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Permaculture: L’agriculture de demain

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À travers le monde, des pays comme l’Angleterre et l’Australie se sont lancés avec succès dans une exploitation à grande échelle de la permaculture : un mode de production agricole saine et durable. À Maurice, hormis quelques projets permacoles isolés, ce secteur d’avenir reste encore largement inexploité.

La sécurité alimentaire et le changement climatique sont les grands enjeux de ce siècle. Sans le développement de systèmes agricoles pérennes, résistant au changement climatique, tout en respectant la santé de la planète et des humains, l’on ne pourra gagner cette bataille. La permaculture développée il y a une quarantaine d’années et qui prend de l’ampleur notamment en Angleterre et en Australie répond aux objectifs d’une production agricole sainedans un contexte de développement durable. Elle s’oppose diamétralement aux méthodes de culture qui dépendent des produits chimiques et nuisent à l’écosystème et à la santé, entraînant des coûts économiques exorbitants.

« Avec la production agricole conventionnelle, la planète crée en parallèle une industrie de maladies, dont les coûts commencent à s’alourdir en termes d’engrais et de pesticides en tout genre. Ce qui a généré de multiples problèmes pour la santé de l’homme et le bien-être de la planète », observe l’hommed’affaires Deva Armoogum, ex-Chairman du Mauritius Institute of Directors et ancien associé  de KPMG. Il croit dur comme fer dans le potentiel de la permaculture qu’il souhaite voir se développer à Maurice. Selon lui, le gouvernement devrait encourager ce mode de production agricole et accorder des incitations aux agriculteurs qui veulent se lancer dans ce créneau.

La permaculture n’arien à voir avec les produits chimiques. Elle représente plutôt un système de culture privilégiant la protection de l’environnement, le bien-être des humains et l’éthique. Le système de culture est régénératif, c’est-à-dire qu’il permet au sol de se régénérer préalablement, afin de donner plus de nutriments naturels aux plantes, et ainsi supprimer le recours aux engrais et autres pesticides. Il s’agit d’un système de plantation sur divers niveaux visant à recréer l’écosystème naturel.« On recrée un écosystème où tout est contrôlé naturellement, sans produits chimiques. Une fois le site créé, il n’y a que très peu d’effort à faire pour récolter fruits et légumes dans les temps. Il y a ainsi une cohabitation de plantes sur un même site et non de la monoculture comme pratiqué traditionnellement. Le mélange de végétations diverses permet ainsi à chaque plante de contrôler la maladie de l’autre », explique Deva Armoogum.

Sept niveaux de plantation

Les sites dédiés à ce type de culture comprennent des zones séparées d’arbres, de plantes et d’élevage, le tout dans un système intégré et fonctionnant de manière autonome, c’est-à-dire sans apport de produits chimiques. Il y a environ sept niveaux de plantation sur un site de permaculture visant à recréer un système semblable à une forêt :Canopy (les grands arbres fruitiers), Low tree layer (arbres fruitiers nains), Shrub layer (cassis et baies), Herbaceous (coussode, betterave, herbes), Rhizosphere (légumes-racines), Soil surface(plantes couvre-sol, fraise, etc.) et Vertical layer (plantes grimpantes, vigne...).

Le système mis en place recrée l’harmonie avec la nature et favorise le captage et la distribution de l’eau de pluie, de sorte qu’on n’a plus besoin d’avoir recours à l’irrigation, cela grâce aux arbres et buissons de toutes tailles. Ce système doit être mis en place avec l’aide de spécialistes qui recréent un design esthétique et harmonieux entre les différentes plantes.

Outre l’absence de produits chimiques, le concept intégré de permaculture comprend des facettes comme la fabrication de son propre compost à partir de déchets naturels et l’économied’énergie. « Dans la permaculture, légumes et plantes ont chacun sa fonction, l’un peut attirer les insectes bénéfiques, l’autre repousser les insectes nuisibles. Chaque plante a une fonction bien définie et la survie de chaque élément dépend du groupe », souligne Eric Mangar, responsable du Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire, qui ajoute que : « la permaculture, c’est l’agriculture de demain, l’agriculture durable, celle qui respecte la planète et les populations. »

Le projet Dreamland Farm développé sur 10 hectares à l’Espérance

C’est sur un terrain de dix hectares à l’Espérance que l’homme d’affaires Deva Armoogum compte développer la Dreamland Farm. Il a invité deux spécialistes étrangers de la permaculture pour le conseiller sur son projet. Il compte planter divers arbres fruitiers, légumes, herbes et plantes médicinales et ornementales.

« Même à Maurice l’on note uninversement de la tendance dans l’agriculture. Dans la canne, les planteurs abandonnent leurs champs car leurs activités ne sont plus rentables. La permaculture pourrait être une solution pour ces champs de canne à l’abandon être présenter une source d’activités et de revenus pour ces petits planteurs. Cependant, il faut donner du temps à la terre pour se régénérer avant de démarrer ce type de projet. En recréant des espaces verts dans certaines régions, on leur donne un nouveau souffle », explique Deva Armoogum.

À la recherche d’éventuels partenaires pour développer son projet Dreamland Farm, Deva Armoogum souligne que « c’est un investissement à long terme qui ne va pas nécessairement intéresser les investisseurs classiques. » Pour Deva Armoogum, des activités connexes pourraient se développer autour de sa ferme avec l’émergence de microentreprises fabriquant de la confiture, du jus, du yaourt, entre autres, sans oublier des activités d’apprentissage, des « wellness retreats » où l’on proposerait des repas préparés à partir des produits de la ferme. Il se dit confiant que son projet a le potentiel d’atteindre son autonomie financière après une période de trois à cinq ans. « Une fois créé, le projet reste permanent et n’a besoin que de très peu de main-d’œuvre et d’entretien. Il y a plusieurs projets de type Dreamland Farm qui existent dans le monde et connaissent le succès. Leurs résultats sont satisfaisants en termes de production alimentaire, de création de richesse et de développement communautaire », souligne le promoteur qui ajoute que la permaculture pourrait cadrer dans le projet Maurice Ile Durable, d’autant plus qu’il y a un marché qui se crée pour les produits organiques. Ce qui l’amène à dire que la demande se développera progressivement pour ce genre de produits.

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