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Pensions : la bombe à retardement

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Pensions : la bombe à retardement | business-magazine.mu

Avec le vieillissement de la population, la pension de vieillesse grèvera lourdement le budget national. Actuellement, elle représente 2 % du PIB, mais dans 40 ans, elle atteindra un taux de 6 %. Dans un tel contexte, la réforme semble être la seule issue.

Depuis une quinzaine d’années, la Banque mondiale et le Fonds monétaire International (FMI) tirent la sonnette d’alarme. Si on ne réforme pas notre système des pensions, dans 30 ans ou 40 ans, les charges seront trop lourdes pour l’état qui parviendra difficilement à payer une pension de vieillesse aux prochaines générations.

Il faut savoir que la pension repose sur deux piliers : la pension non contributive (appelée communément pension de vieillesse) et la pension contributive (National Pension Fund). Si le Fonds national de pension (NPF) ne pose pas vraiment de problème de viabilité dans le temps puisqu’il est financé par les employeurs et employés, en revanche, la pension de vieillesse est puisée directement du budget national. Comme la population est vieillissante et que la pension de vieillesse atteint des paliers inquiétants, elle n’est pas soutenable dans le temps pour l’économie nationale.

La Banque mondiale a produit deux rapports sur le système de pension ces dernières années. Récemment, l’envoyé du Fonds monétaire International, Martin Petri, a aussi remis sur le tapis la nécessité d’introduire le ciblage.

Certes, le système actuel d’aide sociale aux personnes âgées comporte des avantages : il leur permet d’échapper à la pauvreté et de survivre. « Avec Rs 3 500 par mois, au moins on peut avoir à manger. Cela représente quelque Rs 100 roupies par jour. Dans certains pays, ce palier est plus faible », constate Bernard Yen, Managing Director d’Aon Hewitt, firme qui conseille le National Pension Fund. Mais ce qui est bon pour l’individu est un véritable défi à gérer pour l’Etat-providence en termes de coûts, d’où la nécessité de la réforme.

BRP : 6 % du PIB en 2050

Les impératifs économiques rendent obligatoire la réforme de la pension de vieillesse. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le Basic Retirement Pension (BRP) représente 2 % du produit intérieur brut, soit environ Rs 6 milliards par an. Si rien n’est fait pour modifier le système, il devrait tripler dans 40 ans pour atteindre plus de 6 % du PIB. « Passer de 2 à 6 % du PIB, c’est beaucoup. Même 1 % du PIB cela représente beaucoup pour l’économie nationale », analyse Bernard Yen. Le paiement de la pension est une véritable bombe à retardement. Autant agir aujourd’hui pour amortir ce coût à l’avenir. Il faut aussi tenir compte du fait qu’actuellement, 10 % de la population a plus de 60 ans, mais en 2050, 26 % de la population sera âgée de plus de 60 ans.

« Ces retraités vont devoir être payés par la population active car la charge budgétaire sera plus lourde sur le gouvernement et les taxes devront obligatoirement augmenter », prévient Vanisha Pursun, Group Actuary chez Mauritius Union.

Actuellement, on ne sent pas encore vraiment les effets du poids de la pension, mais celle-ci va bien vite devenir une question urgente, expliquent ces deux observateurs. Plus on attend pour réformer, plus la réforme sera difficile. D’ailleurs, ces derniers temps, plusieurs pays en Europe ont été contraints de prendre des mesures draconiennes pour contenir le poids de l’Etat-providence dans leur budget national, fait ressortir Louis Rivalland, actuaire et Group CEO de Swan : « Ils ont dû neutraliser l’effet de la pension de vieillesse. Certains ont cessé d’augmenter le montant de la pension universelle qui pesait trop lourd dans leur budget. Il est vrai que la crise économique mondiale a contribué à cristalliser les passifs à long terme et les a rendus plus évidents. »

Ciblage: les implications

L’un des moyens de réduire le fardeau de la pension de vieillesse sur le budget national est le ciblage (Means Test). Tout le succès de cette formule est dans l’application, expliquent nos interlocuteurs. Il faut bien réfléchir et tenir compte de ce que la population peut subir et ne pas subir. Bernard Yen se réfère ainsi à la tentative de 2004. « C’était une très bonne initiative. On a essayé d’introduire le ciblage de la pension de vieillesse. Mais dans la manière de l’appliquer cela a été une catastrophe, que ce soit au niveau de la communication que de la mise en œuvre. Le ciblage est un projet valable, il permettrait de réduire le nombre de bénéficiaires. Il faut se servir de l’expérience de 2004 pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. »

Vanisha Pursun est du même avis. Selon elle, la réforme de la pension de vieillesse est complexe, « mais si nous voulons d’un système de pension soutenable, cela doit se faire. à la base, le ciblage est un principe équitable. Tôt ou tard, nous serons obligés d’y avoir recours. Sinon au fil des ans, le gouvernement se verra contraint d’augmenter constamment la charge fiscale pour pouvoir payer la pension de vieillesse ».

Les propos de Louis Rivalland sont plus nuancés : « Si rien n’est fait, la pension engloutira une large partie du budget dans les années à venir et cela va forcer une remise en question plus drastique dans le temps. »

Il précise cependant ne pas être un grand adepte du ciblage, à moins qu’il ne soit bien fait. Et de conclure : « Il faut bien réfléchir si on veut introduire le ciblage. Si ce système est introduit, il doit être pratique, efficace et juste, mais nous avons aussi d’autres options, nous pouvons augmenter l’âge de la retraite, augmenter moins souvent le montant de la pension de vieillesse, inciter les individus à contribuer à des plans de pension privés et aussi encourager l’épargne. Un panachage de tout cela permettrait de diminuer le poids de la pension dans le budget national sur le long terme. »

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