Tourisme : au creux d’un cercle vicieux

Incertitude, prudence et gestion rigoureuse. Tels seront les maîtres-mots pour les opérateurs du tourisme en 2013. L’année devrait aussi voir traduire les efforts vers davantage de diversification des marchés et une ouverture attendue sur le plan de l’accès aérien.

Malgré le manque de visibilité dans le secteur touristique, Statistics Mauritius prévoit quand même une croissance de 3,5 % pour cette année avec le franchissement de la barre de 1 million de touristes. Tant que la zone euro sera en récession, l’industrie touristique – qui en dépend grandement – continuera de broyer du noir. Et les analystes prévoient que la croissance dans la zone ne devrait se redresser que lentement cette année et dans les premiers mois de 2014.

Il va sans dire que les mesures d’assainissement budgétaire freineront l’activité économique, alors que le chômage continue de persister. Cette morosité ambiante affecte indéniablement la consommation des ménages européens et les dépenses liées aux loisirs et aux voyages. En France – notre principal marché touristique –, l’année 2013 pourrait être « au moins aussi difficile » que 2012 sur le plan de la baisse du pouvoir d’achat, estime l’association de défense des consommateurs CLCV. Celle-ci rappelle qu’à partir du 1^er janvier, les prix du gaz et de l’électricité augmenteront de respectivement 2,4 % et 2,5 % et que les tarifs du fioul ont doublé depuis 2008. Olli Rehn, commissaire européen chargé des affaires économiques et monétaires, prévient que : « les perspectives de croissance de l’Europe devraient s’améliorer progressivement à partir du début de l’année. Des décisions politiques importantes ont jeté les bases permettant d’accroître la confiance. Les tensions se sont apaisées sur le marché, mais il est trop tôt pour s’en réjouir. L’Europe doit continuer à combiner des politiques budgétaires saines et des réformes structurelles afin de créer les conditions qui permettront une croissance durable, capable de réduire le chômage par rapport aux niveaux élevés actuels, qui sont inacceptables.»

Endettement de Rs 30 Md

Ces problèmes dans les marchés sources doivent malheureusement se conjuguer aux problèmes locaux. L’industrie a besoin d’une meilleure orientation. Pour l’économiste Georges Chung, il faut une stratégie pour essayer de résister. Il souligne que les trois principaux groups hôteliers mauriciens sont fragilisés avec un endettement cumulatif de Rs 30 milliards, soit près du double de leur chiffre d’affaires. Une situation qui est insoutenable, selon l’économiste. Cependant, les autorités n’ont pas encore trouvé de solution au déséquilibre structurel entre l’offre et la demande, qui est une des causes majeures de la situation morose sur le plan local. Ainsi, comme rappelle Herbert Couacaud, Chief Executive Officerde New Mauritius Hotels, « il n’y a pas eu de progression dans les arrivées touristiques en 2012, mais le parc hôtelier a continué de grossir, augmentant ainsi le déséquilibre entre l’offre et la demande, avec pour conséquence une augmentation inquiétante du prix des places d’avion et une braderie importante du prix d’hôtel. »

Un cercle vicieux s’est créé, entachant ainsi l’image de la destination. Le CEO de NMH prévoit des conditions d’opération difficiles cette année. Pour lui, l’élément essentiel qui pourrait apporter une grande aide à l’industrie dans la conjoncture sera une augmentation « substantielle » de la capacité aérienne.

Or, Air Mauritius a dû supprimer plusieurs vols en 2012 à cause de ses difficultés financières. Cette année, la compagnie nationale annonce la signature d’un partenariat stratégique. Elle a déjà entamé des discussions avec des partenaires éventuels, notamment Air France KLM. Dans les prochaines semaines, la direction du Paille-en-Queue devrait rencontrer les officiels de British Airways, d’Emirates et d’Etihad. Le choix final devrait se faire en mars. Grâce à ce partenariat, Air Mauritius devrait connaître un nouveau souffle, avec des avions plus sophistiqués, un renforcement de son réseau et un apport de savoir-faire indéniable, notamment en termes de marketing.