ Connor, ont dans leur rapport en septembre 2012 évoqué la mise en place des industries créatives à Maurice. Pourquoi n’a-t-on pas pris en compte les conclusions de ce rapport dans l’élaboration du livre blanc ? 

Le rapport n’a pas été circulé parce qu’il y a eu des divergences sur plusieurs points. Même l’Unesco a reconnu que les experts en question ont outrepassé leur mandat et que leur performance a été en deça des attentes. Pour y remédier, l’Unesco a mis un autre consultant à notre disposition. Le livre blanc était déjà écrit quand ils sont arrivés.

BUSINESSMAG. Dans les milieux artistiques, on vous critique pour votre manque de réactivité eu égard notamment aux turbulences à la MASA, au Copyright Bill et au manque de consultation sur les projets de votre ministère. Qu’en est-il ?

Le conseil d’administration de la MASA a pris les mesures nécessaires pour la mise en place de nouvelles structures ainsi que la mise à jour des répertoires et albums des artistes. Nous avons déjà effectué le paiement des royalties aux artistes en juin en nous basant sur une méthode scientifique. C’est la première fois depuis 2009 que nous allons faire les paiements nécessaires aux consœurs de la MASA à travers le monde. 

BUSINESSMAG. Quel bilan souhaiteriez-vous laisser ?

J’espère avoir jeté les bases d’un nouveau pilier économique qui va s’appuyer sur le concept de Maurice, île-cité culturelle.

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