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Pension : l’Acim prône la prudence

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Pension : l’Acim prône la prudence | business-magazine.mu

La réforme de notre système des pensions est une question sensible. C’est l’avis de Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (Acim).

Se basant sur le coefficient de Gini, Jayen Chellum soutient que notre société fonctionne à deux vitesses. D’une part, il y a ceux qui s’enrichissent et, de l’autre, ceux qui ne cessent de s’appauvrir. « Malgré les rattrapages partiels du gouvernement par le biais de la compensation salariale, le coût de la vie ne cesse de grimper principalement dû à l’inflation. Par exemple, une personne qui touche un salaire de plus de Rs 100 000 par mois possède déjà une pension assurée. Aujourd’hui, une réflexion s’impose sur ce fait : est-il encore possible de nos jours de maintenir l’approche actuelle par rapport aux pensions ? », se demande Jayen Chellum.

Une décision impopulaire

L’autre raison qui penche en faveur d’une réforme des pensions est le phénomène du vieillissement de la population. « Il est évident qu’avec une population vieillissante, l’État mauricien sera confronté dans les années à venir à un problème de gestion de ses ressources financières ».

Réformer le système est une décision impopulaire et qui n’est pas sans risque sur le plan politique, soutient Jayen Chellum qui fait remarquer que la réforme initiée par le gouvernement MMM-MSM en 2004 avait contribué à sa défaite électorale en 2005. « La réforme est un sujet sensible qu’il faut aborder de manière consensuelle au niveau national afin qu’elle soit une solution équitable et nécessaire pour toutes les parties concernées », explique-t-il.

La réforme des pensions n’est pas l’unique solution, souligne Jayen Chellum. Il existe d’autres alternatives moins coûteuses. Maurice doit s’orienter dans la direction du Human Happiness Index. Cet indice ne prend pas seulement en compte la question matérielle, mais aussi gravite autour des aspects sociaux tels que le mode de vie, la relation familiale et le mode de consommation. Pour Jayen Chellum, « la réflexion doit être aussi initiée dans cette direction. Cette réflexion doit impliquer la majeure partie de la population et non uniquement les ‘opinion leaders’, les experts ou encore les organisations multilatérales de financement à l’instar du FMI. »

Pourquoi la réforme de 2004 a capoté

En 2004, il avait été demandé aux 110 000 bénéficiaires de la pension de remplir un formulaire sur leurs revenus, intérêts, dividendes, loyer, etc. Cela a provoqué un stress énorme chez les retraités qui souvent n’étaient même pas au courant de la somme d’argent qu’ils perçoivent exactement ou alors chargent leurs enfants de gérer leur argent. « Si l’on veut réintroduire le ciblage, je pense que l’on doit simplifier les procédures », opine Bernard Yen. Il estime que le ciblage devrait établir des critères clairs. On devrait, par exemple, demander au retraité de cocher des cases au lieu d’avoir à remplir un formulaire compliqué et fournir des documents. Bernard Yen suggère de suivre le même système que l’Income Tax, à savoir qu’on laisse les retraités la responsabilité de déclarer leurs revenus.

De toute façon, le gouvernement a les moyens de vérifier ces informations si besoin. Selon la formule de 2004, chaque pensionnaire ayant des revenus de plus de Rs 23 000 par mois ne bénéficierait pas du BRP et ceux touchant moins de Rs 18 000 bénéficieraient d’une Full pension. Le reste obtiendrait seulement une partie de la pension.

Au final, sur 110 000 bénéficiaires, seulement 4 000 environ n’allaient pas toucher de pension. Certes, cela ne représentait pas une grande économie pour l’état (environ Rs 14 millions par mois et Rs 168 millions par an), mais sur le long terme il y aurait eu un impact positif considérable sur le budget, souligne le Managing Director d’Aon Hewitt.

Statu quo sur la retraite à 65 ans

Pousser l’âge de la retraite à 65 ans fait partie de la réforme visant à réduire le fardeau de la pension de vieillesse. En 2006, le gouvernement a annoncé qu’il augmenterait l’âge de la retraite à 65 ans entre 2008 et 2018. Toutefois, aucune décision n’a été prise à ce stade. Le NPF est payé à 65 ans, mais la pension de vieillesse est payée dès l’âge de 60 ans. « Augmenter l’âge de la retraite permettra aux gens d’être productifs plus longtemps. De nos jours, les gens vivent plus longtemps et mieux, cependant il y a certains secteurs où il est plus difficile d’augmenter l’âge de la retraite de par la nature du travail fait », explique Louis Rivalland.

Pensions privées : pas d’incitation fiscale

Les professionnels interrogés estiment que pour diminuer la pression sur la pension de vieillesse à long terme, il faut promouvoir le recours aux plans de pensions privés. Le problème c’est que les contributions à ces plans de pensions étaient défiscalisées avant 2006, mais ne sont désormais plus déductibles de la taxe, ce qui n’encourage pas les individus à avoir recours à des plans de pensions privés. Dans une majorité de pays développés, ces contributions sont déductibles des impôts.

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