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La permaculture, une industrie embryonnaire… mais à fort potentiel

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Il partage la vision d’une île Maurice où chaque citoyen cultiverait son jardin. Le permaculturiste Denis Madeleine est convaincu qu’une production agricole saine et bien planifiée est la voie à suivre pour le pays.

Si la permaculture reste méconnue à Maurice, il y a un Mauricien qui, motivé par sa passion pour ce mode de production agricole, s’attelle à en faire la promotion depuis deux ans. Il s’agit de Denis Madeleine, qui a longtemps vécu en Australie, et propose désormais des sessions de formation à la permaculture à Maurice. Selon lui, il y a un « potentiel de développement extraordinaire pour la permaculture à Maurice », mais il faut d’abord faire comprendre le concept aux Mauriciens.

Denis Madeleine est détenteur d’une accréditation du Permaculture College of Australia, d’un certificat en horticulture et d’autres qualifications en « permaculture design ». Il a suivi de multiples formations en Australie sur ce sujet. La permaculture (qui est une contraction des mots ‘permanent’ et ‘culture’) consiste à créer des solutions pour une vie durable en intégrant l’écologie au design, explique-t-il.

Denis Madeleine conçoit et aménage également des potagersorganiques chez les particuliers et dans les écoles. Sa vision du concept Maurice île Durable est celle d’une île propre et verte où chaque Mauricien cultiverait son propre potager. Dans le même temps, on tendrait un peu plus vers l’autosuffisance alimentaire, ce qui contribuerait à diminuer les importations et rééquilibrer la balance commerciale.

Le permaculturiste souhaite vulgariser le concept à Maurice, mais les choses avancent lentement, même si la mentalité évolue positivement. Çà et là, des particuliers développent des jardins organiques dans leur cour et quelques entreprises et orga-nismes se lancent également dans la culture organique sur leurs sites d’opération.

Appel à l’industrie sucrière

« Le potentiel de développement est élevé à Maurice, mais il faut d’abord faire comprendre le concept aux Mauriciens. La permaculture, ce n’est pas seulement le jardinage organique, cela va bien au-delà. Les Mauriciens s’y intéressent de plus en plus, surtout ceux qui ont des terrains et qui veulent tenter l’expérience», observe Denis Madeleine.

L’agriculture conventionnelle est aujourd’hui dépassée, soutient Denis Madeleine. Elle a tué la terre avec des produits chimiques dangereux, qui servaient autrefois à fabriquer des canons et des bombes. « Après la Seconde Guerre mondiale, ces produits étaient restés inutilisés et les gens ont commencé à s’en servir dans les cultures. L’azote, par exemple, servait à fabriquer des bombes. L’agriculture s’est développée avec des engrais synthétiques, des pesticides, fongicides, insecticides et herbicides. Aujourd’hui, ces produits ont détruit les terres et il faut donc une nouvelle agriculture pour rendre le sol plus fertile et les cultures durables dans le temps, sans pour autant avoir d’impact négatif sur la santé des populations », raconte-t-il.

Denis Madeleine est d’avis que les compagnies sucrières qui disposent de terres pourraient être intéressées à déve-lopper des projets permacoles sur des terrains de 3 à 5 arpents. Par exemple, « on pourrait y planter des arbres fruitiers, des légumes, y élever des poules et des canards pour faire travailler la terre, et plus tard dans le moyen à long terme, transformer le site en ferme, pour en faire un lieu de visite et un espace éducatif sur la permaculture », argue-t-il.  Mais avec ce type de projet, il ne faut pas espérer des profits dans le court terme, mais viser le long terme, insiste-il :« Avec la permaculture, il faut savoir être patient. Il faut aussi rester fidèle aux principes de ne jamais introduire de produits chimiques sur le site.C’est un autre concept, une autre manière d’investir. »

Outre le potentiel dans les maisons des particuliers et sur les sites des compagnies sucrières, Denis Madeleine attire l’attention sur le potentiel de développement des sites de permaculture sur les terres abandonnées se trouvant dans les villes, ou à la périphérie des villes. On pourrait lancer ce type de projet avec l’aide de municipalités dans chaque ville sur des terrains d’au moins un arpent, souligne-t-il, en ajoutant que « ces sites pourraient fonctionner comme des jardins communautaires et, en même temps, servir à éduquer les adultes et les enfants sur l’agriculture durable. Les municipalités pourraient jouer un rôle de facilitateur pour déve-lopper ce type de projet. »

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